Marc Touati annonce les
premiers indicateurs avancés de recession économique en Europe.
Jusqu’à ces dernières années, je remarquais ces fluctuations de l’économie sans rien y comprendre. Comme un chimpanzé au bord de la mer qui voit monter et descendre la marée, et qui ne peut que noter que le marnage est chaque jour différent. L’état de l’instruction de l’économie dans les écoles françaises ne m’y aidant guère, et absorbé par d’autres sujets, j’avais en réalité renoncé à exercer mon droit de comprendre, confiant cette activité aux prétendus spécialistes, qui ne manquaient pas d’être interviewé à chaque épisode turbulent du feuilleton économique.
Quelle profonde erreur. Cette capitulation de la volonté me condamnait à rester un chimpanzé dans le monde économique, et
à laisser à d’autres le soin de comprendre à ma place, et de me dire ce qu’il fallait comprendre.
Je pouvais continuer à remarquer toutes ces années durant les conséquences désastreuses des choix économiques qui étaient pris, mais je n’étais pas capable de les critiquer en proposant une argumentation plus construite vers d’autres alternatives, remisant toujours plus loin le moment de prendre le temps de creuser la question.
J’ai repris du poil de la bête ;) au tout début 2005 en étant confronté à la bulle immobilière. Le moment de me lancer dans une acquisition immobilière avec un lourd emprunt a été un déclancheur suffisamment puissant pour que je prenne le temps de la reflexion. J’ai été rapidement fixé sur la question du marché immobilier, mais cela m’a surtout donné le coup de pouce nécessaire,
accompagné par d’autres internautes et par la lecture de nombreux auteurs, pour passer de manière naturelle d’un intérêt pour ce seul marché à la macro-économie puis à la finance. C’est un exemple de maturation de la réflexion d’un groupe sur son environnement, ce que j’appelle une
prise de conscience sociale.
Après ce long préambule, revenons-en justement à notre environnement économique. Pour commencer, il faut se détacher complètement des données brutes retransmises par tous les médias classiques. Savoir que telle action ou tel indice a fait +0,12% à la bourse aujourd’hui n’a aucune valeur réelle d’information. Pire, l’information est systématiquement découpée en rondelle, fragmentée à l’extrême. C’est un manège pour prétendus experts uniquement, et qui empèche toute prise de recul salutaire pour jauger une situation. Nous nous interesserons donc en premier aux historiques des valeurs.
Oui mais pour quelle valeur ? Quel indice faut’il suivre ? Pour suivre la crise en cours, il faut plusieurs indices, puisque la crise est multiple.
Concernant la crise monétaire, pour diverses raisons sur lesquelles je reviendrai dans de prochains billets, je conseille de commencer par suivre les parités Yuan / dollar, et Yuan / euro. Ca donne ceci pour la première :
et ceci pour la seconde :
La différence de profil saute aux yeux. Elle traduit un affaiblissement continu et important
du dollar par rapport aux 2 autres devises pouvant jouer un rôle de référence mondial. Ce rôle est tenu depuis
Bretton-Woods par le dollar, en remplacement de la livre sterling. Mais le poids historique de cet accord de 1944 cache un nouvel ordre macroéconomique mondial appelé
Bretton Woods II et mis en place de manière
informelle vers 1995, et qui font de la Chine et du Japon les 2 plus gros pays détenteurs de la dette émise par le Trésor US.
Le plateau qu’on oberve pendant plus d’un mois en mai est causé par une intervention massive de la banque centrale Chinoise pour soutenir le dollar. Le semblant d’acalmie ces toutes dernieres semaines peut également s’illustrer par le tassement des cours du pétrole. Mais je pense que la tendance générale n’est ni inversée ni stabilisée. Je m’attends à ce que passé les Jeux Olympiques, fin août, la politique monétaire de la Chine soit beaucoup moins conciliante avec le dollar, et que la glissade continue de plus belle.
Autre pierre angulaire de l’édifice économique, les rehausseurs de crédit. Il n’y en a que 7 dans le monde, et la situation parle d’elle-même pour les plus gros d’entre eux :
Non, vraiment, la crise n’est pas finie.
On se retrouve en septembre pour de nouveaux billets.