2008/11/16

Les paradis fiscaux au cœur de la crise financière

Voici une synthèse éclairante par NovEthic des griefs reprochés aux paradis fiscaux.


Puisqu'on mesure mieux l'importance d'un sujet par des chiffres, cet article nous en procure à foison :
  • ils sont les 2ème détenteurs d’obligations d’état américaines
  • A elles seules, les îles Caïman occupent la 5ème place financière mondiale avec 80% des fonds d’investissement du monde, gérant plus de 1000 milliards de dollars d’actifs. Le même rang que celui occupé par la France…
  • ils abriteraient aujourd’hui 11 000 milliards de dollars d’actifs (5 fois le PNB de la France)) et 2,5 millions de sociétés écrans, échappant à la finance internationale légale
  • la moitié sont situés en Europe (Londres, Suisse, Luxembourg, Monaco, Lichtenstein, Andorre, Jersey...)
  • 4000 banques y « résident », tout comme les 2/3 des hedge funds (fonds spéculatifs)
  • « 50% des flux financiers transitent à un moment ou à un autre dans ces zones de non droits, détenues par des acteurs financiers en dehors de toute règle, poursuit Daniel Lebègue. Pas de banque centrale, pas de commission bancaire de surveillance, pas de contrôle. Personne ne sait quels sont ces actifs, où ils sont investis et quels sont les risques qui sont pris ».
  • Cette spéculation ne correspond pas aux besoins de l’économie réelle. Des milliards d’euros (2000 milliards aux Etats-Unis) sont confisqués par ces fonds qui jouent sur le court terme et qui, dans la débâcle actuelle, vendent à fonds perdus… Privés de tout moyen d’action et de contrôle, les Etats sont également privés de ressources fiscales indispensables au fonctionnement des entreprises et des services publics. Cette évasion s’élève selon les estimations entre 100 et 150 milliards de dollars pour les seuls Etats-Unis.
  • Directement visées, les multinationales représenteraient 500 milliards de fuite de capitaux.
    L’une des pratiques courantes des entreprises réside dans la manipulation des « prix de transfert » : les multinationales revendent leurs produits à une filiale logée dans un centre off shore, sans profit, qui les revend ensuite dans le monde sans avoir à payer de taxes ni d’impôts. Ce procédé, qui permet de déplacer ses profits dans une zone détaxée, concerne selon l’OCDE 50% du commerce international.
Tous ces procédés ne servent en définitive qu'à détourner l'argent des Etats, donc à affaiblir les démocraties. C'est un prélèvement sur la vie de milliards de personnes aux seuls bénéfices d'une "élite" de riches spéculateurs et de CEO / PDG peu scrupuleux (cf les affaires Enron, Worldcom...), ainsi que dans une moindre mesure des affairistes, intermédiaires et traders qui s'occupent de ces opérations.
L'utilisation des paradis fiscaux est une composante de l'effilochage de la démocratie qui est un processus corrosif pour le maintien de nos Etats. Wendy Brown, dont on peut lire le récent Les Habits Neufs de la Politique Mondiale, utilise le terme de processus de dé-démocratisation.

Quelques sites à visiter régulièrement sur le sujet du blanchiment d'argent ou de l'évasion fiscale, désormais beaucoup plus visibles depuis que MM Sarkozy et Obama rivalisent de déclarations tonitruantes à leur encontre :
Update 29/02/2012 :


2 commentaires:

  1. Pas facile de s'attaquer aux paradis fiscaux, quand on sait que les etablissements financiers surfent sur la vague et que les etats sont etroitement dependants des secteurs fianciers de par leurs dettes publiques.

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  2. C'est vrai que ce n'est pas facile, quand on mesur ici le degré d'emprise de l'économie virtuelle sur l'economie réelle.
    Mais les etats qui sont trop dépendants de la finance pour leur croissance ont commis une énorme erreur stratégique : ca va leur couter leur position et leur influence (USA, UK en premier lieu) car l'economie réelle finit toujours par rattraper le virtuel. Les banques maladivement dépendantes du casino ne se feront plus financer par les Etats qui n'ont plus les moeyns de recapitaliser gratis. Comme tous les passifs ne sont pas encore épurés dans les comptes (je rappelle qu'un dérivé côté AAA vaut 28 cents le dollar, et un AA vaut 4 cents le dollar actuellement !) ces banques doivent finalement disparaitre. Ainsi l'étau de l'influence de la finance sur les Etats va s'affaiblir. Et ceux-ci ont compris qu'ils ne pouvaient plus financer leur croissance par du PIB virtuel issu du casino. D'où les premiers efforts en cours de redéfinition complète de la notion de PIB qui ne permette plus de maquiller les comptes avec de la croissance virtuelle. Il faut bien comprendre que derrière le terme d'Etat, de développement, il faut entendre peuples, générations, habitants, et possibilité de futur.

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