Voici la version longue de mon article publié ce mois-ci en version courte dans le Magazine d'Anticipation Politique
numéro 8, qui comme chaque numéro est traduit en plusieurs langues:
français,
allemand,
espagnol,
anglais.
Cette version longue de l'article n'est diffusée ici pour l'instant qu'en français. Elle constitue la partie 2 de cette série d'articles sur les Etats-Unis aux XXème et XXIème siècles. La partie 1 est
ici.
Mise à jour 05/2014: la Partie 3 est publiée.
L’inéluctable contre-révolution du peuple américain
Chaque génération a besoin de sa nouvelle révolution.
(T.
Jefferson, 1743 – 1826)
Quand l'extraordinaire devient quotidien, c'est qu'il y a révolution.
(M. Leiris, 1901 – 1990)
La République étasunienne a connu des transformations
extraordinaires et en continu, en particulier depuis septembre 2001. Nous devons attribuer à
ces changements le nom de révolution, ou de coup d’État permanent, qui a
progressivement ramené les institutions de la République étasunienne au rang de
simples simulacres. Cette révolution est une Grande Régression, c’est-à-dire un
mouvement qui ne s’inversera qu’avec la victoire d’une contre-révolution menée par le peuple américain, dont les premiers
signes d’existence se font jour. Au terme de cette longue lutte, aucune des
institutions fédérales actuelles n’y survivra sans être au mieux profondément transformée.,
Une partition à 4 mains
La crise systémique globale se traduit avant tout par une
crise du statu quo, lequel caractérise une époque où les changements bien que
présents et profonds sont peu nombreux et très peu perceptibles à la surface ou
dans les médias grand public. La crise agit donc comme un dévoilement,
conjointement à une accélération de la dynamique de changement, tout en
conservant les tendances lourdes. C’est pourquoi il est si déterminant
d’examiner les évolutions de la République américaine sous un angle dynamique,
au lieu du constat statique habituellement limité à une photographie
instantanée de la situation. Nous identifions quatre forces principales, souvent antagonistes,
à l’intensité variable dans le temps et dont la résultante à chaque instant explique
la situation dans le passé, dans l’actualité et à venir :
- la dynamique de la morale, qui produit des
idéologies au sein de la société ;
- la dynamique sociale des échanges entre
individus, produite par l’idéologie dominante (ce qui inclut entre autres tous
les éléments de l’analyse économique classique) ;
- la dynamique extérieure, celle mise en œuvre par
les autres pays au travers des relations (commerciales, financières, monétaires,
militaires, politiques etc.) entre gouvernements et organisations; la
politique étrangère vise à influencer ces relations pour obtenir des actions
favorables au pays ;
- la dynamique politique interne, produite par les
rapports entre les citoyens, les organisations et le gouvernement fédéral, et
dont une partie essentielle est la justice.
Une pensée inadaptée au XXIème siècle
La dynamique de la morale est celle qui évolue le moins
rapidement. La production et surtout la diffusion d’idéologie dans la société
exigent des décennies. Le néolibéralisme est dominant, et l’écologie politique
encore balbutiante aux US. Dans le supramonde [56] au pouvoir, l’idéologie d’un
exécutif fort a oblitéré toute pensée alternative.
Les forces progressistes sont désorganisées et dans le vacarme des médias dominants sont réduites à n’élaborer que des
stratégies de résistance individuelle au mieux, sinon d’alertes ou de réveil
des esprits confortablement engourdis, mais pas des organisations politiques
pour propager des idées de justice sociale fondamentalement neuves .
La religion n’a qu’un rôle conservateur, à la différence de ce qui s’est
produit en Afrique du Sud. Les citoyens en sont réduits à accumuler stock et
munitions en attendant le pire, et c’est pour cela que c’est ce qui se produira.
Pour les inégalités, veuillez vous adresser à l’étage supérieur
La dynamique sociale aux U.S. fait l’objet de très nombreux
bilans et
mesures
depuis le début de la crise systémique. Nous ne donnerons ici que trois
illustrations, la première sur l’évolution sur un siècle des tranches de revenus
aux U.S. ; la suivante sur le programme d’aide alimentaire aux US
depuis 1976; et la dernière qui montre la différence d’évolution des plus gros
revenus entre les U.S. , UK, France et Canada :
L’idéologie de la société U.S. est exclusivement orientée
vers le principe de liberté. Comme attendu, cette conception tronquée a conduit
à sacrifier au bout du compte l’égalité des individus, et à autoriser les
crimes au nom de la liberté.
La vague de l’expansionnisme reflue
Concernant la dynamique extérieure, la crise systémique
globale a aussi révélée que les États-Unis étaient parvenus au terminus de leur
phase d’expansionnisme. Leurs alliés ou vassaux traditionnels se sont au fil
des années retournés contre eux (Iran, Philippines, Iraq, Chili, Pakistan…),
privilégient d’autres relations (Brésil, Afrique du Sud, Inde et maintenant la
Chine et l’Australie) ,
prennent des velléités de souveraineté (Japon et sa politique monétaire), ou
sont sur un profond déclin (UK ).
Un nouvel ordre monétaire international est en préparation active pour
supprimer le rôle pivot et exorbitant du dollar, et les U.S. n’ont plus aucun moyen de s’y opposer. S’ils choisissent de ne pas
y participer, ils se mettront eux-mêmes hors du système mondial comme l’URSS
après Bretton Woods. L’expansionnisme ne peut plus se financer.
Le 12 Septembre 2002,
G.W.
Bush annonçait devant les Nations Unies l’intention de la présidence des
États-Unis d’attaquer préventivement l’Iraq, en opposition aux lois
internationales en vigueur. Aucun délégué n’a protesté et l’invasion a commencé le
20 mars 2003. Ce jour-là, le cadre
multilatéral des lois internationales a été en pratique réduit à la loi de la
jungle, parce que ce droit international n’a pas été exercé et garanti. Ce jour
est notable par la marque de l’impérialisme américain sur l’ensemble des
relations internationales. Cette idéologie est une tendance de fond qui
détermine de manière continue la politique étrangère des États-Unis depuis le
génocide des guerres
indiennes, et celui des
Philippines.
Cette longue expansion qui a été la source de leur croissance est désormais
inversée. Les U.S. se sont retirés d’Iraq, bientôt d’Afghanistan et ce sont
aussi les 88000 militaires basés en Europe qui vont être rapatriés aux USA ou en Asie. Mais recycler un complexe
militaro-industriel dans les activités civiles est très difficile et lent,
comme les U.S. en ont fait l’expérience en 1946-47.
Au nom de ma loi…
Cependant cette agressivité impérialiste, comme à chaque
fois dans l’Histoire, a eu aussi pour conséquence au fil des décennies la
déstabilisation croissante de l’équilibre des pouvoirs dans la République étasunienne,
par l’intermédiaire d’une économie prioritairement basée sur le
Keynésianisme
militaire. Cette déstabilisation s’est fortement accélérée depuis le 11
Septembre 2001. L’ensemble des libertés individuelles ont alors été l’une après l’autre si
profondément remises en question au fil des semaines et des années, le rapport entre citoyens
et État et le droit constitutionnel si profondément remaniés que seul le qualificatif de Révolution est adéquat selon nous. C’est un effet
boomerang historiquement inévitable qui aurait dû être perçu par tous au moment
où le Keynésianisme militaire est devenu une institution au moment de la guerre
de Corée, et perdurant sur plusieurs générations. L’appareil d’État « profond », celui qui demeure inchangé lors des
élections ou qui garde son pouvoir d’influence intact par le truchement des
portes tambour,
a assimilé et prolongé ces idées.
La situation politique actuelle de la République américaine est
simplement résumée par le Pr. Chalmers Johnson : dans les faits, la
séparation des pouvoirs –l’élément le plus fondamental de la Constitution– a
disparu. La nouvelle forme du pouvoir n’a pas remplacé ou dissous les institutions du
Congrès et de la Cour Suprême, comme l’aurait fait un pouvoir dictatorial issu
d’un coup d’État franc et net, ce qui a permis de laisser croire que les
simulacres constituaient toujours une branche du pouvoir, à la fois vis-à-vis
de la stabilité interne du pays et de celle des relations internationales. Ces
années de persistance des institutions obsolètes ont trompé la vigilance des
citoyens, bien que des cris d’alertes aient été lancés dès 2002. Sans moyen d’exercer la garantie des droits des citoyens, les libertés de
ceux-ci (les 10 amendements de l’U.S. Bill of Rights) ont ensuite été rognées
en quelques années par de nouveaux textes.
Le gouvernement des U.S. était déjà connu depuis des
décennies pour ses manœuvres secrètes visant à favoriser sa politique d’« expansionnisme »
international, qui sont révélées et confirmées après des dénis forcenés. Ces pratiques ont perduré mais le pouvoir exécutif après le 11 Septembre les a
étendu sur le sol américain et a de plus ouvertement franchi le Rubicon : il a régulièrement imposé
ses conceptions unilatérales, que ce soit comme on l’a vu en ne permettant plus
la garantie du droit international ou celle des libertés individuelles, par le
biais de nombreux ordres exécutifs ou de « signing statement » du
Président sur une loi votée par le Congrès, en invoquant systématiquement un
caractère exceptionnel ou temporaire, un nouveau paradigme, de nouveaux
concepts inutiles et abscons artificiellement placés hors du champ des lois ,
un état d’urgence, bref un caractère irréversible d’une politique de sécurité
nationale dont la mention suffisait à éliminer toute réflexion.
Le pouvoir législatif a lui systématiquement échoué à exercer
son pouvoir constitutionnel en limitant les abus de pouvoir de la Présidence :
« For the last four years, a republican Congress has done almost nothing
to rein in the expansion of presidential power.
This abdication of responsibility has been even
more remarkable than the president’s assumption of new powers ». Pire, le Congrès a régulièrement fait en sorte de voter des lois qui rendaient
légaux les abus de pouvoir des précédents ordres exécutifs. Un Congrès et un président Démocrate n’ont strictement rien changé de cet état
de fait, ni n’ont rétabli ce qui avait été bafoué. La tendance lourde de
l’ «
unitary
executive power » s’est poursuivie strictement inchangée parce qu’elle
est désormais institutionnalisée.
La branche judicaire enfin n’est pas davantage un
contre-pouvoir que le Congrès. Dans les faits, la Cour Suprême délègue ses
décisions à des cours plus mineures, dont les juges sont davantage attentifs à
ne pas froisser le pouvoir exécutif. C’est ainsi que le système judiciaire U.S.
a pu reconnaitre et confirmer le fait que l’État avait le droit de kidnapper,
de déporter et de torturer un homme totalement innocent, sans le juger, sans le
recours à un avocat, sans lui faire d’excuses ni lui verser des dommages et
intérêts. Cette dérive continue de nos jours avec le procès de Manning ,
ou l’absence flagrante de procès des responsables des très nombreux scandales
financiers mis à jour depuis 2008. Cette défaillance éclatante de la justice,
plus que toute autre, est signe d’une faiblesse mortelle de la démocratie : “Justice is itself the great standing policy of civil society; and any eminent departure from it, under any circumstances, lies under the suspicion of being no policy at all.”[25] Elle révèle aussi la collusion entre le système exécutif et Wall Street.[26] Cela n’a rien d’étonnant, l’histoire politique depuis César nous a appris la régularité des dérives fascistes d’un pouvoir exécutif fort.[27]
Pour couronner le tout, certains dirigeants américains n’assument pas leurs décisions passées. Ils ne veulent pas admettre que ce sont eux ou leurs prédécesseurs qui ont brûlé les navires. Ils rejettent la responsabilité sur le terrorisme. Aussi, la politique sécuritaire des Etats-Unis, au lieu de favoriser sa cohésion sociale, divise encore davantage.[28]
… je vous arrête !
La mort d’Aaron Swartz le 11 janvier [29] nous rappelle celle de
Mohamed Bouazizi, qui s’est lui aussi suicidé à 26 ans en signe de protestation ultime contre la politique de son gouvernement. Son geste sera un symbole pour toute une génération de jeunes qui se reconnaîtront en lui. De la même manière, la mort d’Aaron Swartz est aussi un geste politique, celui d’un homme persécuté par un système judiciaire qui trahit ses citoyens au lieu de les protéger [30]. Les deux années de procédures kafkaïennes [31] où le procureur outrepasse sans aucun contrôle l’esprit et la lettre des lois [32] dans le seul objectif de contraindre par cette menace Aaron Swartz à se reconnaître coupable [33] ne nous rappelle rien d’autre que Le Procès [34], dans lequel un homme de 30 ans est brusquement entraîné dans un système judiciaire arbitraire, inhumain, absurde et meurtrier.
Dernier Recourt
La lutte et la fin d’Aaron Swartz présentent tous les ingrédients pour accélérer une
prise de conscience au sein de la communauté connectée. Comme tout symbole, il est fédérateur.
La partie change de dimension, mais pas de perspectives. Les nouveaux acteurs ne se sentent pas seulement concernés ; ils se sentent eux-mêmes visés par les intentions politiques d’un système judiciaire coercitif, qui ignore superbement les dérives extraordinaires des acteurs du système financier et qui persécute en même les défenseurs des libertés individuelles. Cette idée du sens commun de la justice bafouée est capable de fédérer au-delà des frontières traditionnelles des partis. Ce n’est pas un petit groupe d’hommes politiques qui est remis ouvertement en cause, mais bien la réelle légitimité d’un système de gouvernement qui autorise de tels traitements judiciaires. C’est donc une profonde crise politique qui vient de franchir un nouveau palier.
Après la disparition des droits protégeant les individus dans les textes de lois, les effets directs sur la vie des citoyens américains ne font que commencer. Ceux-ci réagissent et la radicalisation du mouvement de contestation [35] apparaît dès le 25 janvier avec le
hack d’un site du ministère de la Justice par Anonymous qui lance la phase publique de la mobilisation «
Last Resort » (Dernier Recourt). [36]
Il s’agit ici d’une action à visée médiatique mais avant tout libératoire, qui se déroule d’abord sur Internet et au-delà des lois en vigueur, à la différence du mouvement Occupy. Le message diffusé [37] à cette occasion par OpLastResort exprime très clairement plusieurs motivations qui ne se limitent pas à la dénonciation de pratiques ou de projets de lois liberticides:
- Qu’il s’agit d’une opération préparée de longue haleine en réponse aux arrestations d’hacktivistes en 2012 ; Que son déclenchement est la conséquence de la mort d’Aaron Swartz, directement causée par la persécution d’État dont il a fait l’objet ;
- Que le sens commun de la justice est au-dessus de l’expression de la loi par l’État, quand celle-ci est perçue comme une trahison de l’intérêt des citoyens ou de leurs libertés ; On doit ici rappeler les persécutions judiciaires menées par le gouvernement contre les autres sonneurs d’alarme [38] ;
- Qu’il n’y a pas de volonté de négocier ; c’est un ultimatum qui est lancé au gouvernement pour qu’il lance une réforme en profondeur des nombreuses lois liberticides; Qu’il ne peut y avoir qu’une seule issue : la mise en place par le gouvernement des réformes exigées. Le combat ne cessera pas avant cela ;
- Que le message s’adresse aux citoyens du monde entier, et pas seulement aux Américains même si c’est seulement ce dernier qui est visé ; c’est une caractéristique essentielle de ce mouvement de contestation, qui recrute des membres actifs au-delà des frontières, même pour des causes dont on pourrait naïvement penser qu’elles ne concernent que les citoyens américains.
Pointer les noms derrière la finance
OpLastResort annoncera plusieurs hacks successifs de sites gouvernementaux en février 2013. Le premier s’est accompagné de la diffusion de plusieurs archives cryptées, sans la clé de lecture. Elles contiennent sans doute des informations récupérées sur des sites fédéraux. Ce choix de diffusion, s’il vise explicitement à contacter de manière sécurisée des journaux, n’utilise pas les procédures déjà rodées du canal Wikileaks. Cela a surpris la communauté et entraîné un doute chez les médias qui redoutent déjà de ne plus être protégés par le premier amendement [39], jusqu’à la diffusion le 4 février d’une liste de 4600 noms de hauts représentants des institutions financières des U.S. avec leurs coordonnées et mots de passe (cryptés), obtenus en hackant certains sites de la Reserve Federale US.
Le même jour, Bloomberg annonçait qu’Obama avait l’intention d’accélérer la publication d’un ordre exécutif présidentiel permettant d’accroître la cybersurveillance [40] dans la lignée de la proposition de loi
CISPA. L'escalade continue.
L’inéluctable contre-révolution
Le bilan est très sévère, mais il doit être dressé et prolongé dans ses tendances lourdes car on ne peut espérer modifier sa route en restant aveugle et sourd.
La République américaine est morte. Ses institutions sont réduites à des simulacres. La valeur symbolique qu’elles portent encore aux yeux du peuple suffit à prolonger leur existence. Pourtant, elles n’apportent aucun service, aucun bienfait aux citoyens. Ceux-ci ont été trahis par leurs élites, par appétit de pouvoir, par lâcheté, par rapacité. Le supramonde [56] ne changera jamais volontairement d’idéologie, bien qu’il puisse y avoir quelques transfuges qui quittent leur camp.[41]
Le peuple américain a pourtant eu plusieurs occasions de confondre ses oppresseurs, mais à chaque reculade l’effort nécessaire pour la suivante était de plus en plus grand et leurs adversaires de plus en plus nombreux et puissants. Le jour devra obligatoirement venir où les questions sur les assassinats de
JFK, du
11 Septembre ou de tant d‘autres affaires [42] qui hantent la conscience collective pourront recevoir de vraies réponses officielles. En attendant cette commission Vérité et Réconciliation, le peuple américain se retranche dans son Fort Alamo. L’assaut a commencé, les
premiers coups de feu tirés.
Encore présentes dans l’imaginaire, les libertés ne peuvent plus être exercées dans les faits. On rend un culte à la feuille de papier de la Constitution illuminée derrière une vitre blindée pendant que les derniers défenseurs des libertés sont menacés ou emprisonnés. On devrait faire du texte du Bill of Rights un tableau intitulé « Ceci n’est pas la liberté », dans le style de Magritte. La Révolution a déjà eu lieu, et le peuple a perdu le pouvoir, puis ses libertés individuelles, ses économies, son emploi, puis ses futurs revenus et ceux de leurs enfants qui devront payer des dettes contractées par les élites. Il a aussi perdu sa santé, son espérance de vie, les espoirs d’éducation pour ses enfants. Et perdu encore, mais depuis bien plus longtemps, toute possibilité d’égalité dans la société multiculturelle américaine.[43]
Il ne lui reste qu’une partie de ses illusions dont il lui faudra apprendre à se débarrasser, ainsi que son fusil.[44] Il a compris qu’il ne devait jamais le remettre au gouvernement, quoi qu’on lui dise. Cela peut le sauver de l’esclavage, mais hélas pas de la désolation de la guerre civile (ou rébellion).
Celle-ci est inévitable car l’appétit de pouvoir, ne pouvant éviter le reflux de son expansion et de l’arrêt de son financement à l’échelle internationale, est en train de se retourner de plus en plus ardemment vers l’intérieur de ses frontières.
Ces affrontements provoqueront à coup sûr une sécession [52], et une déstabilisation en cascade du Canada, du Québec, des îles Caraïbes et surtout du Mexique.
Elle sera concomitante avec une explosion des tensions entre groupes ethniques.
Elle entraînera à coup sûr la faillite du dollar, qui accélérera l’effondrement de l’empire US. De multiples dévaluations n’y changeront rien.[45]
Mais le vrai combat ne se jouera pas à coup de rafales, de drones, d’armures exosquelettes, d’IED, de rafles ou de cyber guerre. Il se jouera d’abord dans les cœurs, avec le courage, et là où tout a commencé : dans les esprits. Un peuple ne peut vaincre que fédéré par l’espoir qui est porté par de nouvelles idées. Il ne se bat pas pour survivre : avoir un futur ne signifie pas simplement vivre demain. Il est nécessaire de savoir pourquoi on va vivre demain, pour vivre
quelle sorte de vie. C’est le contenu de cette contre-révolution idéologique qui est la pièce manquante dans l’esprit du peuple américain. C’est celle qui lui permettra de se relever, et de recréer un État (ou plutôt plusieurs) qui auront fait table rase des institutions actuelles.
Voilà les tendances lourdes. Dans ce maelström, la séquence exacte qui sera suivie peut être très variable mais tous les chemins conduisent au même aboutissement. Que ce soit en commençant :
- par une pression accrue sur le front monétaire international, [46]
- par celle de citoyens qui vont tester les réactions du gouvernement en voulant vérifier l’exercice de leurs droits, [47]
- par une implication grandissante des citoyens dans les débats de la société civile U.S. En effet si votre implication vise à critiquer les positions du gouvernement, l’United States Military Academy (USMA) vous classe alors parmi les activistes violents d’extrême-droite, [48]
- par un boycott à grande échelle du système, [49]
- par un renforcement de la politique sécuritaire continuant le chemin vers la loi martiale (Alerte Rouge) [50] ou la confiscation des armes, [51]
- par une action d’insurrection menée par des partisans de la suprématie des Blancs ou bien proches du Tea Party [52]. C’est le type de scénario d’intervention militaire contre le peuple américain auquel l’armée se prépare depuis 2010, [53]
- ou même par une nouvelle volonté du gouvernement d’interrompre momentanément l’escalade liberticide pour apaiser les tensions, [54]
- ou par une démission du Président, [55]
l’état insurrectionnel est imminent d’ici la fin du mandat d’Obama, sachant que le supramonde [56] au pouvoir tient par-dessus tout à le conserver, que l’ultimatum d’OpLastResort restera lettre morte, et que la pression de la dynamique extérieure ne diminuera pas.[57] Des événements brutaux ou réactions extrêmes pourront toujours accélérer sa venue.[58] Les médias de masse ne parleront que d’insurrection, pas de guerre civile, et abuseront sans doute des qualificatifs de terroristes. Dans le même temps, rien ne retardera l’inéluctable contre-révolution du peuple américain.
Voir la
vidéo (ou le texte complet
ici).