Vous trouverez facilement le village de Les Mées dans les Alpes de Haute-Provence, situé au sud de Sisteron. C'est un village pittoresque mais qui recèle surtout, pour qui sait bien chercher, de curieux mystères.
Si vous passez dans la région ce mois d'août, c'est une occasion unique d'approcher l'Histoire de la Provence d'une manière tout à fait particulière. Voici pourquoi.
Le village de Les Mées lové autour de ses rochers. Dans le rond bleu une mystérieuse anfractuosité, que nous allons découvrir. Au loin, la Durance.
C'est d'abord une curiosité géologique. Le village se trouve dans la vallée de la Durance. Le massif des rochers des Mées est dans la continuité du plateau de Valensole. Il s'est formé il y a 3 millions d'années à partir de ce que les géologues appellent du "poudingue" (déformation francophone du mot anglais "pudding"). Il a été érodé par les pluies, le gel et le vent. Curieusement, dominant le village est restée cette étrange falaise dont les "capucins" atteignent 117 mètres de haut et qui se dressent, en surplomb, au dessus de la vallée.
MAJ 19/02/2017: Il se trouve que la formation géologique des ces Rochers a fait l'objet d'un sujet au bac 2016! Vous pouvez le découvrir dans les pages 3 à 6 du lien suivant:
http://www.sujetdebac.fr/ annales-pdf/2016/s-svt- obligatoire-2016-asie-sujet- officiel.pdf
MAJ 19/02/2017: Il se trouve que la formation géologique des ces Rochers a fait l'objet d'un sujet au bac 2016! Vous pouvez le découvrir dans les pages 3 à 6 du lien suivant:
http://www.sujetdebac.fr/
A gauche, vous voyez l'amorce d'une combe verdoyante, qui se comporte en fait comme un bassin de collecte des pluies. Avant la révolution française de 1789 ce bassin était exempt de végétation. Quand de fortes pluies déboulaient, le village était noyé. A cette époque les Méens ont demandé d'arranger cela. Des ingénieurs ont alors fait creuser une galerie de près de 250 mètres de long, dont vous découvrirez aisément la sortie presque à l'aplomb de la grotte, au niveau du sol. C'est une balade amusante, à faire avec une simple lampe de poche et des baskets, en famille. Ce tunnel débouche dans la combe, où les ingénieurs avaient disposé des digues pour briser la violence des flots et rediriger toute cette eau vers cette "conduite forcée". Elle se prolongeait par un aqueduc, dont il reste aujourd'hui quelques vestiges, et qui renvoyait l'eau vers la Durance. Mais c'est le reboisement qui a davantage sauvé le village de l'eau que tous ces ouvrages.
Ce qui est fort étrange dans cette falaise, et peu connu, c'est ceci :
L'anfractuosité se situant à près de 60 mètres de hauteur, au milieu de la falaise. Totalement inaccessible.
Rapprochons-nous un peu.
Mais que fiche cette croix là-haut, qui l'a posée, quand et comment ? De mémoire de Méens, nul ne le sait... sauf les légendes.
Le problème n'est pas simple car, même avec les moyens techniques d'aujourd'hui le poudingue est impossible à escalader. Cette croix, on trouve sa trace dans des chroniques du XVIIe siècle, et son origine était déjà décrite comme étant un mystère complet. Le Dr Jean-Pierre Petit, à qui j'emprunte ce texte, a été le premier à l'approcher, il y a 47 ans, en descendant en rappel. Impossible alors de la toucher : la falaise est en surplomb, et c'est d'ailleurs cette situation qui a pu protéger ces bois de la pluie. Quelques mois plus tard un alpiniste, Patrice Cordier, a pu la toucher pour la première fois après 2 tentatives infructueuses et 2 jours d'efforts avec son équipe, en descendant en rappel le long d'un canyon latéral, puis en effectuant une traversée horizontale en plantant force pitons créés spécialement pour l'occasion dans ce matériau problématique. Ce faisant, il a réussi à ramener un fragment de la croix, coupé en deux une fois au sol... hélas l'analyse du carbone 14 d'un des fragments par le laboratoire du CEA à Saclay quelques temps plus tard a été un échec.
46 ans plus tard, au bout d'une longue chaîne humaine j'ai récupéré l'autre petit morceau, et j'ai trouvé comment l'analyser avec toute la rigueur scientifique qui s'impose pour une datation archéologique.
J'ai fait effectuer la toute première datation au carbone 14 de la Croix des Pénitents. Je présenterai la démarche, son résultat et le contexte historique de la Croix lors d'une conférence le 17 août 2015 à 17h au cinéma des Mées (en face de la mairie).
Entrée libre.
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En fait, ça sera une conférence à deux car le Dr. Jean-Pierre Petit a aussi des choses extrêmement intéressantes à raconter sur cette affaire, à laquelle il s'intéresse de très près depuis 1968...
Si vous regardez en détail la photo précédente, vous verrez qu'il y a une formation bizarre, au sommet de cette anfractuosité. Voici une vue au télé-objectif prise dimanche dernier par Michel Jacob, photographe à Sisteron :
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On distingue en bas et à droite des traînées blanchâtres qui sont des fientes de corneilles, lesquelles nichent là-haut et disparaissent... on ne sait où. Ce sera l'objet de la deuxième partie de la conférence.
Indiana Jones près de chez vous...
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MISE À JOUR le 03/09/2015:
Le
compte-rendu, l'intégralité des informations présentées et
l'enregistrement vidéo de cette conférence sont désormais disponibles
sur ce lien.
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