Il est temps de tirer un bilan de cette élection présidentielle à l'américaine, qui termine un cycle commencé en 1969 avec l'élection de Pompidou, lequel a propulsé Giscard d'Estaing, qui ont négocié ensemble l'accord des Açores en 1971 lequel allait ouvrir la porte à la mise en place du nouveau système monétaire international, préparant la loi de 1973 qui assurerait la prééminence des banques privées sur l'Etat français.
En synthèse :
- Comme nous l'avons écrit à maintes reprises, la crise est le moment historique du dévoilement. D'autres masques sont tombés. La fausse alternance entre une "2ème gauche" sous influence et la droite néolibérale a disparu en quelques semaines de campagne, fracassée après une longue dérive. Le système oligarchique dirigeant la France a été obligé de sacrifier l'illusion démocratique qu'il entretenait pour contrôler la politique française. C'est ce qui explique que de très nombreux responsables politiques PS, UDI et LR se rallient à Macron.
- Au vu du contenu des programmes au premier tour, le champ politique en France n'est plus dessiné par un arc entre extrême gauche et extrême droite, dont la mention est désormais obsolète. Seul un nouvel arc entre les extrêmes souverainistes et les extrêmes mondialistes financiers représente correctement ce champ. C'est ce qui explique que le programme de la "France Insoumise" soit plus proche de celui des autres souverainistes Front National et Debout La France.
- Macron, c'est tout changer [en apparence] pour ne rien changer [dans les objectifs politiques] : Macron est "anti-système" autant que les anciens cadres du parti communiste de l'URSS qui se sont représentés sous une autre étiquette dès la chute de leur parti.
Quelques similitudes : Macron a occupé un poste à responsabilité pendant 4 ans dans le gouvernement Hollande (cf cadre du PC de l'URSS). L'adhésion formelle de Macron au PS est optionnelle, puisqu'un gouvernement ne confie des rôles à responsabilité politique qu'à des personnes qui sont contrôlables et/ou en accord total sur le fond des politiques mises en oeuvre. Au moment où les sondages de Hollande sont au plus bas (cf érosion du PC après la chute du mur de Berlin), il démissionne opportunément du gouvernement. Lors de l'élection suivante, il prend une autre étiquette pour se différencier, sans endosser la responsabilité de la politique précédente qu'il a menée pendant 4 ans. Le parti PS jusqu'à présent au pouvoir est largement battu aux nouvelles élections (cf le PC après la chute de l'URSS).
Macron est, comme ces "nouveaux démocrates" de l'ex URSS, soutenu par les puissances financières occidentales. Pour les contrées de l'ex URSS on constate que ce type de pion politique une fois élu a vendu les joyaux de leur pays à ces souteneurs "parce que c'est la loi du marché". Macron a déjà commencé en étant ministre.
- Seule l'émergence du mouvement la "France Insoumise" depuis 2012 a permis de limiter avec succès la montée des souverainistes conservateurs. Ce mouvement devra désormais composer en interne avec la part significative des "insoumis" qui se sont soumis au vote en faveur du baron Macron.
- le mouvement "En Marche" a beau fêter une victoire électorale au pied de la pyramide du Louvre, il ne souffrira aucun répit. Pas de moment de sidération, disparition des 100 jours de grâce, la campagne législative a déjà été lancée au moment du débat de l'entre-deux tours. C'est ce que personne n'a compris : ce n'était pas un débat pour gagner quelques pour-cents qui ne changeaient rien à l'issue, mais un positionnement stratégique dans l'après-élection, un interrogatoire public où Macron a affirmé devant tous les électeurs qu'il ne possédait pas de compte offshore et était imperméable aux collusions d'intérêts. L'indispensable instruction révélera s'il s'agissait d'un "moment Cahuzac". Macron devra répondre, et l'ensemble du système médiatique et judiciaire au premier chef, aux questions légitimes sur l'affaire de ce compte offshore et des MacronLeaks (1). Le peuple saura gentiment rappeler à chaque occasion combien la célérité de l'ouverture d'une enquête par le Parquet National Financier a été effectuée en quelques heures à peine après la diffusion des tous premiers éléments sur François Fillon. Ces deux affaires, et celles qui seront découvertes ensuite (à tout hasard: quelle est la part des financements du premier cercle et des grands donateurs vs celle du crowdfunding dans les recettes du business plan d'En Marche tenu par Cédric O. ?) seront un douloureux aiguillon persistant dans le flanc du nouveau président. Le futur nous dira si une éventuelle procédure de destitution devra être engagée par le prochain Parlement.
- Les souverainistes conservateurs ont franchi un important seuil psychologique avec 34% des voix au second tour. L'alliance Debout La France avec le Front National a créé les conditions d'un regroupement politique des forces souverainistes. C'est cette poussée qui sera amplifiée par la refondation du Front National que Marine Le Pen a annoncée dimanche soir immédiatement après 20 h.
- La liberté de penser a été la première victime dans cette élection. Après deux décennies de pensée unique, une ligne rouge de triste mémoire a été dépassée en pleine période de réserve électorale :
Voulez-vous vraiment que l'image ci-dessous ne soit plus une caricature de la France mais la réalité ? :
Tout ceci laisse présager des législatives dans la continuité de la tempête qui a été déclenchée. La base électorale d'En Marche au second tour est certainement la plus fragile, la moins fidèle, des 3 grands mouvements politiques présents désormais en France, et le seul qui ne soit pas souverainiste, c'est-à-dire qu'il est à contresens du mouvement historique de fond.