2009/05/22

Traitement du signal du 22 mai : hyperinflation



Le traitement du signal, c’est dans notre univers technique la suite d’opérations mathématiques pour extraire de l’information pertinente d’une foule d’observations et de données. L’opérateur donne ensuite un sens, une signification à cette information décantée.

Notre cerveau réalise chaque seconde du traitement du signal pour extraire les informations essentielles de notre environnement. Ce traitement n’est plus seulement mathématique, on en conviendra.
Quand on cherche sur internet, on dit que l’on cherche une information. C’est assez peu souvent le cas, on devrait dire : “j’analyse les données que je trouve, et j’espère en déduire une information”. C’est encore plus vrai quand on se place en position de veille attentive, à l’affût d’un signal. Il est clair que le signal n’est pas une alerte, un ordre ou un commandement que nous recevons et qui porte en lui-même tout son sens, mais qu’il est bien issu de notre propre analyse, de notre réflexion plus ou moins instantanée, qui exploite des repères sémantiques, qui associés entre eux constituent des trames explicatives. Il ne s’agit pas ici de discuter du bien-fondé ou de la réalité de l’existence de cette trame explicative, mais d’en donner un exemple. A défaut, on pourra se contenter du fait que la notion de validité de cette trame correspond à une accroche cognitive préalable et particulière à chacun, qui agit un peu à l’image d’une longue-vue : le périmètre de vision est restreint mais l’acuité y est fortement augmentée. Si vous avez à peu près la même longue-vue, vous pouvez accepter la validité du signal (le sens donné à l’observation), et dans le cas contraire le signal vous paraîtra vide d’intérêt.

Dans le flot de données d’aujourd’hui qui me parviennent, voici sur quoi je me suis arrêté : hyperinflation. Ce terme depuis quelques semaines apparait de plus en plus fréquemment, bien sur à la place de la déflation. Et aujourd’hui sont apparus dans le champ de vision les éléments détaillés de ce qui constitue un scénario économique :
D’abord le cadre technique et historique : “The Weimar Hyperinflation? Could it Happen Again?” qui a servi d’ancrage à ma propre longue-vue, et notamment la phrase “What actually drove the wartime inflation into hyperinflation, said Schacht, was speculation by foreign investors, who would bet on the mark’s decreasing value by selling it short.”;
Puis les différents faits :
L’hyperinflation n’est pas une conséquence d’une évolution mathématique de l’économie, c’est l’issue visible d’une crise de confiance des acteurs financiers qui finit par s’auto-entretenir et s’auto-justifier par l’intervention de la spéculation.
L’issue de cette phase d’hyperinflation me donne à penser à deux autres tendances, qui servent eux aussi d’ancrages :

2009/04/22

Quand l’émotion nous asservit

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Vous avez peut être entendu parler en février dernier de cette affaire Chauprade, un enseignant en géopolitique pour le ministère de la Défense qui s’est fait virer du jour au lendemain par notre ministre pour avoir écrit “un texte au travers duquel passent des relents inacceptables. Sur onze pages, on nous parle d'un complot israélo-américain imaginaire visant à la conquête du monde.” On aura compris qu’on veut traiter ici du 11/09.

A la lecture des nombreux commentaires sur le blog du Point, on s’aperçoit de plusieurs choses :
  • d’abord du niveau d’argumentation extrêmement faible des tenants de la thèse officielle pour l’explication des effondrements du 11/09, et qui contraste grandement avec la moyenne des messages de soutien à Mr Chauprade; je ne veux pas simplement parler des éléments scientifiques en très grand nombre qui ont été rassemblés depuis 8 ans, comme ici ou la, mais aussi des positions morales et citoyennes préoccupées par la sauvegarde de nos libertés individuelles
  • ensuite du rapport de force entre ces deux positions, largement en faveur du nombre des messages de soutien, sur près de 200 commentaires postés au total
  • enfin du reproche le plus fréquent fait à Mr Chauprade : non pas tant qu’il ait exprimé son opinion mais surtout qu’il l’ait fait en y associant l’armée française par la mention de son travail d’enseignant; on peut penser que c’est bien cela qui a courroucé notre ministre à quelle semaines du rapprochement de la France avec l’OTAN et les USA.
  • et comme le décrit très bien un des lecteurs une prise de conscience graduelleDepuis maintenant environ cinq années, les doutes dans un premier temps, puis les questions précises devenant au fur et à mesure de plus en plus pertinentes, ont commencé à envahir les médias directs non filtrés tel qu'internet. Des films, des images fixes, des commentaires de spécialistes ainsi que des faits difficiles à contredire ont pu ensuite apparaître.”
Cette prise de conscience est rendue si lente par l’effet d’une puissante dissonance cognitive. On en trouve une illustration très synthétique à la page 15 de cet excellent document qui synthétise les éléments d’enquête scientifique effectuées sur le 11/09 par des citoyens de divers pays (NDR: voir la page index de l'étude ici), sans appuis officiels. Voilà ce qu’on peut y lire :

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Plusieurs formulations utilisées nous semblent pertinentes à analyser :
  • la peur qui paralyse : c’est l’émotion qui nous asservit
  • notre conception du monde et nos croyances qui sont le prisme par lequel les informations vont être diffractées avant toute analyse consciente
  • l’inaction n’est pas une solution neutre, puisqu’elle entraîne qu’on devient une partie du problème plutôt que de sa solution
  • le choix est difficile, presque cornélien : notre tranquillité d’esprit au prix du sacrifice de notre liberté
Quand notre conception du monde peut être ébranlée par ce que nous observons, nous luttons irrationnellement pour échapper à ce qui n’est que des faits que nous pourrions très simplement analyser sous un angle rationnel.

Une autre illustration de ce cas de figure est apportée par la Controverse scientifique ou la notion de débat contradictoire en sciences. Par exemple JP Petit, de part ses idées scientifiques si différentes de celles des courants traditionnels de la science (en astrophysique notamment), fait l'objet d'une controverse scientifique publique depuis plusieurs années avec Alain Riazuelo, de l'Institut d'Astrophysique de Paris, et avec Thibaud Damour, de l'Institut des Hautes Etudes de Bures sur Yvette. JP Petit leur offre la possibilité de venir contester oralement et publiquement ses travaux sur la "Géométrisation du modèle d'Andreï Sakharov" (qui est la base de sa théorie de l'univers gémellaire), ce que lui refuse ses adversaires. Cette controverse publique dure depuis 2006, sans que ses adversaires ne lui autorise son droit de réponse, ce qui représente un manquement flagrant et déshonorant à leur premier devoir, en étant que scientifique, de confrontation d'idées. Cette controverse publique est un exemple vivant de la représentation concrète du concept de vérité en science. Tout l'historique détaillé de cette controverse est accessible ici.

On démontrerait facilement qu’une pratique endogame de la science est toujours moins vivace (créative) qu’une pratique qui sait préserver au dessus de tout le devoir du débat scientifique. Les réactions méprisantes et dédaigneuses qui ressortent dans cette controverse de la part des scientifiques en place ne sont rien d’autre qu’un signe d’asservissement de l’individu par son émotion. Mais l’inaction des autres pairs est aussi une marque d’abandon de leur liberté pour conserver sa tranquillité d’esprit. On peut penser que ce n’est qu’une illusion de tranquillité et en science plus que partout ailleurs les faits ont la tête plus dures que les modèles : l’Histoire jugera. Hélas, cette désertion est aussi une défaite collective : une liberté se regagne d’autant plus difficilement qu’elle est facile à perdre, et les petites compromissions alimentent les faillites de toute une société, fut elle savante.

2009/04/18

Bienvenue dans un nouveau monde

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Après un examen scientifique approfondi ordonné par la Cour Suprême en 2007, l'EPA (Agence de Protection de l’Environnement du gouvernement US) a conclu que les gaz à effet de serre contribuaient à la pollution de l'air (merci) mais surtout risquaient de mettre en danger la santé publique.


On peut s’attendre au pays des procès pour tasse de café trop chaude que cette décision ait un impact immédiat sur les gros producteurs de CO2. Il est donc crédible de penser que très bientôt une fourniture de service électronique sera choisie en fonction de son prix mais aussi en fonction de ses émissions de CO2. Dans cette course au moins polluant, et à la réglementation grandissante, le cloud computing industriel a 100 coudées d’avance sur les services d’exploitation des DSI.

Mais on peut aussi souligner que cette décision tombe au moment où les jours de l’industrie automobile privée aux US sont comptés : deadlines le 29 Avril pour Chrysler, et le 29 Mai pour General Motors : soit une reprise et une recapitalisation par une société étrangère, soit banqueroute puis nationalisation.

Les lobbys les plus puissants peuvent ainsi voir leur pouvoir disparaitre en quelques mois, c’est une leçon des temps agités que nous vivons. Les banquiers d’affaire et les PDG des 10 plus grandes banques mondiales devraient s’en inspirer pour montrer plus d’humilité, mais comme les dinosaures ils sont incapables de s’adapter à un changement qui remet en cause leur domination. Ils ne jugent n’avoir rien à gagner à une refonte du système financier international, et s’arque boutent pour ne rien changer (ce lien traite du G20 de novembre dernier mais s’applique aussi à celui d’Avril 2009). Mais ils n’ont pas compris qu’il ne s’agissait pas simplement d’attendre sur le dos des contribuables que la marée d’une récession passagère reflue : les digues du Mur Dollar sont rompues, et en restant sur place ils continueront à être noyés ou balayés, les uns après les autres. Hélas pour tous les autres habitants de la planète, leur inaction nous cause un énorme préjudice, et met en danger les systèmes sociaux en commençant par les pays économiquement les plus fragiles. Cette dimension d’impact universel, même quand la misère explose dans leur propre pays, n’entre absolument pas dans leur calcul de risque personnel qui se borne à faire payer aux contribuables leur renflouement, sans rien donner de leur pouvoir en échange.

Certains pourraient espérer que le gouvernement ne finisse enfin par entendre davantage les éclats de Mainstreet plutôt que les promesses rassurantes des banquiers de Wall Street. Mais si on s’inspire du timing de l’annonce de l’EPA sur les rejets de CO2, il est probable qu’une annonce comparable du Tresor US officialisant la volonté du gouvernement d’en finir avec les rejets de produits financiers toxiques interviendrait moins d’un mois avant la rupture consommée du système et de l’industrie financière internationale. Peut être encore politiquement à temps (et on peut en douter), mais certainement bien trop tard pour limiter la casse économique et sociale.

Autant il semble naturel de se préparer dès aujourd’hui à un mode de vie moins polluant, autant il doit être naturel de se préparer aussi à un monde économiquement très différent. Avec toutes les conséquences géopolitiques et sociales que cela implique.

2008/11/20

Retour sur Pelamis


Ekoolos s'interroge sur l'intérêt et la faisabilité réelle d'avoir un datacenter couplé à Pelamis, ce dont nous avons parlé à plusieurs reprises.
Au plus la houle est forte, au plus Pélamis est efficace. Il faut donc l’installer là ou ça bouge le plus, et le plus souvent possible. Imaginez donc… Vous êtes responsable matériel d’un datacenter flottant, avec des creux de 10m tout au long de l’année, en train de changer des disques durs et des barrettes de RAM. Bien sur, vous ne rentrez pas chez vous le soir et vivez sur place. Tout ça sans parler de l’entretien du bateau, la logistique, les équipes se relayant, le câblage sous-marins (redondant bien sur, c’est un datacenter)…. Alors ?? et oui …. C’est n’importe quoi quand on y pense !!
[...] Alors si quelqu’un d’entre vous a une idée, moi je sèche :)
Je ne sais pas si Google envisage d'installer ses datacenters dans l'océan austral mais peu importe. Une solution pratique à la question posée pourrait être de superviser le taux de panne des éléments d'un module (cf la description du brevet de Google). Personne n'imagine devoir aller changer chaque élément défectueux à chaque panne. Mais comme les éléments les plus sensibles aux pannes (cpu, ram, cartes électroniques) sont justement les plus redondés, nul besoin impérieux de les remplacer immédiatement. Il suffit d'attendre que le taux d'éléments défectueux ait dépassé le seuil pour venir remplacer tout le module (étanche) d'un seul coup. Les opérations de remplacement ou réparation ont lieu une fois de retour à terre ou en usine.

Petit bonus pour mes lecteurs : Une courte vidéo d'un Pelamis réel en action est visible sur cette page.


T'as fumé ?


Le Monde 2 nous propose un article de synthèse sur Google : "Peut-on tout confier à Google ".

J'aurais aimé que cette question tout à fait centrale soit bien plus amplement fouillée plutôt que de présenter un historique et un business modèle qui n'a de secret pour peu de personne, mais outre ce fait, je ne peux m'empécher de relever un contresens :
" ...noirs fantasmes ou de perversions cachées… L'utilisateur 11574916 cherche "cocaïne dans l'urine". "
Quelle drôle d'idée. Cette recherche n'a rien à voir avec de la perversion, puisque l'analyse des substances dopantes et stupéfiantes (cocaïne) se réalise à partir d'échantillons d'urine. Il est probable que l'auteur de la recherche soit simplement un sportif qui se renseigne sur les méthodes de détection.