2008/09/30

La Commission européenne lance une consultation publique sur le Web de demain

Voilà une initiative publique de l'Europe qui aurait la capacité de changer notre société, si nous savons saisir cette occasion pour exprimer notre créativité. A vos plumes !
" La Commission européenne a exposé comment l'Europe devait réagir à la révolution en cours dans le domaine de l'information, qui va s'amplifier dans les années à venir avec l'émergence de nouvelles tendances telles que les réseaux sociaux, le basculement vers les services commerciaux en ligne, les services nomades basés sur le GPS et la télévision mobile et le développement des étiquettes intelligentes. [...]
Les nouvelles applications technologiques nécessiteront une couverture internet complète. Avec l'internet des objets, l'interaction à distance entre machines, véhicules, appareils électriques, capteurs et toutes sortes d'autres dispositifs se fera par l'internet. Il est déjà employé dans le domaine des titres de transport électroniques et permettra aux appareils mobiles d'échanger des données afin d'effectuer des paiements ou d'obtenir des renseignements. Plus d'un milliard de téléphones seraient équipés de cette technologie d'ici à 2015. [...]
La communication de la Commission sur les réseaux et l'internet du futur est disponible à partir de l'adresse suivante :
http://ec.europa.eu/information_society/eeurope/i2010/index_en.htm
La consultation publique sur l'internet des objets est disponible à partir de l'adresse suivante :
http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dispatch?form=IOTconsultation "

2008/09/29

L'Europe prépare la "refondation du système financier international"


Suite à son discours à l'ONU, Nicolas Sarkozy a annoncé il y a quelques heures que l'Europe se mettait à plancher sérieusement sur le système financier "dans les prochains jours".

Sont fermement invités à la séance de travail préparatoire, avant de rencontrer les autres pôles du système financier international :
  • les 4 pays Européens du G8 (France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni),
  • José Manuel Barroso (président de UE),
  • Jean-Claude Juncker (président de l'Eurogroupe) ,
  • Jean-Claude Trichet (président de la BCE),
  • et Nicolas Sarkozy (représentant la France et président du Conseil de l'Europe)
Mr Sarkozy a annoncé une initiative pour une régulation financière largement renforcée :
"Reconstruisons ensemble un capitalisme régulier et régulé où des pans entiers de l'activité financière ne sont pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques font leur métier. Le métier des banques, c'est de financer le développement économique plutôt que la spéculation"
Sans arriver à une extrémité d'une économie entièrement dirigiste, les meilleurs économistes du monde, tel Stiglitz, s'accordent depuis de nombreuses années sur la nécessité impérative de l'intervention du régulateur pour la bonne santé des marchés.

A signaler que les prix Nobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen avaient été embauchés par le président français en janvier dernier pour proposer une meilleure définition que le PIB de la richesse produite par un pays. Les mauvaises perspectives présentes et à venir sur le PIB de la plupart des pays vont sans doute accélérer pour l'ensemble de la société le changement de référentiel, qui saura promouvoir d'autres valeurs fédératrices utiles en temps de crise. Nous ne pouvons plus soutenir un modèle de croissance basé sur une définition purement productiviste, en écartant la richesse sociale. Le modèle du court-terme purement comptable est acculé aujourd'hui à la faillite de manière éclatante.

C'est une chance unique pour la sphère politique de recouvrer une nouvelle légitimité, tous horizons confondus, si elle sait se saisir de l'occasion pour se remettre en question avec un réel projet et une vision politique, en prenant rapidement ses distances avec les milieux financiers. Mr Sarkozy semble l'avoir bien compris depuis quelques jours. Sa position est bien plus confortable que celle de Mr Obama qui ne peut pas prendre des postures aussi fermes tant qu'il n'est pas élu, et qui devra gérer la tentation militaire dans un pays économiquement à genoux.



2008/09/28

Google Pelamis et la mer de troncs


Christian Faure nous a dégotté une petite vidéo pédagogique sur les générateurs pélagiques pour illustrer un brevet de Google dont on parle depuis quelques jours sur la blogosphère.
Google a adapté ce système pour alimenter en courant continu ou alternatif des datacenters flottants (et non pas sous-marins).


L'idée est séduisante :
  • l'énergie des vagues est gratuite et non polluante; pas de rejets à part de la chaleur
  • cette énergie sert aussi à pomper de l'eau de mer pour le refroidissement du datacenter
  • la production d'énergie solaire ou éolienne peut venir suppléer l'énergie pélagique
  • le datacenter est rapidement opérationnel parce qu'assemblé et non pas construit; il est déplaçable
  • le concept est très modulaire, le datacenter peut donc être partiellement terrestre pour quelques fonctions du système, en fonction de l'environnement local
A noter :
"much of the world's population lives near oceans, so system 100 could bring computing or telecommunication power close to them. Much of the world's communications infrastructure also runs through the oceans, so that system 100 could tap into existing infrastructure near shorelines."
La forme de l'engin fait un peu penser aux convois de troncs flottants des anciens bucherons :
"Approximately 40 machines spread over a square kilometer could also produce approximately 30 MW. The system ... may operate satisfactorily, for example, approximately 3-7 miles from shore, in 50-70 meters of water. "
"A standard size for such a system may cover an area approximately 600 m. times 200 m. Each motion-powered machine may have a pontoon diameter of 3.5 m and length of 35 m. "
Sachant que Google O3b envisage parallèlement de se doter d'une constellation de satellites de télécommunications, à la limite le seul cable qui reliera l'ensemble de ces troncs flottants sera le cable d'amarrage.

J'ai été attentif à la description du dispositif de refroidissement, car je me suis intéressé aux peintures anti-fouling dans une autre vie. Pelamis utilise un circuit fermé pour le refroidissement interne et l'eau salée est confinée dans l'échangeur externe :
"The cool water may also pass through heat exchangers (not shown) either at or away from the data center modules. Such use of heat exchangers allows the relatively caustic seawater to be isolated in only one part of the system, with fresh water or other coolant circulating in a closed-loop system on the other side of the heat exchangers. As a result, maintenance may be minimized, as the closed-loop side of the system may be kept in operation, with frequent replacements needed only on the saltwater side of the system."

Idée de valeur ajoutée : équiper chaque caisson de caisses grillagées et laisser les ostreiculteurs entretenir le parc à huitres géant et les échangeurs ;)

2008/09/27

Le mythe de “l’offre et la demande”

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Vous savez que j’aime pourfendre les mythes. D’autres aussi en font une spécialité, tel Paul Jorion qui relate cela de manière brève et efficace à propos du prix du pétrole.


La “loi de l’offre et de la demande” qui expliquerait les évolutions des prix, n’existe PAS. C’est une explication simpliste pour endormir les consciences. Sa seule force réside dans le fait qu'elle parait de prime abord évidente à notre esprit. C'est parce que nous sommes victimes de notre tendance à croire qu'un modèle conceptuel idéal (les marchés purs et parfaits) est la réalité. C'est une illusion. Si vous n'êtes pas convaincu, lisez "Les vrais lois de l'Economie", écrit par le Pr Jacques Genereux. 

2008/09/26

Le pot de miel

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Christian Fauré nous propose un rapprochement entre les stratégies de Google et d’un opérateur téléphonique. Il me semble que l’on peut étendre ce rapprochement à toute forme de capture du consommateur.


Dans le secteur des médias tout d’abord, où l’on monétise la minute de cerveau rendue disponible pour recevoir de la publicité.
Une chaîne de télévision cherche ainsi à augmenter ses recettes publicitaires en augmentant le nombre de ses téléspectateurs par la qualité du contenu diffusé; idem pour un journal ou un blog avec ses lecteurs, ou une radio avec ses auditeurs.

Dans le secteur du spectacle également, où l’on monétise l’intérêt des clients pour vendre des produits dérivés.

Dans le secteur de la grande distribution enfin, où l’on monétise la présence et la fidélisation du client pour proposer des services additionnels (assurances, voyages, billeterie).

Dans tous les cas, le service ou le produit initialement proposé sert de pot de miel pour attirer le consommateur.

La bulle des CDS se dégonfle


Voilà un article d'aujourd'hui de l'AGEFI qui vient à point pour apporter de l'eau à mon article précédent : "Le marché des dérivés de crédit se rétrécit pour la première fois".

On y apprend notamment que le montant des CDS a culminé à 62 045 milliards de $ fin 2007, et qu'il a chuté de 12% au premier semestre 2008.

Les autorités réclament rapidement plus de régulation sur ce marché, c'est bien de se rendre compte qu'un marché non régulé ne peut pas exister longtemps, mais c'est un peu tard pour prendre ces mesures. La désintégration du marché des produits "sécurisés" sur la dette s'est étendue à l'étage supérieur du marché des CDS, et l'annonce dans divers pays des récessions du PIB, les débuts de hausse du chomage, montrent que l'impact atteint déjà aussi l'économie réelle.


2008/09/25

La finance aux pieds d'argile (Dérives économiques Partie II)

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La finance était, uniquement par les volumes brassés, un géant. 

Mais un géant aux pieds d’argile, comme le montre l’image ci-dessous :



L'étage jaune correspond aux liquidités de l'économie réelle, tangible, basée sur des produits physiques et matériels ou des prestations intellectuelles : ce sont des billets et des pièces.
L'étage violet est constitué des liquidités associées aux comptes chèques, cartes de crédit, cartes prépayées...

L’étage vert correspond notamment aux fameux CDO qui repackageaient les prêts hypothécaires Subprimes.
Les liquidités de l’étage rouge est constitué des CDS (Credit Default Swaps), futures et options. Les CDS, bien que représentant une petite partie de cet ensemble, ont grandi à une vitesse exponentielle, jusqu’à dépasser 50 000 milliards de $ !


2 raisons à cette croissance démesurée :
  • Banking regulations and the lack of funding requirements for CDS: Banks are required by law to hold a certain amount of capital for loans they make - about 8 cents for every dollar in principle, but there are a number of loopholes that allow it to be less for certain types of loans. But there are very limited capital requirements for CDS, so banks and other CDS market participants can take on much more credit exposure through CDS than they could directly.
  • A loan must be funded: If you lend someone some money, you have to borrow it or use your own capital. However, if you take on the exact same risk through a CDS transaction, there is no need to put up any money, provided your counterparty will accept your credit risk.
For both these reasons, hedge funds have been large participants in the CDS market, because through credit default swaps the funds can take on much more risk (and receive much more in premiums) than their modest cash reserves would normally permit.
L’appât du gain immédiat et la rapacité a entraîné une prise de risque collective du secteur financier. Tant que je te fais confiance, ca va bien pour nous deux :


Mais les défauts de remboursements des prêts, dans l’économie réelle aux pieds du géant, a anéanti l’étage vert, et la détérioration actuelle des réserves des banques menace maintenant dangereusement l'équilibre mondial de l’étage rouge. Son poids économique est tel qu’on parle de risque systémique (y compris les plus hautes autorités), car son écroulement peut emporter le système bancaire dans son ensemble.

Les banques d’investissement indépendantes ont disparues avec l’étage vert, les prochaines victimes se compteront dans les rangs des hedges funds, puis des banques commerciales. Tout l’enjeu des financiers est maintenant de placer très rapidement des étais pour éviter que les défauts de paiement et de contrepartie de risques provoqué par les faillites en série n’emporte la plupart des établissements en cascade. Chaque banque qui tombe laisse plus de poids à porter aux autres, ainsi qu’en bout de chaîne aux investisseurs particuliers.

Sources :

REST à la Cantine

 J’étais ce matin au Wake Up organisé par Didier à La Cantine, pour un débat animé sur l’architecture ROA et son adoption en entreprise. J’ai apprécié d’y recroiser des têtes connues, ainsi que l’initiative de la création d’un nouvel espace de partage et de diffusion, qui nous aide collectivement à gagner en maturité sur la réflexion dans nos propositions d’architecture et d’accompagnement.

Il est possible que je présente le mois prochain ma vision du Cloud Computing, dans une formule que nous avons intitulée avec Grégory et Aurélien “le tribunal du SI”. Je vous en reparlerai.

MAJ
Ce "tribunal du SI" a finalement bien eu lieu quelques mois après avec Aurelien dans le rôle du procureur et moi dans celui de l'avocat de la défense des architectures actuelles (on ne pouvait pas avoir deux rôles de procureurs!). Aurélien attaquait avec toutes les armes et qualités offertes par le cloud computing, et je contrais à la volée. Je vous recommande vivement la formule. Cette session absolument unique était réservée à nos collègues chez notre employeur pour le tout dernier séminaire de veille technologique 5@7, avant une suite interminable de réorganisations. Sic transit gloria mundi.

2008/09/23

Le Conseil Européen demande devant l’ONU des sanctions contre le désastre financier

Nicolas Sarkozy prononcera un discours aujourd’hui à l’ONU, en tant que président en exercice et représentant du Conseil Européen.
“Il faut pouvoir expliquer qui est responsable du désastre et que ceux qui sont responsables soient sanctionnés et rendent des comptes”.

Source : Challenges.fr

2008/09/22

l’URSS a gagné la guerre froide

…et elle étend désormais son modèle économique à tous les pays de l’Ouest. Il est donc maintenant interdit de vendre à découvert les actions de nos camarades financiers.
En tout cas, si vous aviez des interrogations sur les actions à acheter-acheter-acheter toujours parce que la divine main invisible du marché pur et parfait les rend infaillible, on vous simplifie le choix.

Immobilier France : Prise de Conscience de la FNAIM


Je prends souvent comme exemple du décalage de la prise de conscience (la dissonance cognitive) le cas du marché immobilier. Alors qu'il s'agit d'un marché caractérisé par les tendances lourdes de la macro-économie, et dont les orientations à moyen terme sont très prédictibles, le phénomène d'éclatement d'une bulle immobilière met plusieurs années à contaminer toutes les consciences.

Bien sur les intérêts de certaines corporations font qu'elles ont tendance à lancer des messages rassurants, mais il ne s'agit que de méthode Coué ou de politique de l'autruche. Les faits sont bizarrement résistants à l'optimisme conservateur de certaines personnes qui font les belles pages de nos journaux.

Dernière étape de la propagation de la prise de conscience de l'éclatement de la bulle immobilière en France : les dernières déclarations de la FNAIM.
Lire en particulier le passage sur la baisse des prix à Paris, et l'extinction du mythe de "l'exception parisienne".

Avec une telle anticipation de la FNAIM dans un registre qui n'a jamais été le sien jusqu'alors, attendons-nous dans quelques jours à des chiffres INSEE très mauvais pour les ventes immobilières du T2 2008, qui signaleront clairement à tous le début du lent retour de l'indice dans le fameux "tunnel de Friggit".

2008/09/20

La finance en coma dépassé

Depuis le 15 Septembre, l’un des principaux thermomètres de la santé financière mondiale crève tous les plafonds historiques d’alerte.
Il s’agit de la différence entre les taux d’intérêts du papier commercial US adossé aux assets les plus risqués (dits “"A2/P2 non financiers”, ce sont les obligations émises par des entreprises notées entre A3/A- et Baa2/BBB) et celui adossé aux assets les plus solides (AA non financiers).
Cette différence (spread) est l’image de la confiance que les marchés financiers accordent aux fameux CDS, CDO etc. Habituellement très stable et à des niveaux faibles, cette différence a connu des soubresauts historiques depuis debut 2007. Toutes les grandes annonces des banques centrales depuis le debut de la crise ont été diffusées au moment où cet indicateur accusait une fièvre soudaine, tout comme on augmenterait les doses d’antibiotiques pour traiter une septicémie. Les marchés ont été à chaque fois inondés de nouvelles liquidités pour éviter que le niveau de méfiance trop fort ne bloque tous les emprunts entre banques (crédit crunch).
Le graphe suivant parle de lui-même, la température n’est jamais redescendue complètement, et la gangrène continuait à répandre son infection. Aujourd’hui la finance US est en coma dépassé :


Malgré les mesures annoncées jeudi par la FED et la BCE (voir l'article de l'AGEFI), la journée de vendredi 19/09 a vu continuer la progression spectaculaire de cet indice.

D’autres indicateurs similaires, ici le TED spread, présente la même alerte. Il mesure la différence entre le taux Libor 3 mois et celui des bons du Trésor de même échéance. Il avait dépassé les 200 points de base au plus fort des tensions de liquidité, fin 2007 :

image

Historique des valeurs sur une période glissante :




Sources :
http://www.agefi.fr/articles/article.aspx?id=1051293
http://www.federalreserve.gov/releases/cp/  [La FED ne publie plus depuis fin 2010 sur cette page de graphique représentant l'historique des données pour le CP, il faut telecharger les historiques pour reconstruire soi-même les courbes ; encore une fois, quand un indicateur est pertinent, on le diffuse le moins possible :(
Le système FRED diffuse le graphique de l'historique des taux du CP "AA non financial", mais pas celui pour la catégorie A2/P2 ni le spread qui nous interesse ;
Shadowstats ne diffuse que les graphiques des stocks, pas ceux des taux]
http://www.bloomberg.com/quote/!TEDSP:IND#
http://www.crystalbull.com/stock-market-timing/TED-Spread-chart/
http://www.wikinvest.com/rate/TED_Spread


Mise à jour le 22/09 : 
Trader's Narrative nous fait part d'un autre indicateur en péril : le taux des bons du Trésor US à 90 jours, illustré ci-dessous ou sur Yahoo Finance)


Historique de ses valeurs sur 2 ans glissants :



2008/09/02

Pour comprendre Google Chrome

imageJe viens de publier une analyse sur Google Chrome et V8 sur le blog "Entreprise 2.0".

"Le web bruisse depuis hier pour l’arrivée du produit Google Chrome. La plupart des commentaires se limitent à considérer cette solution comme un nouveau navigateur, face à IE8 ou Firefox 3. C’est à notre avis bien plus que cela..."

2008/09/01

Construire son propre Cloud interopérable


On ne lutte pas contre le cloud computing. La seule autre alternative poussée par les acteurs du marché est de proposer de monter ce que j'appelle un "cloud on premises" ou Private Cloud, ou en bon français une infrastructure de virtualisation dans mes locaux.

Mais voila que la release 1.0 du projet OpenNebula vient nuancer un peu la frontière entre ces 2 types d'offres.
Elle propose de se monter sa propre infrastructure mais aussi de s'interconnecter à Amazon EC² de manière transparente pour absorber les plus gros pics de charge. Encore une fois c'est un projet open source (européen - vive Reservoir!) qui est au devant en termes d'inter-opérabilité des Clouds.