2008/10/14

Grosse colère

image L’analyste financier Jim Cramer se fache en direct. (la video est au milieu de la page)

C’était en Aout 2007, au moment des premières secousses d’importance sur les marchés.

Peu importe la date à vrai dire. Pour beaucoup de spectateurs ca a pu représenter le moment d’un début de prise de conscience. “Mais qu'est ce qu'il veut dire exactement ? Pourquoi a-t’il besoin de se mettre dans cet état ? Il se passe vraiment quelque chose, mais quoi ?”.

Ce n’est pas souvent qu’on voit se déchirer le rideau de fumée en direct live.

La guerre financière entre l’Europe et les USA

Pourquoi le plan Paulson ne faisait aucune mention précise des banques à qui le Trésor achèterait les titres dépréciés ?
Pourquoi, alors que le Congrès a été tellement pressé de rendre une décision, l’utilisation précise de ces fonds n’avait toujours pas été communiquée, malgré la descente aux enfers de la semaine dernière ?
Pourquoi l’Europe vient d’adopter un plan très différent du plan Paulson, où les états investissent dans les banques mais ne rachètent que très peu leurs titres dépréciés ?
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Pourquoi dans la foulée de l’annonce européenne le Trésor US utilise enfin une bonne partie des fonds (250 des 700 milliards), mais justement pas pour simplement racheter des titres douteux ?
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Un élément de réponse avec un extrait de cet article :
Europe 'forced our hand'
The Treasury's plan would help the United States catch up to Europe in what has become a footrace between countries to reassure investors that their banks will not default, or that other countries will not one-up their rescue plans and, in so doing, siphon off bank deposits or investment capital.
"The Europeans not only provided a blueprint, but forced our hand," said Kenneth Rogoff, a professor of economics at Harvard and an adviser to John McCain, the Republican presidential candidate. "We're trying to prevent wholesale carnage in the financial system."
On pourra également lire celui-ci, beaucoup plus incisif sur le rôle de “Paulson et ses copains”, dont Georges Ugieux avait fait quelques allusions à demi-mot.
En définitive, avec l’euphorie des bourses depuis hiers, est-ce que la situation du crédit interbancaire s’est améliorée ?
S&P 500 Financial Index : un peu mieux mais ca demande confirmation !image
Indice de volatilité : bonne orientation mais encore très loin de la normale
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idem pour le JPM G7
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par contre ca n’est pas la même histoire pour le TED Spread : un “haut plateau permanent” ?
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USD swap OIS 3 mois…
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… et Libor USD 3 mois
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La différence entre le Libor et le swap OIS stagne également, à une valeur stratosphérique.
Reste le spread CP A2/P2 – AA, mais la Reserve Fédérale n’a pas encore mis à jour les données pour la journée du 13…
En conclusion, je dirai qu’on a plutôt affaire depuis hier à un rebond technique des bourses, et que beaucoup de choses doivent encore se jouer en coulisses.
Mise à jour :
Mish et Roubini ont annoncé quelques heurs après eux aussi la fin du rally (hausse technique des bourses).
Mise à jour 2 :
La Fed a MAJ les données du spread Discount Rate : il n'y a pas de valeurs données pour la journée du 13/10 dans les archives (pourquoi donc ?), et pour le 14 on a toujours des valeurs à 30 jours extrêmement élevées :

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Le succès du mensonge en tant que stratégie commerciale délibérée

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 C'est le titre d'un article des Echos consacré aux chiffres régulièrement communiqués par la FNAIM sur le marché immobilier en France.
J’ai trouvé l’info sur esprit-riche.

Ce n'est pas du tout une surprise pour les connaisseurs de ce marché mais voir ceci dans les Echos n'est pas si fréquent. J'aime bien la stratégie de communication du nouveau président de la FNAIM.


  • Conclusion : on vous ment parce que ça marche. Parce vous êtes crédules. Il faut en avoir conscience.

Personnellement pour l'immobilier je préfère suivre les évolutions données par M. Friggit (Ministère du logement), en gardant à l'esprit qu'il y a hélas 6 mois de décalage avec le marché du jour... c'est le prix à payer, compte tenu de la procédure actuelle de déclaration des ventes par les notaires, pour avoir des chiffres relativement fiables.

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Ces données sont issues notamment de l’indice des prix de l’INSEE :

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On pourrait cependant faire beaucoup mieux en réformant le système pour améliorer la fraîcheur et la transparence des prix des transactions immobilières pour le public. Cette mesure freinerait certainement la croissance des bulles immobilières.

2008/10/12

La transparence des marchés financiers

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Christian Fauré réagit à une question posée à Georges Ugieux sur la mise à disposition publiques des transactions boursières. Cette proposition de mettre en oeuvre une ouverture des données des marchés financiers pourrait-elle résoudre la crise actuelle, au moins faire qu’elle ne se produise plus ? 

Trois points sont importants à considérer, au-delà de la faisabilité technique qui est certainement le point le plus facile de l’affaire :
  • la connexion immédiate avec le domaine du politique, comme le disent d’emblée Christian et également Ugieux
  • le fonctionnement des marchés qui repose intrinsèquement sur une asymétrie d’informations entre les acteurs, comme le dit en commentaire Aleph187b
  • le fait que la crise financière s'est maintenant doublée d'une crise monétaire aux implications encore plus exacerbées dans la vie des habitants (regardez ce qui se passe en Islande)
Pour commencer soulignons que l’asymétrie pourrait perdurer dans les marchés intradays si les données sont publiées et entièrement analysées quotidiennement. De plus certains marchés de gré à gré (par exemple les règlements-livraisons de valeurs mobilières) ne font pas du tout l'objet d'un marché coté et auraient pourtant tout intérêt à être bien mieux publiquement contrôlés qu'ils ne le sont aujourd'hui.
Concernant l'asymétrie d'informations, elle a été démontrée par les travaux de J. Stiglitz depuis près de 20 ans, mais qui sont toujours ignorés par les tenants de l'ancienne théorie du marché “pur et parfait” et de sa main invisible qui dirige le marché.

Cette fameuse main d’Adam Smith m’a toujours fait sourire car finalement elle existe bel et bien, mais elle n’est pas du tout invisible : elle est simplement occultée. Ecoutez par exemple la fin du témoignage de Georges Ugieux, ancien directeur de la bourse de New York, si vous voulez vous en convaincre sur un exemple très actuel. On est bien loin du conspirationisme ou théorie du complot dont la simple évocation est prompte à discréditer son auteur. C’est bien ici la connexion avec certains hommes politiques dont il s’agit, à ne pas confondre avec le domaine politique que soulignait Christian. On pourra aussi relire à ce propos mon billet récent à propos des marchés financiers et poursuivre par les ouvrages de Stiglitz qui détaillent fort bien les ressorts à l’oeuvre dans le scandale Enron.

Georges Ugieux parle également d’idéologie (ici des Républicains), mais les faits des dernières semaines montrent bien que pour ces dirigeants il ne s’agit que d’un apparat de bonimenteur dont on se défait dès que l’appât du gain personnel (terme encore employé par Ugieux) inspire une autre orientation. J’évoque par là la vague sans précédent des nationalisations aux US et des limitations imposées aux marchés, qui ne sont d’ailleurs certainement pas terminées.

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  Cette prise de conscience se diffuse de plus en plus largement dans notre société. Encore une fois les faits, signaux d’alertes et les dangers étaient pourtant largement disponibles depuis longtemps. Georges Ugieux parle ainsi de la prise de conscience que les marchés financiers ne peuvent pas s’auto-réguler. Stiglitz l’avait déjà démontré en détail depuis 10 ans, à partir de l’analyse de la dérèglementation des marchés de l’énergie par exemple. Mais sa voix et celles de nombreux autres, si elles ont été entendues, n’ont pas pu être comprises par notre société qui préfère les (dé)considérer comme des Cassandre, puis les oublier, ou du moins les tenir à un niveau sonore suffisamment faible pour ne pas avoir à se remettre en question. On ne se rappelle d’eux qu’au moment du désastre collectif.

Tout se passe comme si une société humaine n’aimait pas avoir à se transformer par un acte de volonté propre et par anticipation : elle préfère y être précipitée. C’est la diffusion, la maturation de ce type de connaissance dans la conscience sociale qui en filigrane m’intéresse particulièrement dans ce blog, car elles mettent en évidence les freins que l’on s’impose ou que l’on accepte.

2008/10/08

Le cloud computing et la sécurité du Système d’Informations : une question de myopie ?

Voilà que surgissent les premières critiques un peu argumentées contre le modèle du cloud computing. Jusqu’à présent on en était resté à brandir des épouvantails : “oui, mais et la sécurité pour les systèmes hors de l’entreprise ?”
Cette question trouve sa réponse depuis bien longtemps dans les prestations d’infogérance, ou dans l’utilisation courante des moyens de paiement. Chacun de nous utilise sa carte bancaire sur internet, et la transaction de paiement passe dans la plupart des cas par un prestataire certifié qui n’est pas une banque, par exemple SIPS d’Atos Worldline. C’est encore plus fréquemment le cas pour les systèmes de cartes anonymes prépayées. Mais je voudrais aller plus loin dans ce billet.
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Lire la suite de mon billet sur le blog d'Atos Origin.