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2012/10/31

Courage et Honneur


 Le 30 Octobre 2012, Franck Biancheri est décédé. Son oeuvre est plus que jamais vivante.

Vous ne pouvez comprendre l'Europe d'aujourd'hui et le monde de demain si vous ignorez ce qu'il a apporté.
Nous tous lui devons beaucoup.
Plus que sa mémoire et sa lucidité, cet homme politique d'action et de courage, pétri de démocratie, nous a légué des idées et concepts qui ont marqué et marqueront notre Histoire. Il est un repère de notre conscience sociale.

2012/09/07

Conséquences sur Internet de la fragmentation géopolitique mondiale

 Le nouveau terrain géostratégique représenté par le cyberespace est de plus en plus souvent débattu. Nous avons déjà évoqué le sujet (voir par exemple le MAP numéro 2), au travers de la cyber guerre. Mais ces analyses ignorent les possibles conséquences à terme de la dislocation géopolitique mondiale sur le réseau des réseaux, alors que c'est un point que j'étais le premier à souligner dès octobre 2008.

Voici une brève de LMI que je reprends pour mettre en lumière la dimension de la nouvelle tendance à la fragmentation d'Internet

"Les États-Unis ont clairement indiqué aux Nations Unies, et à son agence UIT, qu'ils n'avaient pas l'intention d'abandonner le contrôle de l'Internet.[...] la Russie a l'intention de demander à ce que l'UIT soit chargée de l'attribution des adresses IP et de « la détermination des conditions requises ». La proposition russe devrait être soutenue par plusieurs autres pays, dont la Chine."
Cette brève fait suite à la récente fuite du texte de la délégation U.S. pour la conférence WCIT en décembre prochain.
On est incité à croire que le Réseau a aboli les frontières... pour toujours. C'est faux. Il les a momentanément affaiblies, au mieux. Dans cette dynamique de long terme, un nouvel essor des frontières au sein du Réseau nous semble inévitablement lié à la perte continue d'influence des U.S. et à la montée des enjeux du contrôle souverain de chaque bloc régional.

Mise à jour 9/09/12 : 
lire l'article de CNET.com publié en mai dernier.

Mise à jour 5/12/12 :
Article de Computer Weekly, publié ce jour.

Mise à jour 12/12/12 :
Article de LMI, publié hier.

Mise à jour 17/9/13 : Anticipation définitivement confirmée.
  • The BRICS “Independent Internet” Cable. In Defiance of the “US-Centric Internet”: Article de GlobalResearch, publié aujourd'hui.
  • Brazil plans to go offline from US-centric internet : TheHindu.com
  • Brazil Looks To Break From US-centric Internet : ExcitingRio.com
Mise à jour 7/10/13 :
  • BRICS cable eyes 2015 completion, BRICScable.com, 03/2013
  • BRICS Submarine Cable Planned to Connect South Africa with Brazil, India, China, US and Russia : IHS.com, 04/2012
  • Ce cable ne doit pas être confondu avec le cable South Atlantic Express (SAex) annoncé auparavant (Brics nations back R 3bn Brazil-SA mega cable, techcentral.co.za, 04/2011)

2011/12/06

De l’utopie réaliste à l’anticipation politique

Il y a presque 2 ans, le blog de Paul Jorion lançait comme initiative collective "l’inventaire de demain". Et il y a quelques jours, François Leclerc faisait le bilan de cette « projection dans l’avenir » :
« De notre production collective, il n’est pas encore ressorti cette esquisse de la société de demain que l’on espérait en voir surgir… Nous sommes pourtant en retard sur l’événement. La crise elle-même a déjà produit des réactions qui auraient mérité de figurer dans un inventaire qui n’est pas, il s’en faut, terminé »

Et en forme de volonté de rebondir, le blog de Paul Jorion lançait alors un deuxième Appel à Contributions sur « l’Utopie Réaliste : un partage des visions du socle des grands principes d’une nouvelle société , en rupture avec celle qui est aujourd’hui entrée dans une crise de longue durée et ne s’en remet pas. En s’attachant à dégager ses valeurs, ses mécanismes, les comportements sur lesquels elle reposerait. »

Nous pouvons donc légitimement faire les observations suivantes :
  • Primo, malgré le nombre très impressionnant de visites sur le site en question, la production d’idées en 2 ans a été faible. Le ratio est grosso modo de 1 contribution pour 18000 visites. Ce n’est pas surprenant puisque ça correspond à l’ordre de grandeur connu pour les processus collaboratifs sur internet (User Generated Content), mais c’est bien de le remarquer à nouveau sur un sujet directement en relation avec la crise.
  • Secundo, les contributions reçues n’ont pas réussi à se projeter dans l’avenir, ce qui était pourtant bien le but escompté de l’initiative. La mention de l’adjectif réaliste qualifie bien cette exigence initiale de l’utopie.
  • Tertio, la prise de conscience des animateurs du blog de Paul Jorion du déplacement nécessaire de la réflexion économique vers la sphère politique : alors que la première mouture s’attachait simplement à collecter des recettes locales de mode de production ou de distribution, des modèles alternatifs économiques ou monétaires, la deuxième initiative se veut comme un brouillon sinon d’une nouvelle constitution, du moins de principes faisant société, ce qui est bien la définition première du politique. On notera aussi les initiatives récentes des animateurs du site de se diversifier ou de se ressourcer en se rapprochant de courants sociologiques, Stiegler et Ars Industrialis en particulier. En effet l’économie n’est rien d'autre que l’expression de la loi des hommes. Quand celle-ci connait une révolution, l’obsolescence arrive à grand pas, et le temps n’est pas loin où les économistes néo classiques seront regardés comme nous considérons aujourd’hui les astrologues du moyen-âge ou les médecins pédants moqués par Molière. C’est une tendance générale attendue dont nous saluons ici une première manifestation concrète.
  • Quarto, on remarque l’absence de moyens concrets proposés, de démarche intellectuelle, pour pouvoir ancrer les contributions à la projection dans le futur dans le réel. Cette démarche existe pourtant depuis quelques années, c’est celle de l’anticipation politique tout simplement. A la différence de l’Utopie qui débat sans contraintes, et donc sans application concrète et rapide, l’anticipation politique permet de focaliser la réflexion sur les tendances lourdes qui vont apparaître, et qui ne sont encore aujourd’hui que des signaux faibles. L’ancrage dans le réel est dès lors immédiat, et de cette démarche réaliste, on peut en tirer une capacité prédictive très efficace, en particulier dans les périodes de rupture. C’est bien ce qui est mis en œuvre par les membres du think-tank L.E.A.P depuis 2003, avec un taux de succès de prédiction supérieur à tout autre groupe.
En conclusion, notre propre contribution à l’initiative collaborative sus-citée se situe donc sur 2 axes :
D’une part un conseil fondamental : pour réussir son volet réaliste, cette initiative devra utiliser la démarche d’anticipation politique ;
D’autre part une mise en application de cette démarche sur les valeurs, mécanismes, et comportements sur lesquels reposerait la société future : voir par exemple mes articles déjà parus

Enfin, insistons sur un volet déjà signalé par un participant : celui de l’effort indispensable de plus grande démocratisation de notre vie politique nationale et européenne, et de réapprentissage de l’engagement politique du citoyen, sans lesquels toute proposition d’amélioration de la société bénéficiant au plus grand nombre sera rapidement remise en question.
Cette démocratisation et cet apprentissage politique devrait commencer, non pas par une proposition de constitution d’une société révée comme idéale par quelques-uns, mais dans le prolongement des valeurs expliquées dans les articles ci-dessus, par un Manifeste pour une Politique Agile qui serait constitué à l’image du Manifeste pour le développement Agile de logiciels :
  • 1 texte sous licence libre permettant des traductions, 1 pétition en ligne
  • 4 valeurs fondamentales, et 12 principes courts et immédiatement compréhensibles, qui explique les devoirs et l’éthique d’un représentant politique en commençant par la transparence, ainsi que les principes de la démarche d’élaboration des nouvelles politiques de manière profondément ouverte et collaborative, notamment en privilégiant la prise en compte du long terme et des futures générations.
En cette années d'élections majeures à travers toute l'Europe, ce Manifeste, après avoir reçu la signature d'un million de citoyens à travers l'Europe, inciterait immédiatement tous les leaders politiques à se positionner publiquement sur le Manifeste pour suivre ses recommendations ou pas. Il rentrerait donc de facto en usage, signifiant le succès de la première action d'une démocratique réelle.

L'année électorale qui vient offre une occasion unique aux citoyens de l'Europe d'inciter efficacement les leaders politiques à prendre les bonnes décisions, en cohérence avec leurs aspirations à une meilleure société et surtout pour pouvoir résister collectivement aux dangers majeurs  qui nous assaillent : guerre monétaire par les banquiers de Wall Street et leurs alliés de la City, montée en force des courants anti-démocratiques et autoritaires en Europe. 

[Pour la suite de cette idée, voir le site agile-democratie.net. Le manifeste a été mis en ligne le 10/12/2011]

2011/06/27

Les jeunes Européens : une génération en quête d’un destin collectif entre héroïsme et accablement [Partie 1]

 Les jeunes Européens supportent en première ligne des conséquences de la crise systématique globale.[1] Suivant l’exemple du Printemps Arabe, ils manifestent spontanément en masse avec des revendications similaires, au moment où l’avenir promis leur apparaît insupportable.[2] L’analyse des forces de changement au sein de cette génération particulière nous conduit à les placer comme pivot dans l’anticipation d’ici 2030 des profondes évolutions sociales à l'échelle européenne[3]. Si cette mutation est certaine, la dérive extrémiste reste possible à la place de la refondation sociale. C’est un destin collectif que cette génération va se forger, et dont une des clés réside dans la rapidité du partage du pouvoir avec la génération des baby-boomers.

La première partie de notre sujet, objet de cet article, s’intéresse à l'approche historique focalisée sur la notion de garantie des droits. Nous proposerons en complément la semaine prochaine une conception générationnelle de l'anticipation sociale.

L’anticipation est un investissement d’avenir

Hier confié par désintérêt ou négligence aux lobbies et pouvoirs transnationaux, puis ces trois dernières années aux économistes en mal de nouvelle crédibilité, les peuples reprennent directement en mains leur avenir. Ils sont maintenant convaincus que c’est d’eux seuls que peut venir une refondation d’un système qui est chaque jour moins soutenable. C’est bien la leçon sociale historique apportée par les révolutions de jasmin.

Le constat s’impose : la fin du statu quo impliquée par la crise systémique globale nous pousse à investiguer collectivement notre avenir et les initiatives se multiplient, signe d’un immense besoin. Parmi les méthodes d’investigation, l’anticipation politique est certainement celle qui connaît le plus de résultats probants dans le contexte actuel[4]. C’est également le prisme sous-jacent utilisé dans la construction du récent et remarquable ouvrage " 2033 Atlas des futurs du monde "[5], mais qui n'aborde pas le volet social. Nous constatons la grande difficulté de son traitement, alors qu’il est bien le point focal de tous nos efforts pour appréhender notre avenir[6]. Cette difficulté conduit le plus souvent à un traitement sous forme de fiction romanesque, ce qui diminue son impact sur les décisions[7].

Le champ social regroupe d’une part les rapports encadrés par le Droit ou l’usage ; et d’autre part par les rapports informels, regroupés sous les termes de mœurs, de culture, de conventions. Notre approche sur le premier volet est historique, et générationnelle sur le second[8].

Le cadre historique du Droit pour l’anticipation sociale

L’histoire de la construction des droits depuis 333 ans fonde le cadre commun européen et son désir d’universalisme depuis l’époque de la colonisation[9]. On peut souligner de cette histoire plusieurs grands traits :
  • La construction du droit international de l’individu sur la base du modèle social européen ; or la notion du rapport de l’individu avec la société n’est pas une constante universelle. La culture sociale dans certains pays asiatiques depuis des siècles ou des millénaires obéit à d’autres principes fondateurs. Ceci rend très complexe et très lente l’assimilation réelle des Droits de l’Homme dans ces sociétés.
  • La construction du droit des peuples à la suite des droits de l’individu, ne doit pas nécessairement laisser penser qu’ils présenteraient donc en eux la même faille originelle que mentionnée ci-dessus.
  • L’Etat-providence assure la garantie des droits au travers des services publics ; A partir de 1945 il est très concrètement mis en action dans le célèbre programme socio-économique du Conseil National de la Résistance[10] rédigé en 1944 par des représentants d’une jeune génération[11], au moment même où la France vivait les heures les plus sombres de son histoire. C’est bien son établissement et la démolition progressive des réalisations de ce programme[12] qui sont au cœur de l’actualité sociale et politique en Europe jusqu’à aujourd’hui, et en particulier en France.[13]
  • Ces droits sont majoritairement portés au niveau des institutions internationales. Or " la garantie des droits interroge la nature et la légitimité des pouvoirs " [14].


Garantir les droits

La dislocation géopolitique mondiale qui est en cours affaiblit les instances onusiennes. Elles sont le plus souvent impuissantes à garantir les droits, au bénéfice de la loi du plus fort et des justices à deux vitesses. L’inégalité de l’accès au droit s’aggrave.

L’Etat-providence est la forme politique qui a concentré au maximum la garantie du droit, dans ses représentants et ses quelques hauts technocrates. Ce point de faiblesse (« single point of failure ») a donc logiquement subi les assauts du récent néolibéralisme. Il s’agit toujours de la même logique déjà présente dès 1977 quand les états pétroliers ont été retournés par les grandes puissances contre les pays en développement[15]. Ici ce sont les dirigeants politiques puis les PDG des sociétés transnationales qui sont retournés contre les citoyens les plus démunis, en échange de financement de campagne ou de généreux bonus. Les frontières toujours plus floues entre vie politique et grands acteurs économiques ont rapidement affaibli la garantie des droits, ainsi que l’égalité de l’accès à ces droits en particulier par l’érosion des services publics. En utilisant contre lui l’arme monétaire et les crises de la dette, l’Etat-providence est d’autant plus démuni qu’il est bientôt possible de le court-circuiter d’un bloc en lui imposant des mesures de dérégulation, telles les mesures du « consensus de Washington » dictées par le FMI, notamment pour la libre circulation des capitaux et l’ouverture des services publics à la concurrence, qui exacerbe la compétition internationale des acteurs privés toujours plus grands, toujours plus influents. Voilà la fracture sociale qui s’agrandit, accompagnant les dérives des démocraties vers l'oligarchie. Voilà les forces néolibérales du secteur privé, en accroissement géométrique, qui instaure sa propre logique transnationale au détriment de forces étatiques (régulation et politique sociale) cantonnées à l’intérieur de leurs frontières.

Auparavant, Marx au XIXe siècle avait proposé l’approche matérialiste de la garantie des droits par la lutte des classes dans l’Etat-nation. La dérive dictatoriale du modèle communiste et sa chute au XXe siècle semble avoir condamné l’approche.

En attendant la suite…

Dans ces conditions, comment envisager différemment de garantir les droits ? Quelles conséquences sur le champ social ? C’est précisément sur ce sujet que j’interviendrai lors de l’une des tables rondes du Congrès citoyen "Six réformes clés pour une gouvernance démocratique de l'Euroland" les 2 et 3 juillet prochain à Paris. Vous en retrouverez une synthèse dans la deuxième partie de l’article qui sera publiée les jours suivants.


[1] " Le taux de chômage des jeunes a augmenté de 6 points dans les pays de l'OCDE (2,5 fois plus que l'ensemble des actifs), effaçant l'amélioration des dix années précédentes " (Centre d’Analyse Stratégique, 05/2011). Voir aussi la Carte interactive.
[2] "Il y a un désir mimétique du printemps arabe chez les jeunes européens" (Libération, 05/2011) ; "A Madrid, les jeunes réinventent les principes libertaires" (Rue89.com, 05/2011). La "Jeunesse sans futur" scande "Sans maison, sans boulot, sans retraite, sans peur !"
[3] Cet article ne s’attache pas à détailler davantage le contexte géopolitique, géoéconomique, géostratégique et écologique d’ici 2030. Il ne considère que le périmètre européen vu sous l’angle social, par un regard d’européen en 2011.
[4] Nos précédents travaux ont appliqué cette méthode à l’économie écologique : Magazine d’Anticipation Politique n1, Automne 2010 ; MAP n2, Hiver 2011
[5] " 2033 Atlas des futurs du monde " Virginie Raison, 11/2010, Ed. Robert Laffont.
[6] Concernant la France, voir "Danse sur un volcan" Jérome Defaix (Magazine d’Anticipation Politique n1, Automne 2010).
[7] Dans le cas des USA, voir par exemple " 2030: The Real Story of What Happens to America " Albert Brooks 2011, St. Martin’s Press.
[8] Pour les USA voir "The emergence of Millennials as a political generation" Neil Howe, Reena Nadler, 02/2009.
[9] Droit à l’autonomie personnelle (Habeas Corpus 1679/Angleterre, Bill of Rights 1689/Angleterre) ; déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789-1792/France) ; abolition définitive de l’esclavage (1848/France) ; droit international des conflits armés (depuis 1856) ; conventions de l’organisation internationale du Travail (depuis 1930) ; déclaration universelle des droits de l’homme (1948/UN) ; convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (1950/UE) ; droit international de la mer (depuis 1958) ; déclaration de Singapour (1971/Commonwealth) qui termine la décolonisation pour les pays Européens ; déclaration universelle des droits des peuples (1976); pacte international des droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC 1976/UN) ; pacte international des droits civils et politiques (1976/UN); charte internationale du sport (1978/UN) ; déclaration sur le droit au développement (1986/UN) ; convention sur la lutte contre la corruption (1997/OCDE) ; dispositions sur la Protection de la vie privée à l'échelon international (1998, UE/OCDE) ; charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne (2004/UE) ; protocole additionnel au PIDESC (2008/UN). On remarquera de plus les initiatives en cours de la société civile pour un Pacte des peuples sur les biens communs et les droits collectifs, pour une Charte des Droits de l’Homme et Principes pour Internet (IRP 2008), et la déclaration du droit à informer et être informé (Forum Social Mondial 2011). Voir aussi " Une stratégie altermondialiste ", Gustave Massiah 2011, Ed. La Découverte.
[10]  "Programme du Conseil National de la Résistance" (wikisource, 03/1944).
[11] Les rédacteurs ont 40 ans en moyenne
[12] " Les jours heureux – Le programme du CNR de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition " collectif 2010, Ed. La Découverte.
[13] " Walter retour en résistance " Gilles Perret 2008, prod. La Vaka ; " Indignez-vous ! " Stephane Hessel 2010, Indigènes Ed.; " Concordance des temps " France Culture 02/2011; "De l’indignation à l’action" Mouvement Citoyens Résistants d’hier et d’aujourd’hui 03/2011 ; " Engagez-vous ! " Stephane Hessel 2011, Ed. de l’Aube.
[14] " Une stratégie altermondialiste ", Gustave Massiah 2011, Ed. La Découverte

2008/10/22

Mr Sarkozy fait grincer des dents au Luxembourg

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La régulation financière accrue demandée depuis peu par les politiques fait avancer à grand pas la concertation sur les paradis fiscaux, alors que le sujet était enterré depuis des années.


Le président de l'UE Nicolas Sarkozy a espéré mardi que la réforme de l'architecture financière mondiale qu'il prône concerne aussi les pays européens, y compris le Luxembourg, très sourcilleux sur ces questions. 
"Je compte sur le soutien du Luxembourg pour que l'architecture financière soit profondément repensée, à l'extérieur de notre continent et à l'intérieur de notre continent, les deux", a déclaré M. Sarkozy devant le Parlement européen à Strasbourg. […]


"On ne peut pas se battre à l'extérieur de notre continent contre certaines pratiques et les tolérer sur notre continent, c'est tout", a insisté le chef de l'Etat français. 
"Que ceux qui se sentent visés assument. Moi je ne vise personne, je ne me le permettrais pas" […]

"Je ne veux pas dire du mal de M. (Jean-Claude) Juncker (le Premier ministre luxembourgeois (...) lui-même est bien placé pour savoir qu'il peut y avoir en Europe des pays plus ou moins volontaires pour assurer de la transparence et mettre de la régulation" […]
Membre fondateur du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux (Gafi), le Luxembourg n'est recensé par aucune organisation internationale qui mettent à l'index les paradis fiscaux.[…]
Le Luxembourg a pourtant bien été reconnu comme étant impliqué par la commission parlementaire française sur le blanchiment d'argent en europe, par l'intermédiaire des paradis fiscaux. Voir http://www.assemblee-nationale.fr/11/dossiers/blanchiment.asp

Les pratiques des sociétés financières qui y sont établies sont toutefois régulièrement critiquées.     
Le Luxembourg a par ailleurs renoncé à la dernière minute, comme la Suisse, à participer mardi à Paris à une réunion internationale de 17 pays consacrée à la lutte contre les paradis fiscaux. A l'issue de cette réunion, le ministre français du Budget Eric Woerth s'est prononcé pour une révision d'ici à la mi-2009 de la "liste noire" des paradis fiscaux non coopératifs. 
En outre, le Luxembourg, qui vit de l'industrie de la finance, est traditionnellement réticent dès qu'il s'agit d'harmoniser les pratiques en matière financière en Europe.

De plus, Mr Sarkozy avait été impliqué à son corps défendant dans l’affaire Clearstream 2. Il a sans doute été lors de la procédure judiciaire bien renseigné sur cette organisation.

source : Easybourse

Mise à jour :
la Suisse devrait même être intégrée à la liste noire que l’OCDE doit dresser avant la fin du printemps 2009. «Nous avons demandé à l’OCDE de faire le ménage dans sa liste des paradis fiscaux», a déclaré Eric Woerth
L’OCDE tient aussi une liste des paradis fiscaux non coopératifs qui sont Andorre, le Liechtenstein et Monaco. D’ici à la prochaine réunion prévue à Berlin avant juin 2009, les participants souhaitent mettre la pression non seulement sur les paradis fiscaux mais aussi sur les centres financiers comme Singapour et Hongkong et envisagent des mesures de rétorsion. Une liste verte des pays prêts à coopérer et qui ont fait des progrès devrait aussi voir le jour.

2008/10/21

Conseils de bon sens pour passer la crise en France

Mon entourage m'interroge de plus en plus fréquemment sur la conduite à adopter. Faut-il céder à la panique ? La situation est-elle si grave ? Que faire pour protéger sa famille ?
Je ne prétends évidemment pas avoir la science infuse ni être un expert infaillible du domaine. Mais je pense qu'on peut, et même qu'on doit en ces temps de doute donner des conseils de bon sens, sans prétention.
Tout d'abord, il faut relativiser. Si la situation économique mondiale est vraiment très mal en point, il faut avoir conscience que la France bénéficie de boucliers efficaces :
  • elle appartient à la zone euro, dont la monnaie est en passe de devenir celle de référence mondiale, au détriment du dollar ou de la livre sterling : notre monnaie est solide
  • la France possède un exceptionnel système de retraite par répartition (malgré ceux qui le critique), qui va incessamment faire la preuve de sa robustesse et protéger efficacement toute une partie de la population
  • nous bénéficions d'une bonne stabilité du régime politique, à la fois en France et dans l’UE
  • notre principal partenaire commercial, l'Allemagne, bénéficie également de ces avantages
  • le récent plan européen d’aide aux banques de la zone Euro va dans le bon sens
Ensuite la France est moins exposée que d'autres pays :
  • la France ne possède que très peu de titres de dettes du Trésor US, au contraire du Royaume-Uni, de la Chine et surtout du Japon
  • nos banques sont relativement moins impactées par la crise financière que celles des USA et du Royaume Unis, surtout les banques de périmètre national
  • la crise immobilière en France n'atteint pas les proportions que l'on connait en Espagne par exemple
Je ne veux pas dire que la crise économique n'aura aucun impact chez nous, mais bien que cet impact sera amoindri. Nous serons certainement parmi les pays qui s'en sortiront le mieux. Des réformes de notre société seront néanmoins nécessaires, certaines sont déjà engagées (nouveau Bretton Woods).
Il faut aussi avoir conscience que les secousses économiques internationales ne sont pas encore terminées. Mais céder à la panique et prendre des décisions sans analyse c'est être certain de commettre une erreur.
Partant de la, il me parait de bon sens, si votre situation le permet :
  • d'éviter de placer vos économies en Bourse si vous ne passez pas des ordres “intraday”
  • de privilégier les placements liquides
  • de répartir vos économies dans 2 banques françaises. Quand ca tangue, on est plus stable sur 2 pieds.
  • d'attendre avant d'acheter à crédit un bien immobilier
  • de surveiller à la loupe votre taux d'endettement
  • de parler de vos problèmes financiers; de nos jours on peut trouver des conseils et du support efficaces sur les forums comme bulle-immobilière.org. Internet offre des outils d’intelligence collective remarquables, y compris pour trouver des solutions aux problèmes du quotidien.
et surtout : de réfléchir par vous-même, d'analyser régulièrement la situation pour pouvoir éventuellement agir rapidement le moment venu. C’est le meilleur conseil qu’on puisse vous donner.
J’ajoute enfin : la situation d’autres pays est nettement plus compliquée. Ce serait une erreur de ne regarder que notre situation personnelle dans notre pays et d’oublier ou d’ignorer les évènements qui vont se dérouler ailleurs. Tout comme notre solidarité ne doit pas s’arrêter à la porte de notre maison, elle ne doit pas non plus s’arrêter à nos frontières.

2008/10/16

Guerre financière : Offensive de l’Europe

image Un des signes évidents de la dimension historique de la crise actuelle est la reconfiguration accélérée des alliances géo-stratégiques, que nous avons commencé à évoquer.
La semaine dernière l’Islande s’est tournée vers la Russie, désormais premier producteur mondial de pétrole brut devant l’Arabie Saoudite;
Puis l’Angleterre a nationalisé ses principales banques, agissant de manière opposée au Plan Paulson des USA, et contrariant des décennies de politique d’acquiescement à Washington.
24 heures plus tard c’est toute l’Europe qui prenait ce chemin des politiques de nationalisations préventives. Même la Suisse est maintenant passé à l’acte avec le plan gouvernemental de sauvegarde forcée de UBS, au grand dam des patrons de ces banques.
Et aujourd’hui c’est l’annonce attendue de l’Europe unie de s’engager vers Bretton Woods III avant la fin de l’année 2008 (!), mettant ainsi un terme effectif à toute allégeance envers la domination financière unilatérale des Etats-Unis. Même l’Italie de Berlusconi se joint au mouvement, ce qui est encore un signe d’isolement politique et diplomatique actuel des Etats-Unis.
Je parle bien de Bretton Woods 3 et non pas la politique financière internationale dite Bretton Woods 2 et qui existe déjà de manière informelle depuis 1995.
Les déclarations européennes n’y vont pas par 4 chemins, notamment sur les paradis fiscaux:
Treatment of tax havens such as the Cayman Islands and Monaco may be overhauled as part of any new global financial framework, Sarkozy said.
``It will be part of discussions Saturday in Washington,'' the French leader said. ``Will we continue to work with tax havens? It's a valid question. We've passed into a new era. It's a question we'll put on the table and immediately.''
Il ne s’agit rien de moins que de mettre sous un contrôle effectif national et régional les 30 plus grands banques du monde. Goldman Sachs, la chasse gardée de Paulson, ayant récemment acquise le status d’établissement bancaire, devrait normalement faire partie de la liste.
Cette demande de contrôle renforcée contraste avec l’attitude de AiG qui cherche à diminuer les volontés régulatrices sur le marché des crédits hypothécaires.
Le rendez-vous du 18 octobre entre messieurs Bush, Sarkozy (président du conseil européen pour 6 mois) et Barosso (président de la Commission Européenne) sera bien interessant à suivre.

2008/10/15

bourses et devises : petit bilan sur 3 mois

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Le Wall Street Journal nous propose une belle carte pour comparer les évolutions des marchés et des devises de certains pays au cours des 3 derniers mois. A voir vite, la carte risque de ne pas être à jour très longtemps à propos des codes couleurs.
Je suis régulièrement les index boursiers d’autres pays (Maghreb, Israel, Luxembourg…). J’en profiterai pour vous ajouter quelques screenshots complémentaires ce soir lors d’une mise à jour de ce billet.
Mise à jour :
Irlande :
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Luxembourg :
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Suisse :
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Belgique :
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Hollande :
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Danemark :
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Malaisie :
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Singapour :
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Hong-Kong :
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Taïwan (sur 1 an) :
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Maroc :
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Egypte :
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Tunisie :
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Israël :
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2008/10/06

L’Europe face à la crise financière

Ce week-end a été l’occasion d’une mise en évidence des disparités des réactions en Europe face à la crise financière et économique qui frappe désormais notre continent de manière évidente, comme en témoigne le crack de ce lundi mais surtout l’évolution depuis 15 jours de la parité euro-dollar :

La réaction des gouvernements en Europe est d’abord partie de la périphérie, hors de la zone Euro :


2008/09/30

La Commission européenne lance une consultation publique sur le Web de demain

Voilà une initiative publique de l'Europe qui aurait la capacité de changer notre société, si nous savons saisir cette occasion pour exprimer notre créativité. A vos plumes !
" La Commission européenne a exposé comment l'Europe devait réagir à la révolution en cours dans le domaine de l'information, qui va s'amplifier dans les années à venir avec l'émergence de nouvelles tendances telles que les réseaux sociaux, le basculement vers les services commerciaux en ligne, les services nomades basés sur le GPS et la télévision mobile et le développement des étiquettes intelligentes. [...]
Les nouvelles applications technologiques nécessiteront une couverture internet complète. Avec l'internet des objets, l'interaction à distance entre machines, véhicules, appareils électriques, capteurs et toutes sortes d'autres dispositifs se fera par l'internet. Il est déjà employé dans le domaine des titres de transport électroniques et permettra aux appareils mobiles d'échanger des données afin d'effectuer des paiements ou d'obtenir des renseignements. Plus d'un milliard de téléphones seraient équipés de cette technologie d'ici à 2015. [...]
La communication de la Commission sur les réseaux et l'internet du futur est disponible à partir de l'adresse suivante :
http://ec.europa.eu/information_society/eeurope/i2010/index_en.htm
La consultation publique sur l'internet des objets est disponible à partir de l'adresse suivante :
http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dispatch?form=IOTconsultation "

2008/09/29

L'Europe prépare la "refondation du système financier international"


Suite à son discours à l'ONU, Nicolas Sarkozy a annoncé il y a quelques heures que l'Europe se mettait à plancher sérieusement sur le système financier "dans les prochains jours".

Sont fermement invités à la séance de travail préparatoire, avant de rencontrer les autres pôles du système financier international :
  • les 4 pays Européens du G8 (France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni),
  • José Manuel Barroso (président de UE),
  • Jean-Claude Juncker (président de l'Eurogroupe) ,
  • Jean-Claude Trichet (président de la BCE),
  • et Nicolas Sarkozy (représentant la France et président du Conseil de l'Europe)
Mr Sarkozy a annoncé une initiative pour une régulation financière largement renforcée :
"Reconstruisons ensemble un capitalisme régulier et régulé où des pans entiers de l'activité financière ne sont pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques font leur métier. Le métier des banques, c'est de financer le développement économique plutôt que la spéculation"
Sans arriver à une extrémité d'une économie entièrement dirigiste, les meilleurs économistes du monde, tel Stiglitz, s'accordent depuis de nombreuses années sur la nécessité impérative de l'intervention du régulateur pour la bonne santé des marchés.

A signaler que les prix Nobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen avaient été embauchés par le président français en janvier dernier pour proposer une meilleure définition que le PIB de la richesse produite par un pays. Les mauvaises perspectives présentes et à venir sur le PIB de la plupart des pays vont sans doute accélérer pour l'ensemble de la société le changement de référentiel, qui saura promouvoir d'autres valeurs fédératrices utiles en temps de crise. Nous ne pouvons plus soutenir un modèle de croissance basé sur une définition purement productiviste, en écartant la richesse sociale. Le modèle du court-terme purement comptable est acculé aujourd'hui à la faillite de manière éclatante.

C'est une chance unique pour la sphère politique de recouvrer une nouvelle légitimité, tous horizons confondus, si elle sait se saisir de l'occasion pour se remettre en question avec un réel projet et une vision politique, en prenant rapidement ses distances avec les milieux financiers. Mr Sarkozy semble l'avoir bien compris depuis quelques jours. Sa position est bien plus confortable que celle de Mr Obama qui ne peut pas prendre des postures aussi fermes tant qu'il n'est pas élu, et qui devra gérer la tentation militaire dans un pays économiquement à genoux.



2008/09/23

Le Conseil Européen demande devant l’ONU des sanctions contre le désastre financier

Nicolas Sarkozy prononcera un discours aujourd’hui à l’ONU, en tant que président en exercice et représentant du Conseil Européen.
“Il faut pouvoir expliquer qui est responsable du désastre et que ceux qui sont responsables soient sanctionnés et rendent des comptes”.

Source : Challenges.fr