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2013/01/04

Rapport du Parlement européen sur le programme de la CIA de détention secrète et de torture

La terreur qui frappe l’Amérique le 11 Septembre 2001 met les institutions des Etats démocratiques à rude épreuve. Le lendemain de l’attentat, les Etats-Unis déclarent ouverte « la guerre contre le terrorisme » et lancent une vaste traque planétaire et clandestine des présumés terroristes. Il s’agit du programme de « restitutions extraordinaires » élaboré par la CIA. Il est agréé par les Etats-membres de l’OTAN et mis en œuvre par leurs services spéciaux entre 2001 et 2006.

Ses victimes - combien sont-elles ? - ont été kidnappées, torturées, enfermées ; leur intégrité et leur dignité ont été profanées de façon procédurale et systématique. Certaines croupissent toujours, sans espoir de procès, à Guantánamo. A ce jour aucun responsable politique, aucun agent des services d’Etat, aucun président d’entreprise sous-traitante, ni en Europe ni aux USA, n’a été tenu de s’expliquer et de rendre des comptes.

Partout l’impunité fait loi. En Europe, les Etats ont eu à connaître de cette entreprise criminelle. Ils y ont participé, tacitement ou de façon active, certains jusqu’à autoriser plusieurs centaines de vols clandestins de la CIA dans leur espace aérien, d’autres jusqu’à tolérer sur leur territoire des sites de détention et de torture secrets.

Onze ans plus tard, après de nombreux rapports, enquêtes, articles et témoignages confondants, les Etats n’ont toujours pas lâché prise : pas de reconnaissance des faits, pas d’excuses ni de réparations aux victimes, pas de responsabilités identifiées. Le rapport adopté le 11 septembre 2012, que j’ai eu la responsabilité de conduire pour le Parlement européen, met les Etats européens au pied du mur de la vérité. Il conforte et légitime les travaux des journalistes, des défenseurs des droits de l’Homme, des parlementaires, des juristes, des experts, des victimes, qui jour après jour, relèvent le défi de vérité.

Non, le Parlement européen n’accepte pas qu’au nom des citoyens et de leur sécurité, les États développent des pratiques illégales clandestines, violatrices des droits de l’Homme et se dispensent de rendre des comptes. En 2007, mon prédécesseur, Claudio Fava, avait dû affronter les outrances assumées des atlantistes virulents, pour lesquels il n’y aura jamais de plus belle preuve de loyauté envers l’Amérique que le secret gardé sur l’exécution du programme de la CIA. Pendant les travaux de la commission d’enquête, ils avaient déployé tous leurs efforts pour saper la démarche d’enquête, discréditer les témoins auditionnés, protéger les secrets d’État et dénier le besoin de vérité.

Mais à l’heure où les télégrammes diplomatiques ont pignon sur le net, où les archives des services secrets s’étalent dans les ruines des dictatures déchues, où les victimes des tortures passent du côté du pouvoir, les négationnistes sont moins diserts. Seuls désormais, les Etats tentent de protéger leurs secrets de polichinelle. Poussés à rendre des comptes, ils rechignent, tergiversent, mentent, feignent, retardent, camouflent. Ils se tiennent par la barbichette à qui parlera le dernier !

Lors de l’audition organisée au Parlement européen en mars 2012, aucune autorité invitée n’est venue défendre son enquête, pas un procureur, pas un ministre, pas un parlementaire. La conjuration nationaliste est-elle trop forte ? Les pressions américaines trop convaincantes ? « L’Etat profond » trop puissant ? L’enquête trop peu crédible ? L’Europe ne doit pas abandonner les Etats à leurs démons. La clause européenne de solidarité et de confiance mutuelle doit être activée, elle est le levier qui peut forcer le couvercle de la vérité.

L’Europe serait la première victime du déni. Sa promesse de dignité et de démocratie anéantie, elle perdrait toute autorité ! Le lendemain de l’adoption du rapport, le 12 septembre 2012, répondant à la presse, le Président le la République de Roumanie dit : « La Roumanie suivra les recommandations du Parlement européen ». Une onde d’espoir parcourt la planète des « épris de justice ». La vérité viendra.

Ce texte empreint d'une profonde volonté de renforcer le contrôle démocratique est la préface de la député européenne Hélène Flautre, publiée le 6 décembre 2012, à son livre en libre diffusion :  « Le programme secret de la CIA et le Parlement Européen :  Histoire d'un forfait, histoire d'un sursaut ».
Je ne saurais trop vous conseiller de télécharger le rapport officiel annexé à ce livre enquête d’Hélène Flautre et de Bertrand Verfaillie ou le visionner avec d'autres vidéos sur le site d’EELV au parlement européen.
Il s'agit d'une remarquable et si précieuse mise en application d'une parole de Arendt: « Le courage est la première de toutes les vertus politiques ». C'est aussi l'aune à laquelle on mesure la capacité d'un peuple à maîtriser son devenir. Ce rapport est un acte qui grandit tous les Européens, grâce aux vertus des « obstinés de la vérité » et de la transparence.


2012/10/02

La minute nécessaire

  vient de publier un article à propos de la volonté affirmée des pays de la zone euro, qui est un modèle d'amalgames et de comparaisons approximatives. 

Pour présenter sa construction rhétorique, j'ai choisi de reprendre son texte en remplaçant les termes "l'euro / L'Europe" par "la politique sécuritaire / les Etats-Unis". Voyons ce que ca donne :

"Présenter la politique sécuritaire des Etats-Unis comme un choix irréversible permet de maintenir une pression plus forte sur les pays « sous protection » et leurs populations.  
Depuis la fin des années 1970, la théorie des jeux s’est répandue dans les milieux universitaires, ce qui a conduit les « macroéconomistes » à insister sur la  notion d’engagement  – une stratégie qui  limite le degré de liberté des décideurs politiques.  
Même si elle n’est pas historiquement exacte, la légende de Hernan Cortés est l’un des meilleurs exemples d’engagement stratégique. Voulant conquérir le Mexique, il décida de brûler les navires sur lesquels il était venu d’Espagne avec son armée. A première vue cet acte parait insensé : pourquoi détruire volontairement le seul moyen de se sauver en cas de défaite ? Cortés aurait expliqué qu’il a fait cela pour motiver ses troupes. Sans fuite possible, les soldats étaient encore plus motivés pour l’emporter. Alexandre le Grand aurait fait quelque chose d’analogue lors de la conquête de la Perse.  
Pour être efficace, un engagement stratégique doit être crédible – autrement dit, il doit avoir un caractère irréversible. En ce sens, la stratégie de Cortés était parfaite: en cas de défaite, les Espagnols ne pouvaient reconstruire les navires brulés. Mais un engagement stratégique doit aussi être coûteux en cas d’échec: si Cortés avait perdu, aucun soldat espagnol n’en serait sorti vivant. C’est ce qui a contribué à motiver ses troupes. S’il avait échoué, il aurait sombré dans l’oubli ou aurait laissé l’image d’un illuminé et arrogant, se croyant capable de battre tout un empire.  
La création des banques centrales a été l’une des premières applications de cette stratégie à la politique économique. On dit que les responsables monétaires doivent être indépendants du système politique, parce qu’à l’approche d’élections, les dirigeants élus risquent de faire pression sur eux pour faire baisser provisoirement le chômage, même si cela entraîne une inflation permanente. Pour éviter cette situation, les États doivent isoler les responsables des banques centrales des interférences politiques.  
Beaucoup de « macroéconomistes » attribuent la baisse continue de l’inflation depuis le début des années 1980 à cette stratégie appliquée un peu partout. Encouragés par leur succès, les dirigeants politiques ont commencé à l’utiliser dans d’autres domaines. Ainsi ils ont «vendu» la libéralisation financière à l’opinion publique comme un engagement en faveur d’une politique favorable aux marchés. Si un gouvernement ne s’y conformait pas, la fuite des capitaux le mettrait à genoux.
Les emprunts colossaux réalisés par les États auprès de l’étranger, des caisses d’émission monétaire ou même d’unions monétaires relèvent de la même stratégie.  La création d’une politique sécuritaire mondiale n’est rien d’autre qu’une forme extrême d’engagement : les Etats-Unis ont essayé de lier leur sort à la discipline d’achats des bons du Trésor US par les autres pays.

Le recours de plus en plus fréquent à cette stratégie pose la question de la démocratie. Cortés n’a pas fait de sondage avant de brûler ses navires. La stratégie d’engagement stimule la motivation, mais elle est risquée.  
Heureusement, aujourd’hui ce sont des gouvernements élus démocratiquement qui prennent ces décisions censées traduire la volonté du peuple. Mais étant donné leur nature, ces décisions méritent un examen tout particulier, car elles sont par essence irréversibles.  Liant les mains des gouvernements à venir, elles sont équivalentes à des amendements constitutionnels . De ce fait leur adoption devrait être soumise à un processus d’approbation spécifique.
Cette question est cruciale quand l’engagement présente des avantages plus attirants à court terme que celui de brûler les navires. Ainsi, quand le gouvernement US commence à emprunter à l’étranger pour financer en priorité sa politique sécuritaire, ou choisit d’entrer dans une guerre au nom de la démocratie, la sécurité des citoyens parait mieux garantie. Ce type d’avantage immédiat est bien plus visible que le coût potentiel de l’engagement dans le futur. Avec cette stratégie, un gouvernement machiavélique peut pousser un électorat réticent à accepter une politique contraire à sa volonté.
C’est là que réside le problème. Pour les pétro monarchies, le Japon et UK, mais en premier lieu pour les élus US, accepter la politique sécuritaire a été – explicitement ou pas – un moyen de contraindre leur population à accepter un certain degré de perte de liberté qu’elle n’aurait pas adoptée d’elle-même. S’agissait-il d’une décision démocratique ou de la manipulation de la population par une élite «éclairée»?
Je crains que cette dernière hypothèse ne soit la bonne, ce qui pourrait expliquer le ressentiment qui monte contre les Etats-Unis. Et pour couronner le tout, certains dirigeants US n’assument pas leurs décisions passées. Ils ne veulent pas admettre que ce sont eux ou leurs prédécesseurs qui ont brûlé les navires. Ils rejettent la responsabilité sur le terrorisme. Aussi, la politique sécuritaire des Etats-Unis, au lieu de favoriser sa cohésion sociale, divise encore davantage."

Etonnant, non ? 

2011/05/04

La légende Osama

Je pense qu'il est bon de rappeler quelques faits à propos d'Osama :
  • il n'a jamais revendiqué les attentats du 11/9 (voir les commentaires);
  • il n'existe aucun document autorisant la poursuite contre Osama, même aux USA, tout simplement car il n'y a aucune preuve de son implication dans ces attentats;
  • aucune preuve directe n'a été diffusée prouvant que c'est bien Osama Bin Laden qui a été tué. Les prélèvements ADN peuvent avoir été faits bien avant 2001;
  • tout a été entrepris pour que ces preuves ne soient jamais recherchées (immersion dans l'océan, sans coordonnées, mais de cela aussi aucune preuve n'est disponible);
  • il reste tout à fait possible qu'il soit mort depuis des années, ou bien en vie quelque part.
De quelque côté que l'on se tourne, on nous oblige à croire l'histoire que quelqu'un nous raconte. Osama est donc bien une légende. Si on ne peut rien expliquer à partir d'une légende, il est par contre prévisible que cette légende sera utilisée aussi longtemps qu'aucun nouvel élément probant ne viendra condenser l'imaginaire des peuples.

Par contre il est justifié de s'interroger sur les suites immédiates de cette communication par les USA :

"Washington semblait vouloir éviter une dégradation des relations avec Islamabad, alors même que le Congrès réfléchit à la suppression de l'aide financière américaine massive à cet allié difficile."

L'aide US était estimée à 3 milliards de $ pour 2012. Un senateur US a demandé qu'elle soit supprimée, ce qui en passant arrange bien les comptes de la nation étranglée par les déficits :

C'est un revirement à 180° par rapport à la diplomatie d'il y a qq mois :

Si ce n'est pas encore un retrait massif et précipité d'Afghanistan, ca ressemble fort à un retrait de l'influence financiere et donc de la diplomatie US au Pakistan. Et bien sur la présence militaire en Afghanistan est remise en question (France, Australie,  Etats-Unis), surtout depuis le remplacement du général Petraeus par un ambassadeur.

Quand les budgets militaires disparaissent, il faut savoir sortir des conflits en essayant de ne pas perdre la face.


UPDATE :
Former Deputy Assistant Secretary of State under three different administrations Steve R. Pieczenik says Bin Laden Died In 2001, 9/11 False Flag Attack. 
He is prepared to tell a federal grand jury the name of a top general who told him directly 9/11 was a false flag attack. You can download mp3 record here and listen interview from 2:29:00

2011/04/03

Isoler de force les USA d'Internet

 La loi "Protecting Cyberspace as a National Asset Act", présentée au Congrès une première fois l’année dernière, est officiellement destinée à combattre la cyber-criminalité et, vous l’aurez deviné, le terrorisme.

C'est une extension du Patriot Act de 2001 et du Homeland Security Act de 2002 dont il reprend et étend le périmètre en terme d'infrastructures ciblées.

Bloquée une première fois, la loi sera présentée à nouveau cette année. Dans l'état de la proposition, elle autorise le président des Etats-Unis à, en synthèse, "isoler les USA d'Internet" pendant une période de 30 jours - puis 120 jours, ou même indéfiniment si les circonstances l'exigent (voir p 281 section 249(b) DISCONTINUANCE OF EMERGENCY MEASURES) et contraindre les sites internet sur son sol à respecter les contraintes de sécurité. Aucune autorisation de justice ou du pouvoir législatif ne sera nécessaire.

Dans le contexte des évènements des révolutions de jasmin, ce n'est pas un élément à ignorer.

2009/04/22

Quand l’émotion nous asservit

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Vous avez peut être entendu parler en février dernier de cette affaire Chauprade, un enseignant en géopolitique pour le ministère de la Défense qui s’est fait virer du jour au lendemain par notre ministre pour avoir écrit “un texte au travers duquel passent des relents inacceptables. Sur onze pages, on nous parle d'un complot israélo-américain imaginaire visant à la conquête du monde.” On aura compris qu’on veut traiter ici du 11/09.

A la lecture des nombreux commentaires sur le blog du Point, on s’aperçoit de plusieurs choses :
  • d’abord du niveau d’argumentation extrêmement faible des tenants de la thèse officielle pour l’explication des effondrements du 11/09, et qui contraste grandement avec la moyenne des messages de soutien à Mr Chauprade; je ne veux pas simplement parler des éléments scientifiques en très grand nombre qui ont été rassemblés depuis 8 ans, comme ici ou la, mais aussi des positions morales et citoyennes préoccupées par la sauvegarde de nos libertés individuelles
  • ensuite du rapport de force entre ces deux positions, largement en faveur du nombre des messages de soutien, sur près de 200 commentaires postés au total
  • enfin du reproche le plus fréquent fait à Mr Chauprade : non pas tant qu’il ait exprimé son opinion mais surtout qu’il l’ait fait en y associant l’armée française par la mention de son travail d’enseignant; on peut penser que c’est bien cela qui a courroucé notre ministre à quelle semaines du rapprochement de la France avec l’OTAN et les USA.
  • et comme le décrit très bien un des lecteurs une prise de conscience graduelleDepuis maintenant environ cinq années, les doutes dans un premier temps, puis les questions précises devenant au fur et à mesure de plus en plus pertinentes, ont commencé à envahir les médias directs non filtrés tel qu'internet. Des films, des images fixes, des commentaires de spécialistes ainsi que des faits difficiles à contredire ont pu ensuite apparaître.”
Cette prise de conscience est rendue si lente par l’effet d’une puissante dissonance cognitive. On en trouve une illustration très synthétique à la page 15 de cet excellent document qui synthétise les éléments d’enquête scientifique effectuées sur le 11/09 par des citoyens de divers pays (NDR: voir la page index de l'étude ici), sans appuis officiels. Voilà ce qu’on peut y lire :

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Plusieurs formulations utilisées nous semblent pertinentes à analyser :
  • la peur qui paralyse : c’est l’émotion qui nous asservit
  • notre conception du monde et nos croyances qui sont le prisme par lequel les informations vont être diffractées avant toute analyse consciente
  • l’inaction n’est pas une solution neutre, puisqu’elle entraîne qu’on devient une partie du problème plutôt que de sa solution
  • le choix est difficile, presque cornélien : notre tranquillité d’esprit au prix du sacrifice de notre liberté
Quand notre conception du monde peut être ébranlée par ce que nous observons, nous luttons irrationnellement pour échapper à ce qui n’est que des faits que nous pourrions très simplement analyser sous un angle rationnel.

Une autre illustration de ce cas de figure est apportée par la Controverse scientifique ou la notion de débat contradictoire en sciences. Par exemple JP Petit, de part ses idées scientifiques si différentes de celles des courants traditionnels de la science (en astrophysique notamment), fait l'objet d'une controverse scientifique publique depuis plusieurs années avec Alain Riazuelo, de l'Institut d'Astrophysique de Paris, et avec Thibaud Damour, de l'Institut des Hautes Etudes de Bures sur Yvette. JP Petit leur offre la possibilité de venir contester oralement et publiquement ses travaux sur la "Géométrisation du modèle d'Andreï Sakharov" (qui est la base de sa théorie de l'univers gémellaire), ce que lui refuse ses adversaires. Cette controverse publique dure depuis 2006, sans que ses adversaires ne lui autorise son droit de réponse, ce qui représente un manquement flagrant et déshonorant à leur premier devoir, en étant que scientifique, de confrontation d'idées. Cette controverse publique est un exemple vivant de la représentation concrète du concept de vérité en science. Tout l'historique détaillé de cette controverse est accessible ici.

On démontrerait facilement qu’une pratique endogame de la science est toujours moins vivace (créative) qu’une pratique qui sait préserver au dessus de tout le devoir du débat scientifique. Les réactions méprisantes et dédaigneuses qui ressortent dans cette controverse de la part des scientifiques en place ne sont rien d’autre qu’un signe d’asservissement de l’individu par son émotion. Mais l’inaction des autres pairs est aussi une marque d’abandon de leur liberté pour conserver sa tranquillité d’esprit. On peut penser que ce n’est qu’une illusion de tranquillité et en science plus que partout ailleurs les faits ont la tête plus dures que les modèles : l’Histoire jugera. Hélas, cette désertion est aussi une défaite collective : une liberté se regagne d’autant plus difficilement qu’elle est facile à perdre, et les petites compromissions alimentent les faillites de toute une société, fut elle savante.