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2017/11/27

Comment finira l'Empire de notre temps

"Pendant que tu regardais, une pierre s'est détachée sans aucune intervention extérieure. Elle a frappé les pieds en fer et en argile de la statue et les a pulvérisés. Le fer, l'argile, le bronze, l'argent et l'or ont alors été pulvérisés ensemble, et ils sont devenus pareils à la bale qui s'échappe d'une aire de battage en été: le vent les a emportés et on n'a plus trouvé aucune trace d'eux. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle est devenue une grande montagne et a rempli toute la terre.[...]
Il y aura un quatrième royaume, solide comme du fer. En effet, le fer pulvérise et écrase tout. Tout comme le fer brise tout, il pulvérisera et écrasera les autres. Tu as vu les pieds et les orteils en partie en argile de potier et en partie en fer. De même, ce royaume sera divisé, mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mélangé à l'argile. Les doigts des pieds étaient en partie en fer et en partie en argile. De même, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile. Tu as vu le fer mélangé à l'argile parce qu'ils feront des alliances tout humaines. Cependant, ils ne seront pas vraiment unis l'un à l'autre, de même qu'on ne peut allier le fer à l'argile.
A l'époque de ces rois, le Dieu du ciel fera surgir un royaume qui ne sera jamais détruit et qui ne passera pas sous la domination d'un autre peuple; il pulvérisera tous ces royaumes-là et y mettra fin, tandis que lui-même subsistera éternellement."

René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps, (1945), pp.147 :
"Il y a donc, dans la réduction graduelle de toutes choses au quantitatif, un point à partir duquel cette réduction ne tend plus à la « solidification », et ce point est en somme celui où l’on en arrive à vouloir ramener la quantité continue elle-même à la quantité discontinue ; les corps ne peuvent plus alors subsister comme tels, et ils se résolvent en une sorte de poussière « atomique » sans consistance ; on pourrait donc, à cet égard, parler d’une véritable « pulvérisation » du monde, ce qui est évidemment une des formes possibles de la dissolution cyclique. Cependant, si cette dissolution peut être envisagée ainsi à un certain point de vue, elle apparaît aussi, à un autre point de vue, et suivant une expression que nous avons déjà employée précédemment, comme une « volatilisation »."
et pp.267 :
"Au surplus, le faux est forcément aussi l’« artificiel », et à cet égard, la « contre-tradition » ne pourra pas manquer d’avoir encore, malgré tout, ce caractère « mécanique » qui est celui de toutes les productions du monde moderne dont elle sera la dernière ; plus exactement encore, il y aura en elle quelque chose de comparable à l’automatisme de ces « cadavres psychiques » dont nous avons parlé précédemment, et elle ne sera d’ailleurs, comme eux, faite que de « résidus » animés artificiellement et momentanément, ce qui explique encore qu’il ne puisse y avoir là rien de durable ; cet amas de « résidus » galvanisé, si l’on peut dire, par une volonté « infernale », est bien, assurément, ce qui donne l’idée la plus nette de quelque chose qui est arrivé aux confins mêmes de la dissolution.
 

     Nous ne pensons pas qu’il y ait lieu d’insister davantage sur toutes ces choses ; il serait peu utile, au fond, de chercher à prévoir en détail comment sera constituée la « contre-tradition », et d’ailleurs ces indications générales seraient déjà presque suffisantes pour ceux qui voudraient en faire par eux-mêmes l’application à des points plus particuliers, ce qui ne peut en tout cas rentrer dans notre propos. Quoi qu’il en soit, nous sommes arrivés là au dernier terme de l’action antitraditionnelle qui doit mener ce monde vers sa fin ; après ce règne passager de la « contre-tradition », il ne peut plus y avoir, pour parvenir au moment ultime du cycle actuel, que le « redressement » qui, remettant soudain toutes choses à leur place normale, alors même que la subversion semblait complète, préparera immédiatement l’« âge d’or » du cycle futur."

2015/04/05

A la rencontre de Dieu

[dernière mise à jour : 7/10/2017]

« L’Église elle même, non seulement conseille, mais ordonne aux Docteurs chrétiens d’appeler à leur aide la philosophie ». 
(Pape Léon XIII, Æterni Patris, 1879)


L'optique particulière assemblée par Conscience Sociale, ainsi que la vision issue de sa culture occidentale, nous sert à percevoir le sens du monde -c'est-à-dire son lent mouvement profond.

Toute perception est elle-même un déplacement, un mouvement de notre être.

Que recèle ce mouvement ?

Charles, tu m'as écrit il y a bien longtemps :
« Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan.L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre. »
(C. Baudelaire, 1821 - 1867 ; Mon cœur mis à nu, 1864) 
Tout d'abord, cette conception de deux pôles opposés, sources de mouvements contraires, est-elle justifiée ? 
N'est-ce pas plus limpide, plus direct, comme une évidence, d'écrire plutôt : 
Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre qui éloigne de Dieu.
L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; la restriction de sa spiritualité, ou la mise en avant de l'animalité, est une joie de descendre.

Cette conception permet ainsi de préciser en corollaire:
Dieu est l'origine unique des potentiels. Il ne se manifeste que par une force d'attraction, à laquelle chaque être est sensible, et ceci quelle que soit la distance qui sépare son esprit de celui de Dieu.
L'esprit d'un être est un potentiel, limité et à l'image de celui de Dieu.  
Cette différence de potentiel, entre l'origine et notre esprit, crée l'inspiration. De là naît la volonté, qui se propage en gestes et en actes.

Chaque être est ainsi en mouvement, chacun sur sa propre trajectoire. A toute heure, les rencontres avec les autres esprits, les autres consciences sont autant d'occasion de se rapprocher ou de s'éloigner de Dieu.

Il est tout à fait inutile d'imaginer une force issue de Satan, d'un pôle opposé à celui de Dieu, pour expliquer les comportements qui éloignent de Dieu.

L'opposé de Dieu n'est pas Satan. C'est le néant.  

De notre vivant, nous ne rencontrons pas Dieu. Nous ne pouvons qu'aller à sa rencontre. Nous pouvons rencontrer des chemins, des esprits humains, qui nous rapprochent rapidement de Dieu, et ressentir intimement cette force d'attraction, ce mouvement, cette progression, cette élevation de l'esprit. Je pense que c'est cela que l'on exprime quand on dit "j'ai rencontré Dieu". 

Cette puissance d'attraction est éternelle. Elle a toujours existé.
« La chose même qu'on appelle maintenant Religion chrétienne, existait chez les anciens, et n'a jamais cessé d'exister depuis l'origine du genre humain, jusqu'à ce que le Christ lui-même étant venu en la chair, l'on a commencé à appeler chrétienne la vraie religion qui existait auparavant. »
(A. Augustinus, 'saint Augustin d'Hippone', 354 - 430 ; Retractations, livre 1, c. XIII, n. 3)
« La Tradition avec un grand "T" peut se définir comme une transcendance immanente, c'est-à-dire une force venue d'en haut depuis les origines, qui agit invisiblement, mais qui n'en est pas moins réelle et efficiente sur le monde des hommes ; c'est cet influx divin qui justifie l'orthodoxie de toute tradition véritable, que l'on peut qualifier de "révélée". Cette "présence" se transmet, depuis le "Centre" suprême jusqu'aux différents centres spirituels secondaires, par les élites humaines [initiées] qui sont au sommet des diverses hiérarchies, et cette force supra-humaine donne sa raison d'être à toute organisation sociétale normale et digne de ce nom, étant ainsi entièrement "axée" et "centrée" autour de valeurs spirituelles et supra-individuelles, lui assurant une unification d'ensemble par le haut. »
(P.-Y. Lenoble, Métaphysique du Moyen-Âge, 2014)
« Par tout ce que nous avons déjà dit, il est facile de se rendre compte que la constitution de la « contre-tradition » et son triomphe apparent et momentané seront proprement le règne de ce que nous avons appelé la « spiritualité à rebours », qui, naturellement, n’est qu’une parodie de la spiritualité, qu’elle imite pour ainsi dire en sens inverse, de sorte qu’elle paraît en être le contraire même ; nous disons seulement qu’elle le paraît, et non pas qu’elle l’est réellement, car, quelles que puissent être ses prétentions, il n’y a ici ni symétrie ni équivalence possible. Il importe d’insister sur ce point, car beaucoup, se laissant tromper par les apparences, s’imaginent qu’il y a dans le monde comme deux principes opposés se disputant la suprématie, conception erronée qui est, au fond, la même chose que celle qui, en langage théologique, met Satan au même niveau que Dieu, et que, à tort ou à raison, on attribue communément aux Manichéens ; il y a certes actuellement bien des gens qui sont, en ce sens, « manichéens » sans s’en douter, et c’est là encore l’effet d’une « suggestion » des plus pernicieuses. Cette conception, en effet, revient à affirmer une dualité principielle radicalement irréductible, ou, en d’autres termes, à nier l’Unité suprême qui est au delà de toutes les oppositions et de tous les antagonismes ; »
(R. Guénon, Le Règne de la quantité et les signes des temps, 1945, Chap. XXXIX, pp.194) 
Bien d'autres choses peuvent être dites sur le mouvement naturel de l'esprit, et les mouvements de l'âme induits par les fausses idées, telles celles du Sabbataïsme-Frankisme. Nous y reviendrons [màj: voir ici].

Pour l'heure, exprimons ce même corollaire suivant un modèle très simple issu de la physique, comme bref prologue de métaphysique théorique (pour reprendre un terme forgé par J.-P. Petit), discipline des siècles à venir.

Il existe un point de référence où le potentiel est le plus petit possible. Ce point de référence est appelé origine des potentiels. Il représente Dieu.


L'esprit d'un être est modélisé par une surface équipotentielle. Soient deux esprits (ou bien un esprit dans deux états consécutifs), deux surfaces équipotentielles V et V+dV. Le potentiel étant une fonction continue, à un déplacement infiniment petit dn de l'esprit correspond une variation infiniment petite du potentiel dV. Il s'ensuit que les surfaces V et V+dV sont très rapprochées et d'autant plus que dV est petit.

Soit un point M, quelconque de la surface équipotentielle V. M est une idée présente dans l'esprit V. On définit, en ce point, un vecteur appelé gradient de potentiel désigné par , de la façon suivante :
  • Son origine est le point M.
  • Il est porté par la normale à la surface équipotentielle passant par le point M.
  • Il est orienté dans le sens des valeurs croissantes du potentiel.


Rédigé au petit matin du jour de Pâques 2015.