2013/02/13

Les Etats-Unis, un empire qui s'effondre

Jacques Attali a bien voulu résumer dans son billet du 11 février "Les Etats-Unis sont en faillite" un bilan économique et social que j'expose depuis longtemps en toute rigueur et transparence notamment dans les pages suivantes, de manière plus fouillée : 
Il me parait important de souligner que les Etats-Unis ne sont pas seulement en faillite: c'est un empire qui s'effondre. La perspective des conséquences en est complètement changée.
C'est dans cette optique que je formule une réponse à un des premiers commentaires du billet d'Attali, en me limitant uniquement aux thèmes mentionnés par ce lecteur :
raymond75 Les Etats-Unis sont en faillite sur les livres de comptes ; ils restent une formidable puissance économique, la première pour l’informatique et l’espace, et disposent d’une très grande capacité à imposer des traités commerciaux avantageux pour eux.
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Ils sont aussi la seule puissance mondiale capable d’exercer un « leadership » sur le monde entier : l’OTAN et le défense de l’Europe, c’est eux et pas nous ; les opérations extérieures françaises n’existeraient pas sans leur aide ; et ils échange les ventes d’armes contre des accords économiques et de défense. Ils peuvent frapper n’importe quel point du monde en quelques heures.
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Même en ruine ils restent un géant et l’Europe un nain, et ils ont la planche à billets. S’ils le souhaitent, ils annuleront leur dette comme ils ont annulé la parité or-dollar.
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La Chine n’existe aujourd’hui qu’en tant que sous-traitant des sociétés occidentales, pour assembler et exporter. Elle est très fragile en fait, et a des problèmes d’alimentation en eau, nourriture, énergie, révoltes permanentes et pollutions dantesques.

Sur les premier et troisième points :
  • La faillite comptable des Etats-Unis n'est en rien comparable au défaut de paiement qui a affecté l'Argentine fin 2001 par exemple, par sa dimension et son poids dans l'économie mondiale. Imaginer qu'une telle faillite puisse se traiter aussi simplement qu'une écriture dans un livre de comptes est révélateur d'une myopie intellectuelle, ou d'une mauvaise foi.
  • La "formidable puissance économique" ne l'est plus: l'activité commerciale est en majeure partie tirée par des importations, financées par une dette abyssale ; même en volume, le commerce des US en 2012 passe derrière celui de la Chine
  • L'activité informatique essentielle (le développement) des grands éditeurs traditionnels comme Microsoft, IBM, Oracle ou Apple est depuis longtemps offshorisée en Asie. L'avenir des Google ou Amazon est lié à la législation sécuritaire des USA pour le Cloud, et la montée des concurrents asiatiques. Les Facebook/Twitter ont déjà de nombreux équivalents.
  • Pour l'espace, les arrêts successifs des programmes de la NASA pour raison budgétaire doit être mis en balance avec l'essor des nouveaux programmes spatiaux de Europe et notamment ceux qui reposent sur une stratégie de partenariat avec les pays BRICS.
  • Pour la capacité d'influence des USA depuis 2008, ou soft power, il s'agit plus d'une survivance ancrée dans l'esprit des anciennes générations qu'autre chose. Le monde change... vite. Dire que l'Europe est un nain revient plus que jamais à vouloir rester à genoux. Et le géant a les pieds d'argile de la finance. Je vous laisse observer les évolutions historiques du système monétaire international (1, 2) qui sont en train de prendre place.
Sur le deuxième point :
  • Le leadership géostratégique n'est déjà pas si évident aujourd'hui (retrait en désordre d'Irak, bientôt d'Afghanistan, tentative d'une stratégie de pivot vers le Pacifique) ; et il le sera de moins en moins avec l'arrivée prochaine des nouveaux systèmes d'armes hypervéloces qui rendront simplement obsolète le concept de porte-avions, lents fleurons de la capacité de projection des USA. Bien des progrès ont été réalisés depuis la torpille Shkval dont vous ignoriez sans doute les capacités et dont la conception remonte aux années 60.
  • Pour la "protection" de l'Europe, on doit déjà se poser la question de contre qui nous avons besoin d'être réellement protégés, et aussi regarder la réalité du bouclier de missiles US.
Sur le dernier point : c'est vrai que la Chine doit affronter une transition difficile, notamment sur les plans sociaux et écologiques. Mais leurs dirigeants ont pleinement conscience de cette responsabilité, à l'inverse des influences du gouvernement US depuis des décennies. Et imaginer qu'ils resteront et doivent simplement être considérés comme des SOUS-traitants, sans faire cas d'une réciprocité des rapports entre blocs souverains et d'une nécessaire discussion à égalité, c'est faire état d'une méconnaissance injurieuse de la géopolitique et des relations internationales au XXIème siècle.

Vous trouverez sur ce blog et ailleurs les éléments rationnels qui concernent les autres volets qu'il faut nécessairement prendre en compte pour comprendre toutes les implications stratégiques de l'effondrement d'un empire comme celui des US, de la transformation du monde d'avant pour faire naître le monde d'après.

Mise à jour le 15/02/2013 
En complément vous pourrez lire avec intérêt :
1) cet article concomitant de K. Mahbubani publié par l'institut Yale Center for the Study of Globalization :  Is the US Ready To Be Number Two?
2) ces articles du Global Europe Anticipation Bulletin édité par le Laboratoire Européen d'Anticipation Politique, think-tank fondé par Franck Biancheri et le premier sur la pertinence des analyses de la crise systémique mondiale et de ses aboutissements:

16 commentaires:

  1. Analyse rationnelle, mais le monde n'est pas rationnel. Tant que les "investisseurs" pris au sens large de stakeholder auront la foi irrationnelle, l'empire garde un avenir, tel Rome avant Byzance. C'est seulement la crise de foi qui conduit à la chute.Luc

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  2. Luc:
    On ne peut pas dire que le monde est ou n'est pas rationnel. Je dis simplement que la rationnalité est la seule démarche que l'homme ait trouvé pour essayer de comprendre le monde.

    Les premiers "investisseurs" sont les citoyens. Voyons ce qu'ils pensent en ce moment, un exemple récent: une crise de foi. Et pour les institutions: SOTU 2013.
    Guère besoin je pense de s'appesantir sur la foi du restant des stakeholders que sont les autres pays.

    Un empire a toujours un avenir, mais pas forcément celui de continuer à être un empire.

    Pour terminer: L'histoire se répète; On dirait que l'empire d'Orient survit toujours à l'empire d'Occident. Et c'est sur ses débris que c'est construite l'Europe, et qu'elle continue de le faire.

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  3. Je suis navré, je rejoindrais plutôt raymond75 sur son commentaire :

    "La faillite comptable des Etats-Unis n'est en rien comparable au défaut de paiement qui a affecté l'Argentine fin 2001 par exemple, par sa dimension et son poids dans l'économie mondiale."> Justement, le poids des Etats-Unis est tel que leur chute engage tout le monde, y compris leurs sous-traitants. Ils ne sont pas une pièce quelconque du système économique mondial, ils en sont la pièce maîtresse.

    "L'activité informatique essentielle (le développement) des grands éditeurs traditionnels comme Microsoft, IBM, Oracle ou Apple est depuis longtemps offshorisée en Asie."> on parle donc bien de sous-traitance.

    " Les Facebook/Twitter ont déjà de nombreux équivalents."> vous parlez du marché asiatique pour mieux masquer la quasi-inexistence de l'Europe sur ces secteurs d'avenir. Quant aux chinois, leur suprématie dans ce domaine est numérique, mais ils n'ont pas la culture mondialiste des Etats unis, qui ont également comme atout une langue native internationale.

    -"Dire que l'Europe est un nain revient plus que jamais à vouloir rester à genoux"> mais quelle Europe ? Vous comparez un agglomérat de pays sans unité politique, dont vous additionnez les données économiques, avec un Etat fédéral. Cela n'a rien à voir.

    - Le leadership géostratégique n'est déjà pas si évident aujourd'hui (retrait en désordre d'Irak, bientôt d'Afghanistan, tentative d'une stratégie de pivot vers le Pacifique)> C'est une stratégie d'influence, il ne s'agit pas de conquête militaire. Pour dire que leur retrait militaire d'Irak et d'Afhanistan est un échec, ce sont les intérêts américains sur place qu'il faut évaluer. Connaissez-vous une analyse fiable sur ce sujet ? Je veux bien la lire.

    Je sais qu'il est de bon ton de parler de cycles de suprématie Orient/Occident, pourquoi pas même Proche-Orient et Afrique. Je pense que c'est vouloir aller trop vite que de l'appliquer aujourd'hui. La Chine a 50 à 100 ans de retard sur l'Occident. Mais ce retard ne se compte pas que financièrement ou même socialement. Il se compte aussi en terme d'influence et de culture politique, économique, géostratégique, militaire, idéologique. Regardons l'exemple du Japon, sur lequel on ne tarissait pas d'éloge, c'était hier.

    Les Etats Unis sont des défricheurs, ils sont en tête de pont. Ils subissent en premier ce que les autres subissent après eux, ce qui leur octroie non seulement des coups d'avance, mais aussi une culture de la prospective. Ils ont inventé le système actuel, en ont fait l'idéologie dominante dans le Monde, on ne va pas leur en apprendre les règles. Ils mènent le jeu. Ils sont déjà dans l'étape d'après, et seront encore leader dans la révolution industrielle à venir, je veux bien en prendre les paris. Rendez-vous déjà après la crise pour un premier bilan.

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    1. @Quidam : merci pour votre commentaire.
      1) le fait d'etre la piece maitresse n'est en rien une protection absolue. Tous les empires se sont effondrés dans l'histoire. Ils etaient pourtant chacun la piece maitresse de leur espace de domination.

      2) sur les developpements offshorisés : non ce ne sont pas de simples sous-traitants. Je ne parle pas des call-centers. Je parle de la creation et la maintenance de logiciels. Ce savoir-faire peut se vendre en direct à d'autres clients dans le monde. Un sous-traitant est dépendant de l'ecosysteme de son ensemblier. Ce n'est pas le cas pour le developpement de logiciels, pour lequel on peut à la limite inverser le concept: en terme de dependance, c'est l'activité de marketing aux US qui est en situation de sous-traitance par rapport aux produits developpés.

      3) Je parle du fait qu'il est tres facile de quitter un reseau social et d'aller sur un autre. Peut importe le graphe des "relations" cela se recréé tres vite; L'historique des conversations n'a que peu de valeur. Vous avez raison en disant que les services européens ne sont pas toujours au niveau, mais ce n'est pas une faiblesse dans mon raisonnement.
      Sur la culture mondialiste et la "langue internationale": ce n'est qu'un mythe, un reliquat de soft power qui s'evapore tres vite quand on quitte les frontieres de l'occident ou meme dans le sud des US. Les 1000 mots d'anglais que bcp de monde peut acquerir ne forme pas une langue. C'est un simple raccourci de communication. A l'inverse, etre dans une zone culturelle multi-linguistique n'est pas un probleme indépassable.

      4)Quelle Europe ? Quelle unité politique ? Cherchez Euroland et regardez les progres effectués depuis 2008. J'aggrege par ailleurs les données des pays de l'euroland (ou plus precisement c'est la Commission qui le fait). UK n'est pas inclus. C'est ce constat géopolitique et de son evolution qui rend pertinent cette aggregation.

      5) auparavant qu'appelez-vous une analyse fiable ? Auriez vous un exemple qui vous sied ?

      6) Je n'ai jamais ecrit que la chine allait simplement remplacer l'Occident; Ce serait effectivement naïf. Je dis que l'Occident en tant qu'entité alignée sur l'alliance US/UK/Israel, et avec le Japon sous influence écrasante, est à bout de souffle. Cette entité est en train de se décomposer, en parallele de la montée en puissance des zones regionales autour des pays BRICS et de l'Euroland. Par ailleurs je serais preneur d'une analyse de votre choix sur les 50/100 ans de retard de la chine dans tous ces domaines. Je pense que j'aurais qq arguments à faire valoir à sa lecture.

      7) Les US des défricheurs je veux bien, au moins dans certains domaines (pas tous, et pas les meilleurs loin de la). Une culture de la prospective ? Si c'est cette culture qui les a précipité tête baissée dans la crise depuis 2007, alors que l'anticipation politique avait publié les raisons structurantes de ce cataclysme, alors cette culture n'est guère un atout. Sur le Japon, je vous conseille de lire les analyses sur japanfocus.org .
      "On ne va pas leur en apprendre les règles" : non effectivement. On va changer les règles, ce qui rendra obsolète la maîtrise des regles anciennes. Je dis "on" mais il s'agit de voies au G20 et du OMFIF, rien de moins. Rendez-vous apres le prochain G20 en Russie, et on reparlera du systeme monetaire international. Rien n'est inamovible...
      Pour ce qui est des US leader dans la revolution industrielle à venir, si ce n'est pas du "wishfull thinking" alors je suis preneur d'une analyse fiable de votre choix. Qu'êtes vous prêt à parier sachant que ça retirera votre anonymat ?

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    2. 1) le fait d’être la pièce maitresse n'est en rien une protection absolue > protection absolue contre quoi ? Nous parlons de leadership. Si l'Europe et la Chine plongent en même temps que les Etats Unis, l'équilibre des forces reste le même. Je ne vois pas ce qui fondamentalement peut laisser croire que certains vont mieux tirer leur épingle du jeu.

      Par ailleurs, je crois qu'il faut distinguer la crise, qui est un évènement, des paramètres structurels.

      J'ajouterai que je ne suis pas sûr que la crise n'affaiblisse ni le capitalisme, ni les Etats Unis, et j'aurai même tendance à penser que c'est le contraire. L'incroyable démantèlement des systèmes sociaux, du fonctionnariat, la braderie des ressources et des patrimoines nationaux, qui en découle (cf notamment la Grèce qui est elle par contre en tête de pont de la crise) est une aubaine pour l'ultra-libéralisme.

      Le capitalisme se nourrit de tout, du bon, comme du mauvais. Tout cataclysme est bon pour l'argent, même s'il ne l'est pas pour les hommes. C'est là le vice de ce système.


      2) Je veux bien qu'on dise tout et n'importe quoi pour avoir raison, mais là c'est un peu énorme. Je laisse chacun juger.

      3) Vous pouvez fantasmer mais qu'en est il aujourd'hui ? 90% des applications que nous utilisons, online ou offline, sont produites par des sociétés américaines. 0% par des sociétés chinoises.

      "Sur la culture mondialiste et la "langue internationale": ce n'est qu'un mythe"> là encore, je vous parle du réel. Demandez aux investisseurs en capital-risque la différence entre investir dans un projet web international en anglais ou un projet uniquement en français. Et demandez aux webentreprenautes en France s'il est plus facile de monter un projet en français ou en anglais à l'international. Mesurez ces deux antagonismes, et vous verrez que ce n'est pas tant un mythe.

      4) Je n'ai malheureusement pas le temps de lire tous vos beaux documents. J'attends que vous me montriez des projets concrets de la géostratégie économique européenne qui ne soient pas seulement de la gestion administrative, financière, ou des vœux pieux.

      5) Et bien tout simplement un état des intérêts économiques et financiers américains dans la région de l'Afghanistan et de l'Irak avant leur intervention, et une comparaison avec après. Ma question est au premier degré, je ne peux pas être plus clair.

      6)vous parlez d'Euroland ou de DisneyLand ? ;-) Sérieusement. Dites-moi, où en est la parité Dollars/Euro aujourd'hui ? Qui en profite ? Qui mène la danse ?

      7) "On va changer les règles"> l'espoir fait vivre.

      Pour ce qui est des US leader dans la revolution industrielle à venir, si ce n'est pas du "wishfull thinking" > C'est pourtant simple. Prenez l'état actuel des marchés et des investissements dans les domaines de l'innovation qui feront l'économie de demain, grosso modo pour les principales (j'en oublie sûrement) : énergies nouvelles, génétique et OGM, nanotechnologie, robotique, usages high tech. Et regardez qui est en tête.

      Je crois que vous sous-estimez gravement l'hégémonie et la stratégie américaine, son travail de fond, d’influence, dans les arcanes des politiques de tous les pays du Monde. L'Empire américain n'est pas seulement économique. Il est idéologique, et, ce que nous ne voyons pas assez, militaire. Cette idéologie parait neutre en apparence, car elle autorise la liberté individuelle, ou la liberté des Etat, tant que le système n'est pas remis en cause. Mais elle est bien plus agressive qu'il n'y paraît. Et c'est cette idéologie qui gouverne l'Europe aujourd'hui, et non l'inverse malheureusement. Le "wishfull thinking" n'est pas du côté que vous croyez.

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    3. Merci Quidam pour votre réponse. Je rédigerai mon commentaire la semaine prochaine car je ne peux me contenter de qq lignes. Je dois d'ici la rendre un autre article sur un tout autre sujet.
      Si vous parcourez ce blog, vous comprendrez que justement je prends en compte toutes les dimensions de la stratégie US, dont vous faites une liste.
      Je note cependant que vous n'insistez plus sur le pari.
      Et plus grave: "Je n'ai malheureusement pas le temps de lire tous vos beaux documents. J'attends que vous me montriez... " Ce n'est rien d'autre qu'une triste démission intellectuelle. Vous ne voulez pas être ouvert, donc vous ne serez pas convaincu. Ce ne sera pas un débat. Mais peu m'importe, ce n'est pas vous convaincre qui m'intéresse.

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    4. Je suis prêt à débattre du fond honnêtement, car tout information apportée au débat est un enrichissement. Mais le manque de temps est malheureusement, et sincèrement, une réalité pour moi. Montrez moi des articles synthétiques mettant précisément en exergue les points développés ici et je les lirai.

      Bonne journée

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    5. 0) Sur le problème du temps, nous sommes tous à la même enseigne, c'est une réalité pour tous. Je n'ai pas plus de temps que vous, mais seulement nous mettons des priorités différentes là où passer notre temps. Donc si vous attendez de recevoir tout cuit des articles synthétiques, pas trop longs ni trop denses et en français et d'auteurs connus dans des publications fiables (selon vos critères), il n'en tient qu'à vous de les écrire et les diffuser pour être satisfait. Vous ne m'en voudrez pas de ne pas poursuivre ce but. Voici néanmoins quelques réponses :

      1) Vous dites: "Si l'Europe et la Chine plongent en même temps que les Etats Unis, l'équilibre des forces reste le même." Sauf que l'on n'est pas dut tout dans cette hypothèse: cf les PIB des pays BRICS depuis 2008, et en 2012 le commerce de la chine qui passe devant celui des US en valeur. On n'est pas du tout dans une translation d'ensemble qui conserverait l'équilibre.
      Par ailleurs la crise actuelle n'est pas un "événement" comme une autre simple crise économique qui survient à chaque décennie. C'est une crise systémique qui met justement en lumière les paramètres structurels défaillants. Il me semble que vous ne partagez pas encore ce constat qui est démontré depuis 2006 pourtant. D'où votre impossibilité à comprendre les aboutissants.
      Oui l'ultra-libéralisme se nourrit de tout, mais il ne peut se nourrir en se dévorant lui-même. C'est dans cette étape finale que se trouve les US. L'ultra libéralisme dévore les libertés après avoir dévoré les concurrents et créé des oligopoles obèses et paralytiques.

      2)néant
      3)Quant vous dites "on", pourquoi ne vous mettez vous pas dans la peau d'un chinois ? Lequel utilise zero% d'applications web occidentales, mais bien tous les services Baidu (le concurrent de Google), alibaba, QQ, et bien d'autres ?
      Sur le mythe de l'anglais comme langue internationale: si vous connaissiez le domaine des applications web, vous sauriez qu'un projet web international DOIT etre localisé. Uniquement en anglais et c'est l'échec assuré de sa diffusion.
      Je n'ai d'ailleurs jamais écrit ni laissé entendre que le français était plus international que l'anglais. La seule langue internationale, c'est la traduction.

      4) Vous demandez "des projets concrets de la géostratégie économique européenne qui ne soient pas seulement de la gestion administrative, financière, ou des vœux pieux."
      Encore une fois, vous vous méprenez. Un "projet concret" ne peut être qu'un document de gestion administrative et financière, par définition. Si on parle de vision géostratégique, ou géoéconomique, on traite avec des constats, des concepts, des alliances, des feuilles de route. Sans doute ce que vous appelez des "vœux pieux" ? Avec ce genre de position, ne vous étonnez pas de vous retrouver bientôt devant le fait accompli des projets concrets, sans que vous l'ayez vu venir. Mais n'anticipe pas qui veut.
      Pour commencer par le petit bout, vous pouvez regarder ce qui est en train de se passer au niveau de la régulation bancaire en Europe et Euroland (taux interbanques; marché des dérivés.

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    6. [La suite :]

      5) Vous confirmez donc que selon vous les interventions militaires en Irak et Afghanistan sont une stratégie d'influence et pas une conquète militaire ? Et cette stratégie sert bien évidemment à rechercher des armes de destruction massive ? :D

      6) Vous pouvez nier tant que vous voudrez l'irrésistible ascension des pays de la zone Euro comme leaders au sein de l'Europe, mais vous serez le dernier avec Cameron. Les references abondent, de tous bords.
      Sur la parité dollar/euro, prière de consulter l'historique du ratio depuis 1999 (disponible sur ce blog par exemple) avant d'émettre une analyse.

      7) L'espoir fait bien vivre le G20 ces derniers jours: lisez attentivement: final press conference et le communiqué officiel.

      Pour les investissements des US dans les domaines innovants, 2 remarques :
      a) d'abord les investissements aux US sont avant tout le résultat d'une économie sous perfusion de la FED depuis des années, beaucoup plus qu'un prétendu "esprit d'entreprenariat" américain. Les liquidités qui abondent pour les start ups sont avant tout le reflet d'un marché organisé par les banques en tant que placements financiers. Le passage en IPO est le jackpot pour les fonds qui ont investit. L'innovation technique la dedans n'est pas toujours de mise, loin s'en faut !
      b)sur les innovations: entre 96 et 2008, le nombre de publications US a augmenté de 0.9%, contre 3% pour france ou allemagne, 18% pour la chine, 6.9% pour l'inde, 11.5% pour le Bresil.
      De plus la tendance forte est celle de la co-publication entre differents instituts de differents pays: dans ce domaine 25% des publications US font état de collaboration, alors qu'en Europe la moyenne est à 45%.

      Pour terminer: oui les humains sont gouvernés par des idéologies. Non, aucune ideologie n'est neutre, et surtout pas celles qui prétendent l'être. Oui une idéologie à bout de course peut finalement amener les gouvernements à réduire les libertés de leur peuple. C'est exactement ce qui se passe en ce moment aux US.
      Jusqu'à l'attaque sur l'Euro, c'est à peu près la même idéologie qui dominait parmi les élites aux US et Europe. Ce n'est plus le cas depuis, les divergences sont notables et en accroissement. C'est pourquoi il y a de plus en plus de thèmes porteurs dans les rapports Euro-BRICS. La société civile doit renforcer ce mouvement. Nous y travaillons avec une large perspective thématique.

      Bonne soirée.

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    7. 1) Finalement, je vais faire le fainéant et vous renvoyer vers cet article qui reflète assez fidèlement mon point de vue :

      http://www.rue89.com/2013/01/30/lidee-du-declin-des-etats-unis-est-un-fantasme-239113

      J'ajouterai qu'il faudra peut-être un petit coup de pouce supplémentaire aux USA, que je ne saurais identifier aujourd'hui. Je ne pense pas trivialement à une guerre, mais en tout cas je ne serai pas étonné d'un coup de force que nous n'imaginons pas encore. Je sais que parler ainsi sans preuves fait un peu prédication. Mais on peut parler d'intuition en référence à l'Histoire et à la culture des peuples, et notamment du peuple américain, qui a l'intrigue et la manœuvre politique dans le sang.

      3) "Quant vous dites "on", pourquoi ne vous mettez vous pas dans la peau d'un chinois ?"> j'ai déjà argumenté cela, en vous disant que les applications chinoises concernent les chinois, et de la moindre culture d'internationalisation de ceux-ci. Faites juste la comparaison miroir : s'il est vrai que 0% des applications internet et logiciel que nous utilisons sont chinoises, les chinois eux utilisent nombre d'applications américaines. Cf : http://www.itrmanager.com/articles/102559/marche-logiciel-chinois-eveillera.html

      extrait :
      "Sans grande surprise, sur les cinq premiers éditeurs chinois, on retrouve les quatre premiers éditeurs dans le respect de leur classement mondial : Microsoft, IBM, Oracle et SAP. A lui seul, Microsoft représente 25 % du marché chinois avec une activité soutenu principalement par les ventes de licences de systèmes d’exploitation et de logiciels de bureautique."

      "si vous connaissiez le domaine des applications web, vous sauriez qu'un projet web international DOIT etre localisé"> je connais assez bien ce domaine pour y travailler. Un projet web en phase de démarrage a besoin d'un marché porteur, pour notamment attirer les investisseurs. Il n'en n'est pas de plus porteur que le marché américain, et plus largement international en anglais. C'est le leitmotiv des créateurs de startup aujourd'hui : Think Global ! La segmentation en fonction des niches locales vient ensuite.

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    8. 4) Un "projet concret" ne peut être qu'un document de gestion administrative et financière, par définition>

      Alors nous ne parlons pas de la même chose. cf : http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ostrat%C3%A9gie

      Vous lirez notamment dans cet article la phrase suivante : "Depuis la fin des années 1980, les États-Unis développent une stratégie globale visant à conserver l'hégémonie des armées et des entreprises américaines sur le monde" .

      Pouvez-vous simplement me citer un équivalent européen ? Il suffit de regarder l'intervention isolée de la France au Mali pour comprendre qu'il n'y a aucune stratégie européenne.

      5) Je me souviens notamment d'une émission "le dessous des cartes" d'Arte qui montrait de façon assez évocatrice le positionnement des troupes américaines en Afghanistan par rapport aux pipelines gérées par des multinationales américaines. Je n'arrive malheureusement pas à remettre la main dessus. Ce n'est qu'un des paramètres, bien évidemment.

      6) cela nous revoie au 1) en quelque sorte.

      7) a) pour répondre à cela, il faut une analyse qualitative.

      b) Il ne s'agit pas tant de science d’innovation que de son exploitation commerciale. La matière grise s'importe et les brevets s'achètent.

      "Oui une idéologie à bout de course peut finalement amener les gouvernements à réduire les libertés de leur peuple. C'est exactement ce qui se passe en ce moment aux US."> il ne m'a pas semblé que la démocratie européenne soit particulièrement brillante. Quant aux peuples, il faudrait demander ce qu'ils en pensent aux grecs, qui seront bientôt suivis par d'autres. Par ailleurs, je vous choquerai peut-être en disant que les choix de l'Europe découlent, à mon sens, en grande partie, de l'idéologie et de l'influence américaine. Et je ne crois pas que cette idéologie soit en bout de course (ce qui n'en fait pas de moi un apôtre, je peux vous en assurer) .

      Mais je ne pense pas que nous pourrons nous départager aujourd'hui. Wait and see. ;-)

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    9. Merci pour votre réponse ;
      Cet article de Edouard Tétreau (je n'appelle pas cela une interview) est typique d'un personnage sous influence, qui n'a comme seule pensée "il faut tout faire comme les Etats-Unis". Ne jamais regarder devant mais répliquer le passé. Un exemple de la "soft power" des US en décroissance, mais encore présente bien sur. Il me sera très facile de démonter ses pseudo-arguments. Je publierai cela dans la semaine qui vient. J'ai terminé un article sur les transformations Agile des DSI, je travaille en ce moment sur un autre autour des mouvements sociaux aux US.

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    10. Si j'ai repris ce lien, c'est justement parce que j'estime qu'il présente des arguments de fond. Par ailleurs, il présente un son de cloche différend de ce qu'on peut lire dans nos contrées (l'influence y fait son œuvre également), où l'on nous montre la politique américaine comme un cheval fou qui se jette dans le vide. Je ne crois pas que les américains soient fous. Il ont une assurance et un volontarisme que nous n'avons pas, c'est certain. Je crois également que la politique américaine nous dépasse. Certains évènements, notamment lors des révolutions arabes, ont montré que nous (la France notamment) n'avions pas compris le sens de leur stratégie.

      De toute façon, c'est au bout du chemin que nous pourrons faire les comptes, pas encore aujourd'hui.

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    11. Pour ce qui est de faire les comptes concernant la transformation socio-politique des USA depuis un siècle, ils sont maintenant faits. Vous pouvez lire ce que j'ai rédigé ici.

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  4. Oui, je pense, qu'effectivement un profond bouleversement s'accomplit sous nos yeux : de plus en plus d'observateurs crient : " Le Roi est nu"!
    La prédation, le cynisme, la dérégulation,la financiarisation canibale, l'OMC aux ordres, tout ce qui a fait la puissance des Etats Unis est désormais évident à chaque citoyen responsable et un tant soit peu informé. La fin ne se fera pas sans convulsions, la tentative du président américain de créer une zone de libre échange avec l'Europe représente un danger considérable pour le vieux continent. Revenons à des fondamentaux dignes : l'argent et le pouvoir ne sont pas de bons guides.

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    1. Je partage votre point de vue. Cependant votre dernière phrase mériterait de longues explications. Il ne s'agit pas d'instaurer l'anarchie non plus. Nous savons proposer d'autres voies.

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