Notre anticipation politique du
2 janvier dernier, où nous avions précisé comment s'opposait l’axe anglo-américain
gouverné par
l’état profond transnational et l’axe russo-chinois comme fer de lance du monde multipolaire proposé par les BRICS, est pleinement confirmée par les événements survenus depuis lors. En voici une synthèse.
Le tournant stratégique
Il faut depuis lors identifier l'existence visible de deux groupes dirigeants au Royaume-Uni, tout comme le Pentagone s'est démarqué du département d'Etat américain :
- un groupe sous domination US, avec l'état profond sécuritaire anglais (GCHQ, MI5, MI6, une partie de l'armée...), et Cameron, qui est partie prenante de l'axe anglo-américain ;
- un groupe sous influence de l'establishment bancaire, avec Osborne (nommé numéro 2 du gouvernement en mai), la BoE, la City, désormais opposé au premier groupe et qui pousse à un rapprochement accéléré avec les BRICS pour sauver leur peau, ayant compris la défaite inéluctable de l'axe anglo-américain.
On comprend mieux ainsi les récentes campagnes
contre Cameron, et le fait que Osborne se positionne de plus en plus sur le champ de la politique étrangère, avec des positions à l'opposé de celles de Cameron.
Un ordre nouveau d'alliances se construit sous nos yeux
Nous écrivions le 2 janvier : "En 2015 nous estimons que les pays suivants rejoindront graduellement la sphère d'influence de l'axe russo-chinois: Australie, Arabie Saoudite, Turquie, Vatican, Pakistan, Corée du Nord, Corée du Sud, Yémen."
Pour l'Arabie Saoudite, nous avons effectivement déjà observé :
Pour la Turquie nous retenons le contenu de deux articles qui dépassent le gel annoncé en août 2015 de la construction du
Turkish Stream -gel momentané selon nous, tant que l'Etat Profond turc
n'aura pas été réduit:
Le mouvement Merkel-BRICS s'installe
Mais alors que nous pensions en janvier que toute l'Europe resterait encore paralysée en 2015, le "virage Osborne" a libéré un immense frein, et les Etats européens se sont rués au guichet de l'AIIB. Et cet espace de liberté a entraîné d'autres velléités de retour à la souveraineté, en premier lieu l'Allemagne, qui prend la corde pour se rapprocher encore plus vite des BRICS :
Bien sûr la rétorsion ne se fait pas attendre et le scandale Volkswagen éclate le 20 septembre suite aux pressions judiciaires US. Ceci ne fait que distendre davantage les liens entre Allemagne et US.
L'orthodoxie économique, totalement discréditée, s'effondre
Après avoir "
vidé son chargeur" - c'est-à-dire sa capacité à contrôler réellement les taux d'intérêts - la Fed s'est retrouvée sans munitions. Impossible de reproduire la hausse rapide des taux qui avait fait s'effondrer économiquement l'Europe à la fin des années 20 (cf
The Fed and a Bubble: Flashback to 1927-1930).
La BoJ, relai principal de la Fed, abandonne brutalement le 24 septembre les QE
ad infinitum, pour suivre la nouvelle politique orthogonale du premier ministre:
Abe’s New Economic Plan Confounds Analysts, qui convient bien davantage aux BRICS.
Même le
FMI désavoue officiellement les politiques monétaires de QE.
De manière imagée, la stratégie géo-économique de l'axe anglo-américain c'était "l'économie du tracteur-pulling" avec des QE spectaculaires toujours plus gros et des taux toujours plus bas :
... qui se termine comme ceci :
Géo-politique : trancher le nœud gordien qui étrangle l'Ukraine, la Syrie et l'Iran
L'école russe a encore prouvé qu'elle produisait les meilleurs stratèges. La partie d'échecs qui menaçait de s'enliser se termine comme suit :
a) après la campagne militaire de l'hiver, le verrou menaçant en Ukraine a été levé progressivement au printemps par l'extension du cessez-le-feu et la préparation de la démobilisation, en profitant de l'inertie européenne, et d'une population désabusée qui développe une résistance passive aux propagandes anti-russes. Pendant l'été les actions de diplomatie et sur le terrain se sont rapidement succédé, c'est la phase de précipitation :
b) le basculement de la partie a été suffisant pour parvenir à l'accord sur le nucléaire iranien
le 14 juillet, avec l'appui de l'Allemagne et de la France.
Du coup la France se dépêche de montrer qu'elle peut participer
activement elle aussi au front anti-ISIL.
[1]
La diplomatie occidentale se précipite - mieux vaut tard que jamais
L'administration Obama,
profondément divisée (Etat profond américain vs Pentagone) sur la conduite à tenir en réponse à l'invitation de la Russie à unir leurs forces contre l' "Etat Islamique", accepte finalement de renoncer à sa politique d'isolement diplomatique et rencontre Putin :
Obama agrees to Syria talks with Putin.
Reste à venir l'adoption accélérée de politiques euro-BRICS par nos soi-disant élites, qui doivent commencer à sentir le vent du balai qui les pousse. Comme je l'écrivais à leur adresse il y a 18 mois :
décider ou être poussé dans le dos?
Tout ceci nous confirme la prochaine
apothéose : l'émergence d'un nouveau système monétaire international.
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[1] Nouvelle anticipation : j'ai personnellement annoncé à mon entourage le 14 septembre que d'ici 5 mois (donc d'ici le 14 février 2016) "l'Etat Islamique" ne serait plus une menace pour les pays environnants. Il ne resterait que quelques petits groupes de combattants parias dispersés.
[édité le 30/09 : compléments mineurs sur la Turquie; mise en forme]