Ces résultats présentent toutefois 2 limitations sérieuses :
- Odoxa reconnaît que 20 % des répondants affirmant aller voter au 2ème tour sont encore indécis sur leur choix et ne se prononcent pas ; les reports sont donc calculés sur la base des autres répondants;
- la marge d’erreur présentée correspond à celle d’un sondage par tirage aléatoire. Le sondage a utilisé la méthode des quotas, pour laquelle il n’existe pas de méthode mathématique connue déterminant la marge d’erreur.
Ceci dit, nous avons utilisé ces intentions de report dans notre
précédent modèle
de calcul de report de voix.
Nous obtenons Macron 56,5% et Marine Le Pen 43,5%, avec une
proportion d’abstention+blanc+nul RECORD de 40,3 %
(précisons-le à nouveau : avec l’hypothèse que le choix
final des 20 % d’indécis ne modifie pas cette répartition).
Ces résultats d’Odoxa ont été obtenus avant l’annonce du
support de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen, avant la
publication de la vidéo de Jean-Luc Mélenchon annonçant son refus
de soutenir l’un des deux candidats et avant le résultat de la
consultation lancée auprès du mouvement La France Insoumise qui ne
sera connu que le 2 mai.
Il est important de noter que les votes non exprimés au 2ème tour profiteront indirectement
à Macron puisqu’il a obtenu plus de voix au premier tour. En
effet imaginons que 100 % des électeurs des autres candidats
s’abstiennent au 2ème tour : Macron aurait à nouveau plus de
voix que Le Pen, et gagnerait.
Nous pensons que la proportion des votes non exprimés sera au
final autour de 30 % comme au second tour de la présidentielle
de 1969 (plus haut historique) car beaucoup d'électeurs comprendront que malgré
leur réticence ils ne peuvent pas de défausser. Cette élection est un moment historique de la France.
En conservant les intentions brutes de reports d’Odoxa
(50 % de Fillon vers Macron, et 40 % des reports de
Mélenchon vers Macron), nous avons calculé les reports minimum vers
Le Pen et vers le vote non exprimé qui sont nécessaires pour
arriver à l’équilibre au 2ème tour (50 % pour chaque
candidat).
Nous obtenons alors les résultats suivants au 2ème tour :
- Reports de Fillon vers Le Pen : 33 % (et vers non exprimé : 17%)
- Reports de Mélenchon vers Le Pen : 60 % (et vers non exprimé : 0%)
- Total Abstention + blanc + nul : 32,4 %
Les résultats détaillés sont consultables ici.
Ils sont compatibles avec ceux du simulateur de BFMTV, mais plus précis que lui.
Observer un tel report des électeurs fillonistes est tout-à-fait
possible. Par contre observer 60 % de report de la France
Insoumise vers Marine Le Pen est beaucoup moins probable… sans être
impossible !
Et même si Macron l'emporte, ce sera sur un score bien moindre que celui de Jacques Chirac en 2002. Car l'enseignement majeur de ce premier tour, c'est que l'esprit de souveraineté de la France s'est une nouvelle fois levé au sein de notre peuple, et rien ne pourra empêcher qu'il se fortifie et s'impose contre ses adversaires, le moment venu.
Le combat souverainistes contre mondialistes financiers
Nous identifions deux éléments clés du second tour.
Tout d'abord 30 % des votants de 18 à 25 ans ont voté pour la
France Insoumise. C'est de très bon augure pour la vivacité de notre démocratie. Ils sont d’abord attirés par cette espérance de
souveraineté, de liberté à reconquérir, plutôt que repoussés
par un FN dont ils n’ont aucun souvenir de son fondateur si ce
n’est par média interposé. Le PCF de Georges Marchais n’a plus
rien à voir avec le PCF de 2017, puisque Robert Hue soutient Macron
le néolibéral. De la même façon, le FN des années 70 n’a plus
rien à voir avec le FN de 2017.
Ensuite, on a constaté cette semaine que le « front républicain »
de 2002 n’a pas résisté à l’Histoire. La scène politique
nationale et internationale de 2017 ne peut pas être analysée et
jugée par des réflexes mentaux obsolètes. Le faux duel droite vs
gauche s’est révélé enfin sous son vrai jour : celui d’un
combat souverainistes contre mondialistes financiers. Les seuls
fascistes encore présents sont les fascistes financiers qui menacent ouvertement les candidats à l'élection présidentielle :
Interview de Jean Lassalle, candidat officiel à l'élection présidentielle
Dans ce combat, 4 propositions de force sensiblement équivalentes
ont émergées au premier tour. La première ligne de défense a été
prise. Les masques tombent et les législatives seront l’objet
d’une profonde recomposition. Les digues du PS et LR ont cédé, à
force d’ignorer les vrais
débats. Macron a définitivement assassiné le PS et son
programme économique est néolibéral, Reaganien. Les électeurs du
PS vont-ils massivement se soumettre et supporter leur assassin
politique, ajoutant la honte à la trahison dont ils ont fait
l’objet ?
Interview de l'économiste en chef de la banque d'affaires Chevreux à Paris
La politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit.
Allocution du général de Gaulle, le 20 mars 1964