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2016/07/24

Faut-il craindre une guerre avec la Russie à l'horizon 2030?

(source de l'image)
L’Express a publié cette semaine un article de Fredrik Wesslau et Andrew Wilson du CFR Européen intitulé ‘Faut-il craindre une guerre avec la Russie à l'horizon 2030?’ que j’estime typique de la doublepensée. [1] 

La doublepensée est en bref caractérisée par une inversion de la logique. La victime est ciblée comme étant l’agresseur, etc. Il est aisé de replacer les choses dans l’ordre correct quand vous connaissez cette recette. C’est ce que j’ai décidé de faire avec l’article de Wesslau et Wilson, à l’identique du procédé que j’avais déjà employé, en veillant pour cette démonstration à rester aussi proche que possible des phrases d’origine, et en ajoutant ou  modifiant certains liens URL.

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L'objectif des Etats-Unis est de conserver son statut de grande puissance. Pour ce faire, ils ne cessent d'user de stratégies économiques, militaires et diplomatiques qui font craindre le pire à ses vassaux et à l'Union européenne. L'analyse de Bruno Paul fondateur de l’initiative Conscience-sociale.org consacrée notamment aux sciences politiques.

D'après l'agence spatiale russe, la Russie colonisera la lune en 2030, les cosmonautes y construiront une base dotée d'une centrale solaire et d'un laboratoire scientifique au-dessus desquels orbitera un satellite. La NASA estime quant à elle à 70% de chances de succès la construction leur nouveau lanceur spatial d’ici 2023, après les abandons des programmes précédents qui menacent singulièrement leur souveraineté dans l’espace. Donald Trump sera peut-être parti depuis longtemps -ou peut-être sera-t-il toujours président. Les Etats-Unis compteront 10% d’habitants en plus qu'aujourd'hui -sauf si Trump bouleverse la politique migratoire- et la croissance restera impossible à prédire. Reste la question de la position du pays sur la scène internationale... 
Dans un article publié par le Magazine d’Anticipation Politique en mars 2013, nous avions expliqué pourquoi les Etats-Unis connaitraient une contre-révolution en 2016. L’actualité nous a hélas donné pleinement raison. Dans le présent article nous examinons comment les Etats-Unis et ses vassaux de l'Est de l'Union européenne pourraient se développer d'ici 2030. 

Pour se légitimer, la Maison Blanche a recourt au conflit

Depuis que G.W. Bush est devenu président en 2000, le contrat social des présidents avec les Américains repose sur la protection contre la menace terroriste au détriment des améliorations régulières de la qualité de vie et des libertés individuelles. Les inégalités de richesse ont explosé aux Etats-Unis, la classe moyenne d'érode rapidement, alors que de 1999 à 2013 le salaire moyen en Russie est passé de 60 à 940 dollars. Mais ce bilan social américain pourrait encore plus se déliter.  
Après l’absence de rebond les deux prochaines années, l'économie européenne stagnera. Les sanctions occidentales, si elles perdurent, influenceront cette impasse économique mais de plus gros problèmes impacteront l'économie américaine, notamment le déclin migratoire, la corruption, la faiblesse de l'État de droit et la mauvaise gestion. D'ici 2030, les Etats-Unis auront perdu plusieurs places et ne devrait plus être dans les 2 premières économies du monde. 
LIRE AUSSI >> Confidence in US institutions | Gallup
Pour renforcer sa légitimité, la Maison Blanche se repose sur le nationalisme, l'aventurisme dans ses affaires étrangères et la désignation d'ennemis extérieurs. Il y aura davantage de "petites guerres avec de courtes victoires" -dans les pays dans la sphère d’influence, dans certains pays du Moyen-Orient - comme on l'a vu en Ukraine et au Brésil. Leur but est de susciter de la légitimité, de détourner l'attention de l'économie et de renforcer le discours selon lequel les Etats-Unis sont toujours une grande puissance. 

Une recherche de l'escalade si ce n'est de la guerre

De ses aventures militaires récentes (Syrie, Afghanistan, Libye, Iraq), Washington n’a pas appris que la force militaire n’est un instrument de politique étrangère efficace pour atteindre des objectifs diplomatiques et politiques qu’à court terme. La modernisation des forces armées se heurte aux restrictions des ressources, mais confère encore à la Maison Blanche un instrument puissant. 
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Les forces armées de l’OTAN continueront de cibler principalement l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et les pays limitrophes. Les régions les plus exposées sont les États baltes, les Balkans occidentaux, l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud et l'Asie centrale. L'OTAN ne cherchera pas de manière proactive à entrer en guerre avec l'OCS, mais voit un intérêt à s'engager avec empressement dans une escalade majeure, jusqu'à manifester sa volonté -réelle ou feinte- d'utiliser des armes nucléaires

Ses vassaux de l'Est et de l'Europe Centrale en première ligne

Les Etats-Unis devraient encore tenter de dominer ses vassaux les plus sous influence, notamment l'Ukraine. Des vassaux obéissants sont indispensables à la sécurité de l’Etat profond américain et à ses ambitions de grande puissance. Son but maximaliste est un cercle d'États vassaux s'alignant sur les positions de Washington. Le but minimaliste est un cercle d'États faibles et dysfonctionnels, gérés par des leaders corrompus, incapables de se réformer ou de rejoindre l'OCS, l’Union Economique Eurasienne ou l'ASEAN, donc de facto inféodés à Washington. 
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La Géorgie, l'Ukraine et la Moldavie devraient patauger entre semi-démocratie et réformes partielles. Le postcommunisme miné par l’Etat profond transnational est bien plus difficile à réformer que le communisme, dans la mesure où les élites locales et les réseaux de corruption ont acquis les moyens de reproduire leur pouvoir. Des oligarques et des hommes politiques contrôlent les organes de presse et manipulent la politique. Des systèmes judiciaires pervertis protègent l'élite et minent l'État de droit. 
La Biélorussie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie éviteront le déclin en dialoguant avec l'UE en tant que membre de l’OCS. La Biélorussie et l'Arménie resteront dans l’alliance OCS, mais l'amenuisement des ressources de l’OTAN provoqueront une recrudescence de tensions et de menaces de la part de Varsovie et même de Kiev soucieux de s'aligner au contraire avec l'OTAN. Les nationalismes biélorusse et arménien, plus nativistes, devraient croître sous l’influence de la guerre réseaucentrique menée par l’Occident. 

L'Europe dispose de très peu d'options politiques

L'influence que l'Europe peut avoir sur le comportement russe et américain a ses limites. Notamment compte tenu du fait que l'assurance des Etats-Unis est de plus en plus animée par le désir de la Maison Blanche de se légitimer face au déclin économique. 
Cela laisse très peu de bonnes options politiques à l'Europe. Les sanctions économiques sont brutales, ont un coût pour l'Europe et alimentent le story telling de la Maison Blanche. Encourager la dissidence vis-à-vis de l’OTAN des pays-refuzniks de l'Est pose un dilemme sécuritaire classique et fait également le jeu de l’Etat profond américain. Mais en dépit de leurs inconvénients, ces mesures d’émancipation sont nécessaires face à l'agressivité de l’Etat profond américain pour protéger les nouveaux principes sous-jacents à l'ordre sécuritaire de l'Europe. 
Le dialogue est vital, mais doit être approprié. Il ne doit pas signifier une acceptation implicite des transgressions des Etats-Unis en Ukraine ou être synonyme de "business as usual". Si la tendance est aux conflits, alors l'ouverture des canaux de communication avec Moscou et avec Washington sera indispensable pour éviter des calculs fatals.

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[1] Georges Orwell l’a défini ainsi dans son œuvre célèbre ‘1984’ : 
Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait l’emploi de la double pensée. (chapitre III)
La doublepensée est le pouvoir de garder à l’esprit simultanément deux croyances contradictoires, et de les accepter toutes deux. Un intellectuel du Parti sait dans quel sens ses souvenirs doivent être modifiés. Il sait, par conséquent, qu’il joue avec la réalité, mais, par l’exercice de la doublepensée, il se persuade que la réalité n’est pas violée. Le processus doit être conscient, autrement il ne pourrait être réalisé avec une précision suffisante, mais il doit aussi être inconscient.
Sinon, il apporterait avec lui une impression de falsification et, partant, de culpabilité.
La doublepensée se place au cœur même du socialisme Anglo-saxon, puisque l’acte essentiel du Parti est d’employer la duperie consciente, tout en retenant la fermeté d’intention qui va de pair avec l’honnêteté véritable. Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement, oublier tous les faits devenus gênants puis, lorsque c’est nécessaire, les tirer de l’oubli pour seulement le laps de temps utile, nier l’existence d’une réalité objective alors qu’on tient compte de la réalité qu’on nie, tout cela est d’une indispensable nécessité.
Pour se servir même du mot doublepensée, il est nécessaire d’user de la dualité de la pensée, car employer le mot, c’est admettre que l’on modifie la réalité. Par un nouvel acte de doublepensée, on efface cette connaissance, et ainsi de suite indéfiniment, avec le mensonge toujours en avance d’un bond sur la vérité.
Enfin, c’est par le moyen de la doublepensée que le Parti a pu […] arrêter le cours de l’Histoire.
Toutes les oligarchies du passé ont perdu le pouvoir, soit parce qu’elles se sont ossifiées, soit parce que leur énergie a diminué. Ou bien elles deviennent stupides et arrogantes, n’arrivent pas à s’adapter aux circonstances nouvelles et sont renversées ; ou elles deviennent libérales et lâches, font des concessions alors qu’elles devraient employer la force, et sont encore renversées. Elles tombent, donc, ou parce qu’elles sont conscientes, ou parce qu’elles sont inconscientes.
L’œuvre du Parti est d’avoir produit un système mental dans lequel les deux états peuvent coexister. La domination du Parti n’aurait pu être rendue permanente sur aucune autre base intellectuelle. Pour diriger et continuer à diriger, il faut être capable de modifier le sens de la réalité. Le secret de la domination est d’allier la foi en sa propre infaillibilité à l’aptitude à recevoir les leçons du passé.
Il est à peine besoin de dire que les plus subtils praticiens de la doublepensée sont ceux qui l’inventèrent et qui savent qu’elle est un vaste système de duperie mentale. Dans notre société, ceux qui ont la connaissance la plus complète de ce qui se passe, sont aussi ceux qui sont les plus éloignés de voir le monde tel qu’il est. En général, plus vaste est l’information, plus profonde est l’illusion. Le plus informé est le moins normal.
Le fait que l’hystérie de guerre croît en intensité au fur et à mesure que l’on monte l’échelle sociale illustre ce qui précède. Ceux dont l’attitude en face de la guerre est la plus proche d’une attitude rationnelle sont les peuples sujets des territoires disputés. Pour ces peuples, la guerre est simplement une continuelle calamité qui, comme une vague de fond, va et vient en les balayant. Il leur est complètement indifférent de savoir de quel côté est le gagnant. Un changement de direction veut simplement dire pour eux le même travail qu’auparavant, pour de nouveaux maîtres qui les traiteront exactement comme les anciens.
Les travailleurs légèrement plus favorisés que nous appelons les prolétaires ne sont que par intermittences conscients de la guerre. On peut, quand c’est nécessaire, exciter en eux une frénésie de crainte et de haine, mais laissés à eux-mêmes, ils sont capables d’oublier pendant de longues périodes que le pays est en guerre.
C’est dans les rangs du Parti, surtout du Parti intérieur, que l’on trouve le véritable enthousiasme guerrier. Ce sont ceux qui la savent impossible qui croient le plus fermement à la conquête du monde. Cet enchaînement spécial des contraires (savoir et ignorance, cynisme et fanatisme) est un des principaux traits qui distinguent la société océanienne. L’idéologie officielle abonde en contradictions, même quand elles n’ont aucune raison pratique d’exister.

[…] Ce n’est en effet qu’en conciliant des contraires que le pouvoir peut être indéfiniment retenu. L’ancien cycle ne pouvait être brisé d’aucune autre façon. Pour que l’égalité humaine soit à jamais écartée, pour que les grands, comme nous les avons appelés, gardent perpétuellement leurs places, la condition mentale dominante doit être la folie dirigée. (chapitre IX)


2014/03/25

L’age d’or de notre ère est l’age de l’or

[english translation is here]

Vers un nouveau système monétaire international, Partie 2.


Nous avions commencé en janvier 2013 par établir la nécessité de résoudre le problème du système monétaire international, et sa priorité absolue.[1] 

Nous avons ensuite proposé en mai 2013 une stratégie permettant de préparer concrètement la résilience indispensable pour supporter le changement de système monétaire international.[2] Les diverses annonces officielles au cours des mois écoulés ont largement confirmé que cette anticipation était partagée.[3] 

La synthèse de cette stratégie a été à nouveau exprimée par Laurence Brahm le 21/10/2013: 
"Il ne s’agit pas de la suppression intégrale de l’ancienne architecture financière de Bretton Woods mais plutôt de la création d’une nouvelle structure parallèle à l’ancienne. A terme, les pays pourront choisir quelle architecture convient davantage à leurs propres plans de reconstruction et de rénovation." [4] 
L'âge d'Or (Zucchi)
Cette semaine de mars 2014 voit une nouvelle étape se franchir. Il ne s’agit rien de moins que de s’orienter d'ici 2015 entre la redite de la conférence de Vienne en 1815 (le Concert des Nations) ou celle de Yalta en 1945 (la Guerre Froide) qui entérinera les « nouvelles règles du jeu dans les relations internationales »[5]. 

En effet cette semaine en Europe un grand nombre de réunions bilatérales se précipitent: 
  • Le Président Xi avec le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Hollande, Mme Merkel, puis à la Commission Européenne [6] 
  • Le Président Obama avec le Président Xi, et étend son déplacement à la dernière minute pour rencontrer les chefs d’Etat des Pays-Bas, d’Italie, de Belgique, des Emirats, de Corée du Sud, du Japon, puis une audience avec le Pape à Rome et une rencontre avec le roi d’Arabie Saoudite.[7] Sans oublier une rencontre prévue avec MM Barrosso et Van Rompuy [8] 
  • La réunion du G7 en marge du Nuclear Security Summit 2014 
  • Et d’autres rencontres bilatérales plus ou moins officielles et préparées entre d’autres chefs d’Etat qui vont profiter de leurs venues au Nuclear Security Summit 2014 
Officiellement il s’agit surtout de parler de la crise en Ukraine et en Crimée, ou de signer quelques contrats. Les communiqués publics en feront mention. 

Nous pensons que d’autres sujets bien plus importants, et liés, seront discutés: ceux relatifs à l'actuelle réorganisation du nouveau système monétaire et financier international.[8.1]

Montant des réserves des banques centrales étrangères en Bons du Trésor US conservées par la Fed; (Sources: St Louis Fed ; Conscience-Sociale.org)

Notre analyse est bien que la crise ukrainienne a été déclenchée par l’Etat profond américain en préparation de l’instauration de cette prochaine organisation.[9] Il s’agit de retenir l’UE dans la zone de domination des USA.[9.1] 

Le moment est venu de préciser ce que nous entendons par nouveau système monétaire et financier international. 
Nous pensons qu’il s’agit non seulement de former ce qui est déjà annoncé: 
  • Une Banque de développement des BRICS parallèle à la Banque Mondiale 
  • Un fonds commun de stabilité parallèle au FMI 
  • Des partenariats pour les échanges bilatéraux en parallèle de l’OMC 
mais d’aller beaucoup plus loin encore. 

Tout d’abord la Banque de Développement des BRICS devient désormais une « banque initiée par les BRICS pour le développement de toutes parties intéressées », et dont la gouvernance est ouverte à tout Etat désirant adhérer.[9.2] 

Ensuite, et c’est le plus novateur: il s’agit de créer une autre institution parallèle à la Banque pour les Règlements Internationaux (BRI / BIS)
Celle-ci est la plus ancienne institution financière internationale, et entièrement gouvernée par l’Occident (les 6 membres permanents et fondateurs sont les banques centrales de Belgique, France, Allemagne, Italie, U.K. et USA, qui peuvent avoir un double poids de vote – l’analogie avec les réunions d’Obama cette semaine n’est pas un hasard [10]) 

La BRI est la banque centrale des banques centrales, c’est-à-dire qu’elle organise et supervise les échanges entre elles… et notamment ceux concernant l’or physique. Les activités sur la régulation financière (les règles des comités de Bâle), beaucoup plus connues, ont été ajoutées bien plus tard, quand l'existence de cette banque est devenue publique alors qu'elle était gardée secrète depuis sa création.[10.7]

Le premier problème à régler pour la refondation du système monétaire et financier international n’est pas vraiment le choix d’une nouvelle monnaie. Ceci n’est qu’un moyen. Il s’agit avant tout d’assurer la stabilité des prix et le développement du commerce international. Sans cela, la seule alternative c’est la guerre sans fin pour les ressources qui seront de plus en plus rares. Il faut donc bien séparer le problème d'une monnaie de référence pour le commerce international, de celui d'une monnaie de réserve pour les banques centrales.

La dislocation géopolitique mondiale à la suite de la crise de 2008 a tranché le nœud gordien: il n’est plus besoin de prendre une décision pour l’ensemble des pays (ce qui a bloqué cette réforme depuis de longues années [10.6]). Désormais ce sont les pays BRICS qui ont l’initiative et la volonté d’avancer. Cette volonté est le facteur essentiel comme nous l’avons écrit: [10.9]
Le contexte géopolitique mondial est caractérisé avant tout par un basculement: déclin de l’empire Américain d’un côté et montée de l'initiative multipolaire des pays BRICS de l’autre. Parce qu’ils manquent cruellement d’autonomie de décision et de volonté, l’UE et le Japon se retrouvent ballottés par cette lame de fond de l’Histoire. 
Le choix est fait depuis plusieurs années: le commerce international sera basé sur l’or.[10.3] 
Comment cela va-t-il se passer en pratique ? Pas avec des bateaux ou des camions chargés de lingots, bien sûr. Il a fallu organiser comme nous le disions une « BIS-bis » qui puisse gérer une chambre de compensation pour les règlements (settlements) en or physique, et surtout lui adjoindre un ingrédient fondamental: permettre à nouveau les règlements du commerce international des marchandises au moyen de « Real Bills » (ou Gold Bills), comme préconisé par la Nouvelle Ecole Autrichienne d’Economie et les travaux du Pr Fekete.[10.4] Ceux-ci sont des effets réels de commerce (ou lettres de crédit ou billets à ordre) payables à échéance en or physique, et dont l'émission est strictement limitée par les commandes reçues. Ils permettent de multiplier la vélocité de la monnaie, sans aucun risque d’inflation.[10.1] 

On est très loin d’un simple standard « 100% or ». 

L’or est la seule monnaie (l'argent métal est côté en parité flottante par rapport à lui) comme tout le monde le savait depuis des millénaires. Aujourd’hui la plupart des gens l’ont confusément oublié, mais pas les banquiers centraux occidentaux qui ont essayé pendant un siècle de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.[10.8] En nous trompant, ils se sont trompés eux-mêmes et se sont mis à croire à leurs propres fariboles. Un échec historique et d'ampleur planétaire. Hélas, hélas, c'est un échec de l’esprit européen. Il faudra le reconnaître pour trouver sous nos pieds l’impulsion nous permettant de remonter de ce cimetière marin.[10.2] 

Les pays BRICS n’ont pas nécessairement besoin de l’Occident pour mettre en route ce système.[10.5] Rappelons ce qu’il remplace: les devises en dollar et les Bons du Trésor US (US Treasury) à la base des fameux « pétrodollars » sont remplacés par les effets de commerce réels (Gold Bills) qui vont permettre d’acheter du pétrole par exemple.[11] C'est la fonction de monnaie d'échange pour le commerce international.
Mais ces Bons du Trésor ont aussi une fonction de revenu puisqu’ils procurent un rapport lié à leur taux d’intérêt à moyen ou long terme - c’est d’ailleurs un défaut mortel de ce système. Il s'agit ici du problème de la monnaie de réserve pour les banques centrales.

Le nouveau système propose très astucieusement de découpler ces deux fonctions. La fonction de revenu pourra être apportée (le moment venu) par l’introduction d’obligation-or (gold bond), c’est-à-dire d’obligations libellées en masse d’or, qui produit un intérêt versé en masse d’or et dont le principal est remboursable en masse d’or (donc pas une simple obligation adossée à un collatéral or, et libellée en monnaie fiduciaire - ou gold backed bond). Là aussi, il faut une institution pour assurer l’émission de ces obligations. 

Remarquons que pour démarrer, il n’est pas du tout indispensable de remplacer les devises nationales fiduciaires par des pièces d’or. Les effets réels vont circuler en parallèle des devises, et la confiance des utilisateurs de ces devises se reflétera en temps réel dans le prix local de cette devise mesurée en mg d’or (c’est-à-dire l’inverse du 'prix de l’or' mesuré dans cette devise, qui est la vision habituelle que l’on a – une perception totalement fausse puisqu’on ne peut pas mesurer la longueur d’une barre avec un élastique: on doit faire l’inverse). D’où l’importance fondamentale de ne pas avoir de marché de l’or truqué comme actuellement à New York et Londres.[12]


Prix du dollar U.S. en mg d'or fin
(Sources: St Louis Fed; LBMA; Conscience-Sociale.org)

Les USA n’ont aucun moyen pour empêcher les BRICS de lancer ce système parallèle, concurrent de celui des US Treasury, et qui condamne définitivement l’attraction de ces dernières.  

Il ne reste alors aux décideurs américains (c’est-à-dire l’Etat public et l’Etat profond) que les possibilités suivantes comme nouvelles règles du jeu, puisqu'ils sont dos au mur [12.2]: 
  • soit accepter la cohabitation ouverte de deux systèmes parallèles, avec 100% des acteurs qui savent que le système dollar ne peut être concurrentiel (donc très rapidement un seul système qui perdure et tous les avoirs en US Treasury qui partent en fumée). Pudiquement cela s’appelle la « restructuration des actifs du marché des obligations américaines ». C’est le chemin de Vienne en 1815.[12.1] 
  • soit ne pas accepter cette cohabitation ouverte, c’est-à-dire refermer la porte pour se retrancher derrière et bâtir un mur le plus haut possible pour que personne ne puisse s’échapper de la zone Dollar. Pour que cette zone puisse durer le plus longtemps possible (tout en étant condamnée d'avance à cause de la déflation), il faut qu’elle soit la plus grande possible, et l’UE est donc une proie bien tentante (avec les réserves d'or qui lui restent) et très facile grâce aux gouvernements et à une Commission Européenne atlantistes et qui suivent docilement les intérêts de l’Etat profond américain. Il s’agit donc de leur faire signer le TTIP le plus vite possible, qui les convaincra rapidement de ne pas rapatrier leur or et d’abandonner l’euro (deux monnaies dans la zone US-UE, c’est une de trop) puisqu’ils ont déjà abandonné leur souveraineté. C’est la voie de Yalta en 1945. [12.3] 

La prochaine fois que vous croisez votre Président ou votre Premier Ministre, vous savez maintenant quelle bonne question lui poser: qu’a-t'il choisi à notre place et qui est censé tous nous engager?
Les pays BRICS tendent la main aux peuples Européens depuis 2009, et nos gouvernements leur affichent jusqu'à présent un dédain sans nom, préférant les ombres du monde d'avant.[13] Mais il n’est pas encore trop tard pour penser à notre place dans l'Europe et dans le monde, il reste quelques petits mois et le billet peut se prendre dès cette semaine. Hâtez-vous ou repentez-vous.

Ce qui se discute en ce moment en aparté est pourtant l'affaire de tous, et va nous engager pour bien longtemps. Ne subissez pas sans comprendre.


An error doesn't become a mistake until you refuse to correct it.
(O.A. Battista, 1917-1995)

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[1] ‘La crise écologique globale exige une refonte du système monétaire international’, Conscience Sociale, 01/2013 ; cet article se situait dans la continuité de la question fondamentale posée en 2011: 'How to replace the world trade reference currency’, Conscience Sociale, 06/2011

[2] a) ‘Vers un nouveau système monétaire international - partie 1’, version FR ou EN, Conscience Sociale, 2013 ; b) les prémices de cette stratégie se trouvent dans la conclusion de l'article de 2012: 'La géoéconomie des Bons du Trésor US', Conscience Sociale, 12/2012

[3] a) ‘China, Europe Agree on Currency Deal’, TheTrumpet.com ; b) ‘China's planned crude oil futures may be priced in yuan’, Reuters ; c) ‘India to resume paying Iran in Euros’, India Times ; d) ‘PBOC Says No Longer in China’s Interest to Increase Reserves’, Bloomberg ; e) ‘China’s central government has reportedly approved 12 new free trade zones, including ones in Tianjin and Guangdong’, The Diplomat ; f) ‘Harbinger: 23 countries begin setting up swap lines to bypass dollar’, The Examiner ; g) ‘FMI: La réforme de l'institution reste bloquée par Washington’, Les Echos ; h) ‘Dollar-based system is inherently unstable - The culprit is the dollar’, Financial Times ; i) ‘A Shanghaï, Pékin s'offre un laboratoire des réformes’, Le Monde ; j) ‘La banque de développement et le FMI des BRICS sont nés’, L’Express ; k) ‘Shanghai Free-trade Zone to lead on yuan reform’, South China Morning Post ; l) ‘IMF Quota and Governance Reform: Political Impulse Needed for Progress on Reform Process’, CIGI ; m) ‘South Korea, Australia ink US$ 4.5 billion currency swap agreement’, Sovereign Wealth Fund Institute ; n) ‘BRICS Bank: Caution is a good policy’, India&Russia Report ; o) ‘G20 regrets IMF reforms delay, India says can't wait for long’, Industan Times ; p) ‘Медведев: особую экономическую зону в Крыму будет курировать Козак’, RBC Daily ; q) 'Gold trading to open up to foreigners in Shanghai', SCMP, 03/2014 ; r) 'Russia without dollar - what are the risks?', pravda.ru, 03/2014

[4] a) ‘Les Brics veulent en finir avec l’extrémisme des marchés financiers’, RIA Novosti ; b) article original: ‘БРИКС положит конец рыночному фундаментализму’, RBC Daily 

[5] a) R. Cohen, ‘International Politics: The Rules of the Game’, Longman Group United Kingdom, 1982 ; b) Le Président Xi déclare ainsi cette semaine: "China is firmly committed to ... building a new model of major country relations", Reuters, 03/2014

[6] Le Parisien, 03/2014 

[7] The Guardian, 03/2014 

[8] Conseil Européen, 24/03/2014 

[8.1] Ne pas ignorer par exemple: a) 'Did Russia Just Move Its Treasury Holdings Offshore?', WSJ, 03/2013 ; b) 'Emerging Markets central banks sell US government bonds', Financial Times, 03/2014

[9] a) ‘La crise ukrainienne, un événement de la politique profonde’, Conscience Sociale, 03/2014 ; b) Pour la définition précise du terme 'Etat profond' voir 'La politique profonde et l’Etat profond (deep politics and the deep State)’, Conscience Sociale, 03/2014

[9.1] 'Escalade dans la réaction de survie des États-Unis: déclencher une guerre froide pour mieux annexer l’Europe', Global Europe Anticipation Bulletin n°83, 03/2014

[9.2] 'The Way Forward for the Brics New Development Bank', All Africa, 03/2014

[10] Obama et Cameron ont préparé cette réunion la semaine dernière: whitehouse.gov, 03/2014 

[10.1] Les Real Bills expirent au bout de 91 jours maximum.


[10.3] 'Building a strong economic and financial security barrier for China - Actively build and implement national gold strategies', In Gold We Trust, 09/2013

[10.4] Pour plus de détails sur ce fonctionnement, on pourra lire sa très récente annonce 'Gold Bills Payable in Gold Sovereigns', A.E. Fekete, 03/2014; Sur la distinction entre Real Bills et Gold Bills: entretien du Pr. Fekete avec Daily Bell, 03/2014

[10.5] L'ensemble formé par les BRICS est déjà suffisamment autonome: 'Sanctions effect: Russia to change its economic partners…for the better', Russia Today, 03/2014

[10.6] 'U.S. Dollar, Euro, Renminbi as invoicing currencies in international trade and as reserve currencies - A bibliography', Conscience Sociale

[10.7] Créée en 1930, son existence n'a été publiquement dévoilée qu'en 1977. Notons aussi que d'après les statuts le terrain de l'immeuble de la BIS n'est pas soumis aux lois suisses. La police ou l'armée ne peuvent y rentrer. Voir aussi 'Tower of Basel: The Shadowy History of the Secret Bank that Runs the World', Adam LeBor, PublicAffairs, 2013

[10.8] 'Bernanke Tells Congress: I Don't Really Understand Gold', Forbes, 07/2013 ; Mais ils ont reconnus eux-mêmes être au bout du rouleau : voir Conscience Sociale, 08/2013

[10.9] 'Focus' in Global Europe Anticipation Bulletin n°83, 03/2014

[11] Notons à ce sujet que les pays BRICS ont capitalisé sur l’expérience acquise par les achats de pétrole iranien en or par l’Inde, au travers de banques turques. Comme quoi l’embargo injuste décrété par l’Occident s’est révélé être une faiblesse qui allait entraîner d’énormes conséquences. L’Histoire est friande de ce genre d’ironie. Voir a) WSJ, 02/2014 ; b) Foreign Policy, 02/2014

[12] a) 'Sun Zhaoxue: The United States Intends To Suppress Gold To Ensure The Dollar’s Dominance',  In Gold We Trust, 01/2014 ; b) L'origine de cette stratégie remonte loin dans le temps. On peut citer par exemple: 'Minutes of Secretary of State Kissinger’s Principals and Regionals Staff Meeting, Washington, April 25, 1974', in FOREIGN RELATIONS OF THE UNITED STATES, 1973–1976, VOLUME XXXI, FOREIGN ECONOMIC POLICY, DOCUMENT 63 ; c) 'La Manipulation du Prix de l’Or', 24hgold, 09/2008 ; d) 'Barclays, Deutsche Bank Accused of Gold Fix Manipulation', Bloomberg, 03/2014 

[12.1] 'What the world needs is “19th century behavior', Russia in Global Affairs, 03/2014

[12.2] 'L'implosion du marché COMEX et la dé-américanisation du monde’, Conscience Sociale, 10/2013

[12.3] 'L'Union européenne: la nouvelle URSS', Vladimir Boukovski

[13] 'La dérive néo-conservatrice de la politique française', Agile Démocratie, 03/2014 

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Dernière édition: 10/4/2014, 8:43

2013/06/25

#PRISM: voir avant, voir après

 J'ai eu le plaisir d'animer une session jeudi 20 à 13h lors de la dernière conférence Pas Sage en Seine 2013 (PSES2013), à propos de l'affaire #PRISM.

"Anticiper #PRISM et anticiper la suite de l'histoire : Le geste politique d'Edward Snowden avait été correctement anticipé dans un contexte de montée en puissance de l'hacktivisme aux U.S. Nous discuterons de l'utilisation de la méthode de l'anticipation politique pour cette analyse, et ce qu'elle nous apprend pour la suite de la transformation socio-politique en cours aux U.S."

Vous pouvez retrouver son enregistrement vidéo ici, et le support que j'ai utilisé ici. Il est diffusé sous CC BY SA. (Le micro ne fonctionnait pas toujours très bien, désolé pour la qualité du son.)

Un point important que l'on n'a pas abordé lors de cette session: l'implication du GCHQ et l'impact de cette information sur la politique intérieure du Royaume-Uni et sa relation avec l'Union Européenne.

2013/01/04

Rapport du Parlement européen sur le programme de la CIA de détention secrète et de torture

La terreur qui frappe l’Amérique le 11 Septembre 2001 met les institutions des Etats démocratiques à rude épreuve. Le lendemain de l’attentat, les Etats-Unis déclarent ouverte « la guerre contre le terrorisme » et lancent une vaste traque planétaire et clandestine des présumés terroristes. Il s’agit du programme de « restitutions extraordinaires » élaboré par la CIA. Il est agréé par les Etats-membres de l’OTAN et mis en œuvre par leurs services spéciaux entre 2001 et 2006.

Ses victimes - combien sont-elles ? - ont été kidnappées, torturées, enfermées ; leur intégrité et leur dignité ont été profanées de façon procédurale et systématique. Certaines croupissent toujours, sans espoir de procès, à Guantánamo. A ce jour aucun responsable politique, aucun agent des services d’Etat, aucun président d’entreprise sous-traitante, ni en Europe ni aux USA, n’a été tenu de s’expliquer et de rendre des comptes.

Partout l’impunité fait loi. En Europe, les Etats ont eu à connaître de cette entreprise criminelle. Ils y ont participé, tacitement ou de façon active, certains jusqu’à autoriser plusieurs centaines de vols clandestins de la CIA dans leur espace aérien, d’autres jusqu’à tolérer sur leur territoire des sites de détention et de torture secrets.

Onze ans plus tard, après de nombreux rapports, enquêtes, articles et témoignages confondants, les Etats n’ont toujours pas lâché prise : pas de reconnaissance des faits, pas d’excuses ni de réparations aux victimes, pas de responsabilités identifiées. Le rapport adopté le 11 septembre 2012, que j’ai eu la responsabilité de conduire pour le Parlement européen, met les Etats européens au pied du mur de la vérité. Il conforte et légitime les travaux des journalistes, des défenseurs des droits de l’Homme, des parlementaires, des juristes, des experts, des victimes, qui jour après jour, relèvent le défi de vérité.

Non, le Parlement européen n’accepte pas qu’au nom des citoyens et de leur sécurité, les États développent des pratiques illégales clandestines, violatrices des droits de l’Homme et se dispensent de rendre des comptes. En 2007, mon prédécesseur, Claudio Fava, avait dû affronter les outrances assumées des atlantistes virulents, pour lesquels il n’y aura jamais de plus belle preuve de loyauté envers l’Amérique que le secret gardé sur l’exécution du programme de la CIA. Pendant les travaux de la commission d’enquête, ils avaient déployé tous leurs efforts pour saper la démarche d’enquête, discréditer les témoins auditionnés, protéger les secrets d’État et dénier le besoin de vérité.

Mais à l’heure où les télégrammes diplomatiques ont pignon sur le net, où les archives des services secrets s’étalent dans les ruines des dictatures déchues, où les victimes des tortures passent du côté du pouvoir, les négationnistes sont moins diserts. Seuls désormais, les Etats tentent de protéger leurs secrets de polichinelle. Poussés à rendre des comptes, ils rechignent, tergiversent, mentent, feignent, retardent, camouflent. Ils se tiennent par la barbichette à qui parlera le dernier !

Lors de l’audition organisée au Parlement européen en mars 2012, aucune autorité invitée n’est venue défendre son enquête, pas un procureur, pas un ministre, pas un parlementaire. La conjuration nationaliste est-elle trop forte ? Les pressions américaines trop convaincantes ? « L’Etat profond » trop puissant ? L’enquête trop peu crédible ? L’Europe ne doit pas abandonner les Etats à leurs démons. La clause européenne de solidarité et de confiance mutuelle doit être activée, elle est le levier qui peut forcer le couvercle de la vérité.

L’Europe serait la première victime du déni. Sa promesse de dignité et de démocratie anéantie, elle perdrait toute autorité ! Le lendemain de l’adoption du rapport, le 12 septembre 2012, répondant à la presse, le Président le la République de Roumanie dit : « La Roumanie suivra les recommandations du Parlement européen ». Une onde d’espoir parcourt la planète des « épris de justice ». La vérité viendra.

Ce texte empreint d'une profonde volonté de renforcer le contrôle démocratique est la préface de la député européenne Hélène Flautre, publiée le 6 décembre 2012, à son livre en libre diffusion :  « Le programme secret de la CIA et le Parlement Européen :  Histoire d'un forfait, histoire d'un sursaut ».
Je ne saurais trop vous conseiller de télécharger le rapport officiel annexé à ce livre enquête d’Hélène Flautre et de Bertrand Verfaillie ou le visionner avec d'autres vidéos sur le site d’EELV au parlement européen.
Il s'agit d'une remarquable et si précieuse mise en application d'une parole de Arendt: « Le courage est la première de toutes les vertus politiques ». C'est aussi l'aune à laquelle on mesure la capacité d'un peuple à maîtriser son devenir. Ce rapport est un acte qui grandit tous les Européens, grâce aux vertus des « obstinés de la vérité » et de la transparence.


2012/04/03

Le devoir du citoyen

 Ce devoir, c'est celui de s'informer, et d'informer. Plus exactement, dans nos sociétés au consentement fabriqué, c'est celui de bien s'informer, et de bien informer. Le citoyen ne doit pas rester un simple réceptacle, ou une courroie mécanique de transmission, il doit exacerber son rôle de relai actif de l'information. Chaque parole politique est aussi un acte de journalisme. 

En voici une illustration ce matin : Le Monde publie un article de Jean-Marc Ferry : "Les candidats face au défi européen".
Sachant l'importance absolument cruciale de ce thème pour la sortie de la crise systémique mondiale, il a attiré toute mon attention. 
Je dois dire que j'ai été immédiatement déçu par la couverture imparfaite du programme européen de François Hollande. Comme il n'est pas possible de commenter sur le site du Monde sans être abonné, j'ai donc immédiatement contacté l'auteur en personne. Le relai actif que j'ai mentionné.
Il m'a répondu aussitôt, et c'est avec son autorisation que je publie ici mon commentaire et sa réponse. Je l'en remercie sincèrement pour cette démonstration de transparence du débat entre citoyens, dans cette campagne aux enjeux historiques.

Monsieur Ferry,

vous écrivez dans votre article du 02/04 : "Sur le fond, il n'y a pas de vision institutionnelle novatrice concernant l'UE. [dans le programme de F. Hollande]"

Je tiens pourtant à porter à votre connaissance le discours suivant de F. Hollande sur l'Europe :

"L’Europe doit être aussi mieux gouvernée. C’est le rôle du Conseil européen, des chefs d’Etat et de gouvernement. C’est le rôle, aussi, des institutions communautaires – que je respecte. L’Europe a avancé quand elle a été capable d’avoir des chefs d’Etat et de gouvernement qui avaient une vision, mais aussi des institutions communautaires qui prenaient l’initiative, qui anticipaient, qui traduisaient, qui engageaient. Et un Parlement européen qui faisait entendre sa voix. Et c’est pourquoi nous devons aller vers une responsabilité encore plus grande de la Commission européenne devant le Parlement européen, et du président de la Commission européenne devant le Parlement européen."

Pensez-vous vraiment qu'il ne s'agit pas là d'une vision institutionnelle très novatrice concernant l'UE ? Et sans équivalent dans les discours des autres candidats ? Et à même de permettre enfin le contrôle de l'Europe par les citoyens au travers de représentants directement élus ?

Je suis disposé à en débattre avec vous, afin que vous puissiez publier un correctif de votre article, au moins pour rétablir cette vérité sur le programme de F. Hollande.

Cordiales salutations,

--Bruno Paul 
Transparence.me - Conscience Sociale - Democratie Agile - Twitter - Facebook - LinkedIn - Viadeo - G+
Et sa réponse :
Cher Bruno Paul,

Je vous remercie pour cette mise au point. Je me suis en effet indexé sur le programme (en ligne) du Parti Socialiste, et je reconnais ne pas avoir intégré ce discours de François Hollande, dont je partage le schéma en ce qui concerne le retour à la méthode communautaire, moyennant une légitimité renforcée du Président de la Commission (voire de l'Union en général), ce qui implique sans doute une réforme profonde de son mode
d'investiture.

Le Monde tenait à ce que j'évoque les programmes. J'ai donc dû en insérer dans mon article un (trop) rapide aperçu. Cependant mon souci principal était plutôt de faire passer l'idée relative à la sortie de crise.

Bien cordialement, JMF

Prof. Jean-Marc Ferry
http://users.skynet.be/sky95042

Chaire de Philosophie de l'Europe
Université de Nantes
jean-marc.ferry@univ-nantes.fr

Université libre de Bruxelles
jferry@ulb.ac.be

Dont acte.