2008/09/28

Google Pelamis et la mer de troncs


Christian Faure nous a dégotté une petite vidéo pédagogique sur les générateurs pélagiques pour illustrer un brevet de Google dont on parle depuis quelques jours sur la blogosphère.
Google a adapté ce système pour alimenter en courant continu ou alternatif des datacenters flottants (et non pas sous-marins).


L'idée est séduisante :
  • l'énergie des vagues est gratuite et non polluante; pas de rejets à part de la chaleur
  • cette énergie sert aussi à pomper de l'eau de mer pour le refroidissement du datacenter
  • la production d'énergie solaire ou éolienne peut venir suppléer l'énergie pélagique
  • le datacenter est rapidement opérationnel parce qu'assemblé et non pas construit; il est déplaçable
  • le concept est très modulaire, le datacenter peut donc être partiellement terrestre pour quelques fonctions du système, en fonction de l'environnement local
A noter :
"much of the world's population lives near oceans, so system 100 could bring computing or telecommunication power close to them. Much of the world's communications infrastructure also runs through the oceans, so that system 100 could tap into existing infrastructure near shorelines."
La forme de l'engin fait un peu penser aux convois de troncs flottants des anciens bucherons :
"Approximately 40 machines spread over a square kilometer could also produce approximately 30 MW. The system ... may operate satisfactorily, for example, approximately 3-7 miles from shore, in 50-70 meters of water. "
"A standard size for such a system may cover an area approximately 600 m. times 200 m. Each motion-powered machine may have a pontoon diameter of 3.5 m and length of 35 m. "
Sachant que Google O3b envisage parallèlement de se doter d'une constellation de satellites de télécommunications, à la limite le seul cable qui reliera l'ensemble de ces troncs flottants sera le cable d'amarrage.

J'ai été attentif à la description du dispositif de refroidissement, car je me suis intéressé aux peintures anti-fouling dans une autre vie. Pelamis utilise un circuit fermé pour le refroidissement interne et l'eau salée est confinée dans l'échangeur externe :
"The cool water may also pass through heat exchangers (not shown) either at or away from the data center modules. Such use of heat exchangers allows the relatively caustic seawater to be isolated in only one part of the system, with fresh water or other coolant circulating in a closed-loop system on the other side of the heat exchangers. As a result, maintenance may be minimized, as the closed-loop side of the system may be kept in operation, with frequent replacements needed only on the saltwater side of the system."

Idée de valeur ajoutée : équiper chaque caisson de caisses grillagées et laisser les ostreiculteurs entretenir le parc à huitres géant et les échangeurs ;)

2008/09/27

Le mythe de “l’offre et la demande”

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Vous savez que j’aime pourfendre les mythes. D’autres aussi en font une spécialité, tel Paul Jorion qui relate cela de manière brève et efficace à propos du prix du pétrole.


La “loi de l’offre et de la demande” qui expliquerait les évolutions des prix, n’existe PAS. C’est une explication simpliste pour endormir les consciences. Sa seule force réside dans le fait qu'elle parait de prime abord évidente à notre esprit. C'est parce que nous sommes victimes de notre tendance à croire qu'un modèle conceptuel idéal (les marchés purs et parfaits) est la réalité. C'est une illusion. Si vous n'êtes pas convaincu, lisez "Les vrais lois de l'Economie", écrit par le Pr Jacques Genereux. 

2008/09/26

Le pot de miel

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Christian Fauré nous propose un rapprochement entre les stratégies de Google et d’un opérateur téléphonique. Il me semble que l’on peut étendre ce rapprochement à toute forme de capture du consommateur.


Dans le secteur des médias tout d’abord, où l’on monétise la minute de cerveau rendue disponible pour recevoir de la publicité.
Une chaîne de télévision cherche ainsi à augmenter ses recettes publicitaires en augmentant le nombre de ses téléspectateurs par la qualité du contenu diffusé; idem pour un journal ou un blog avec ses lecteurs, ou une radio avec ses auditeurs.

Dans le secteur du spectacle également, où l’on monétise l’intérêt des clients pour vendre des produits dérivés.

Dans le secteur de la grande distribution enfin, où l’on monétise la présence et la fidélisation du client pour proposer des services additionnels (assurances, voyages, billeterie).

Dans tous les cas, le service ou le produit initialement proposé sert de pot de miel pour attirer le consommateur.

La bulle des CDS se dégonfle


Voilà un article d'aujourd'hui de l'AGEFI qui vient à point pour apporter de l'eau à mon article précédent : "Le marché des dérivés de crédit se rétrécit pour la première fois".

On y apprend notamment que le montant des CDS a culminé à 62 045 milliards de $ fin 2007, et qu'il a chuté de 12% au premier semestre 2008.

Les autorités réclament rapidement plus de régulation sur ce marché, c'est bien de se rendre compte qu'un marché non régulé ne peut pas exister longtemps, mais c'est un peu tard pour prendre ces mesures. La désintégration du marché des produits "sécurisés" sur la dette s'est étendue à l'étage supérieur du marché des CDS, et l'annonce dans divers pays des récessions du PIB, les débuts de hausse du chomage, montrent que l'impact atteint déjà aussi l'économie réelle.


2008/09/25

La finance aux pieds d'argile (Dérives économiques Partie II)

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La finance était, uniquement par les volumes brassés, un géant. 

Mais un géant aux pieds d’argile, comme le montre l’image ci-dessous :



L'étage jaune correspond aux liquidités de l'économie réelle, tangible, basée sur des produits physiques et matériels ou des prestations intellectuelles : ce sont des billets et des pièces.
L'étage violet est constitué des liquidités associées aux comptes chèques, cartes de crédit, cartes prépayées...

L’étage vert correspond notamment aux fameux CDO qui repackageaient les prêts hypothécaires Subprimes.
Les liquidités de l’étage rouge est constitué des CDS (Credit Default Swaps), futures et options. Les CDS, bien que représentant une petite partie de cet ensemble, ont grandi à une vitesse exponentielle, jusqu’à dépasser 50 000 milliards de $ !


2 raisons à cette croissance démesurée :
  • Banking regulations and the lack of funding requirements for CDS: Banks are required by law to hold a certain amount of capital for loans they make - about 8 cents for every dollar in principle, but there are a number of loopholes that allow it to be less for certain types of loans. But there are very limited capital requirements for CDS, so banks and other CDS market participants can take on much more credit exposure through CDS than they could directly.
  • A loan must be funded: If you lend someone some money, you have to borrow it or use your own capital. However, if you take on the exact same risk through a CDS transaction, there is no need to put up any money, provided your counterparty will accept your credit risk.
For both these reasons, hedge funds have been large participants in the CDS market, because through credit default swaps the funds can take on much more risk (and receive much more in premiums) than their modest cash reserves would normally permit.
L’appât du gain immédiat et la rapacité a entraîné une prise de risque collective du secteur financier. Tant que je te fais confiance, ca va bien pour nous deux :


Mais les défauts de remboursements des prêts, dans l’économie réelle aux pieds du géant, a anéanti l’étage vert, et la détérioration actuelle des réserves des banques menace maintenant dangereusement l'équilibre mondial de l’étage rouge. Son poids économique est tel qu’on parle de risque systémique (y compris les plus hautes autorités), car son écroulement peut emporter le système bancaire dans son ensemble.

Les banques d’investissement indépendantes ont disparues avec l’étage vert, les prochaines victimes se compteront dans les rangs des hedges funds, puis des banques commerciales. Tout l’enjeu des financiers est maintenant de placer très rapidement des étais pour éviter que les défauts de paiement et de contrepartie de risques provoqué par les faillites en série n’emporte la plupart des établissements en cascade. Chaque banque qui tombe laisse plus de poids à porter aux autres, ainsi qu’en bout de chaîne aux investisseurs particuliers.

Sources :