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2017/03/02

Économie : Le bilan budgétaire du programme complet de Macron


Extraits verbatim du programme complet de Macron (PDF téléchargé sur son site officiel le 02/03). Les autres mesures évoquées oralement n'engagent personne. 
Voici l'intégralité des mesures liées à des nouvelles dépenses ou des nouvelles recettes. Faites votre calcul. Moi je n'y trouve pas le compte. Et vous ?

1- RÉDUIRE NOS DÉFICITS 

La première exigence, c’est de respecter cet engagement envers les Français. Nous effectuerons donc 60 milliards d’économies.
Il nous est impossible de tout prévoir et des circonstances exceptionnelles pourront nous conduire à adapter nos priorités.

2- Liste intégrale du plan d'économies et de recettes supplémentaires pour l'Etat 

- Nous imposerons les grands groupes de l’Internet sur leur chiffre d’affaires réalisé sur notre sol.

- La suppression du régime spécial des retraites des parlementaires

- Nous réduirons d’environ un tiers le nombre de députés et de sénateurs

- Nous réduirons le nombre d’agents publics de 120 000 emplois sur la durée du quinquennat. (détail)
[NDR: étrangement, pas de mention de réduction de postes d'agents publics dans son programme résumé]

3- Liste intégrale du plan de dépenses supplémentaires, ou de réduction des recettes pour l'Etat 

- Nous créerons un prélèvement unique sur les revenus du capital, de l’ordre de 30%. [NDR: ce % moyen est supérieur aujourd'hui]

- nous réduirons les cotisations payées par les salariés, par les indépendants et par les fonctionnaires : près de 500 euros supplémentaires nets par an pour un salaire de 2200 euros nets par mois

- tous les smicards qui bénéficient de la prime d’activité toucheront 100€ nets de plus chaque mois

- exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires

- droits à l’assurance-chômage  aux salariés qui démissionnent. Ce droit ne sera utilisable qu’une fois tous les cinq ans

- Nous formerons 1 million de jeunes et 1 million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés

- 5 milliards d’euros de notre Plan d’investissement seront consacrés à la modernisation des exploitations agricoles

- nous supprimerons le Régime Social des Indépendants (RSI) qui ne fonctionne pas. Nous doublerons les plafonds pour pouvoir bénéficier du régime fiscal de la microentreprise.

- nous baisseront les cotisations sociales employeurs de 6 points en remplacement du CICE, et jusqu’à 10 points au niveau du SMIC : les employeurs économiseront près de 1800 euros par an et par salarié au SMIC, 2200 euros par an pour un salarié payé 3000 euros bruts par mois.

- Les artisans, les commerçants indépendants, les entrepreneurs, les professions libérales, et les agriculteurs disposeront, comme les salariés, de l'assurance chômage

- Nous lancerons un grand Plan d’investissement  de 50 milliards d’euros sur 5 ans qui sera mis au service des qualifications de tous les citoyens, de la transition écologique, de la révolution numérique, de la modernisation des services publics et de la rénovation urbaine.

- Nous baisserons l’impôt sur les sociétés de 33,3% à 25%

- Nous créerons un Fonds pour l’industrie et l’innovation doté de 10 milliards d’euros issus des actions d’entreprises possédées de manière minoritaire par l’État

- Nous rénoverons 1 million de logements mal isolés d’ici 2022

- Nous remplacerons les vieux véhicules polluants en créant une prime de 1000 euros pour acheter un autre véhicule

- Nous recruterons 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires.

- Nous construirons 15 000 nouvelles places de prison

- Nous mobiliserons 2% du PIB pour l'armée

- Nous agirons avec nos partenaires européens pour créer une force de 5000 garde-frontières européens

- Les enseignants en zone prioritaire recevront une prime annuelle de 3000 euros nets

- Nous construirons 80 000 logements pour les jeunes.

- Nous ouvrirons les bibliothèques en soirée et le week-end.
Nous créerons un « Pass Culture ». Il permettra à chaque Français de 18 ans d’effectuer 500 euros de dépenses culturelles

- une entreprise qui recrutera en CDI un habitant de l’un des 200 quartiers prioritaires bénéficiera d’une prime de 15 000 euros sur 3 ans : c’est comme si elle ne payait plus de charges

- nous créeront un Fonds européen de défense qui financera des équipements militaires communs 

- Un fonds de capital-risque permettra de financer le développement des start-ups européennes

- Nous augmenterons le minimum vieillesse de 100 euros par mois.

- Nous mettrons en place la prise en charge à 100% des lunettes et des prothèses auditives et dentaires d’ici 2022

- Nous consacrerons 5 milliards d’euros de notre Plan d’investissement à la santé

- Nous doublerons le nombre de maisons de santé

- Nous donnerons accès à un(e) auxiliaire de vie scolaire à tous les enfants qui en ont besoin pour avoir une scolarité comme les autres

- Nous augmenterons de 100 euros par mois l’Allocation Adulte Handicapé

- "droit à l'erreur": Le cœur de la mission de l’administration ne sera plus la sanction mais le conseil et l’accompagnement.
Par exemple, aujourd’hui, un employeur qui oublie de déclarer à l’URSSAF la prime de Noël qu’il verse à ses salariés est condamné à une amende. Les employeurs pourront demain faire valoir leur droit à l’erreur et ne plus payer de pénalités.

- Les horaires d’ouverture des services publics seront par ailleurs élargis aux soirées et au samedi

- Nous exonérerons de la taxe d’habitation 80% des ménages

- Nous couvrirons en très haut débit l’ensemble du territoire d’ici la fin du prochain quinquennat. L’État prendra ses responsabilités partout où cela est nécessaire.

- Nous lancerons un Plan de Transition Agricole de 5 milliards d’euros.

- Nous proposerons chaque année aux habitants d'outre-mer au moins 200 000 billets d’avion à prix aidé

4- Mesures dont le bilan recettes-dépenses pour l'Etat français est inconnu 

- Les employeurs qui entretiennent la précarité en recourant exagérément aux contrats courts paieront
plus de charges, ceux qui créent des emplois stables en paieront moins.

- Nous transformerons le CICE en allègements de charges pérennes, et l’ISF en « Impôt sur la Fortune Immobilière » sans accroître la fiscalité actuelle sur l’immobilier et les droits de succession, et sans taxer ce qui finance les entreprises et l’emploi.

- Un système universel avec des règles communes de calcul des pensions sera progressivement mis en place. Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des pensions.

- Nous créerons un marché unique de l’énergie en Europe. Nous fixerons un prix plancher du carbone dans les pays de l’Union.

- Nous supprimerons au moins un quart des départements

5- La mesure spéciale Alstom :

- Nous voulons un mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe afin de préserver nos secteurs stratégiques.

6- La mesure spéciale OGM :

- Nous ne rajouterons aucune norme nationale aux normes européennes dans les secteurs agricole, maritime et de la pêche.

7- La mesure spéciale article 49-3 :

- Nous ferons de la procédure d’urgence la procédure par défaut d’examen des textes législatifs



L'affaire Fillon, une élection à l'américaine

dernière MAJ: 15/03/2017
Bien que je me sois prononcé en faveur d'un autre candidat en expliquant le cœur de la question, je ne peux laisser passer la tempête médiatique de "Fillon bashing" sans réagir.

En effet, au-delà de M. Fillon, c'est la liberté d'effectuer un choix en toute conscience qui est étouffée. C'est une atteinte mortelle portée à notre société. Je ne l'accepte pas. La question est d'autant plus grave qu'elle est largement ignorée par mes concitoyens.  

A tous les partisans du lynchage de M. Fillon je demande de se poser au minimum les questions suivantes, et de trouver le courage d'en chercher les réponses :
  • de quels budgets disposent un député ?
    • il dispose de plusieurs budgets dont l'IRFM, dont on note qu'il ne peut légalement faire l'objet d'aucun contrôle, n'est pas imposable et peut légalement servir à couvrir tout type de dépense (sauf les frais de campagne électorale)
    • ainsi que d'un autre crédit mensuel pour la rémunération de collaborateurs qui sert pour les assistants parlementaires.  
  • quels sont très précisément les faits reprochés à M. Fillon ? A quelle époque remontent-ils ? 
    • premiers éléments : Salaires nets mensuels moyens perçus au titre de son emploi comme collaboratrice parlementaire par Pénélope Fillon entre 1986 et 2013
    • le jour même de la publication du journal, une enquête préliminaire est ouverte visant trois infractions: détournement de fonds publics, abus de biens sociaux (et recel de ces délits). Cette célérité est-elle habituelle et sinon quelle en est la raison ?
    • l'emploi de sa femme peut-il cacher un enrichissement personnel : non, car "Dans le cas de François Fillon, je vois mal pourquoi il se serait donné cette peine. A l’époque des faits, la non-consommation de l’enveloppe collaborateurs revenait de droit au député employeur. Dès lors si l’idée était d’augmenter son revenu, nul besoin de passer par sa femme : il suffisait de n’employer personne ! C’était tout aussi légal, et encore plus simple – il économisait au passage le coût des cotisations sociales prélevées sur la même enveloppe." (source1, source2
    • à propos de l'IRFM (discuté Article 32bis du Réglement, et qui n'est pas le crédit collaborateurs, pour lequel le Réglement est muet), voici le témoignage d'un député: "Le service administratif m'a dit : 'Il vous faut un deuxième compte pour y recevoir l'IRFM.' C'est la seule instruction qu'on m'a donnée. Il n'y a même pas un b.a.-ba de son utilisation pour les nouveaux députés". L'Assemblée ne demande, en effet, aucun justificatif et ne contrôle pas comment est utilisé cet argent. (source) Dans l'hypothèse où elle n'est pas utilisée, l'IRFM doit être restituée à la fin de la législature. Mais, dans la pratique, "il n'y a pas d'encadrement très strict", reconnaît le déontologue de l'Assemblée Ferdinand Mélin-Soucramanien. Une façon de dire que rien n'oblige les députés à rendre le reliquat. En 2012, un total de 500 000 euros avaient tout de même été restitués. (source)
    • La même source précise que "Tout le monde sait qu’une partie de l’IRFM est utilisée à des fins totalement privées par certains collègues", rappelle Charles de Courson. En 2012, Mediapart et Marianne révèlent que le député socialiste de l'Ardèche Pascal Terrasse a payé, avec cette enveloppe, des voyages privés en Espagne, au Sénégal et en Egypte. D'autres élus sont critiqués parce qu'ils en ont profité pour se constituer un patrimoine immobilier. Dans "Complément d'enquête", on découvre, par exemple, que l'ancienne permanence de Muriel Marland-Militello rapporte entre 1 300 et 1 400 euros de loyer à l'ex-députée UMP des Alpes-Maritimes.
      De manière générale, ce système enrichit les députés. En janvier 2012, la Commission pour la transparence financière de la vie politique - l'ancêtre de l'actuelle Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique -, avait constaté que, "s'agissant des parlementaires en fin de mandat, le montant de l'IRFM contribue, pour la durée d'un mandat, à un enrichissement oscillant entre 1 400 euros et 200 000 euros
      ".
    • Le rapport 2013 du déontologue de l'Assemblée (source, pp. 65-72) donne des informations plus précises sur le salaire des assistants parlementaires. Ces informations n'ont jamais été utilisées par les journalistes à ce jour. On remarque par exemple que 68 CDI d'assistant comportent une rémunération mensuelle brute de 6067 € à 9504 € pour un temps plein. Pp.72 on note que la nouvelle réglementation prise à l’automne 2012 interdit de reverser le crédit collaborateur sur l’IRFM. Ce qui n'était donc pas interdit avant!
    • le salaire d'un assistant parlementaire est-il de l'argent public : non (source ; voir aussi le Réglement 2015 de l'Assemblée, Article 18, pp.21) 
    • un emploi d'assistant parlementaire peut-il faire l'objet d'une poursuite pour détournement de fonds publics (article 432-15 du Code pénal) : non car c'est un emploi de droit privé (source). L'employeur est le député qui agit ici en tant qu'employeur privé
    • un emploi d'assistant parlementaire peut-il faire l'objet d'un abus de biens sociaux : un article des Echos de 1999 estime que non. L'article 432-10 du code Pénal modifié par la LOI n°2013-1117 du 6 décembre 2013 - art. 6 ne s'applique que pour les sommes reçues par l'agent public lui-même. Or il s'agit pour notre affaire d'une somme qui est versée au titre du droit privé par un employeur à sa femme, employée. L'article L. 242-6, 3° du Code de commerce pour les SA ne peut éventuellement s'appliquer que dans le cas de l'autre emploi de Pénélope Fillon par le dirigeant de la Revue des 2 Mondes, mais cela ne touche en rien son emploi d'assistante parlementaire, ni ne touche M. Fillon. 
    • l'article 432-11 traite de la corruption passive et du trafic d'influence commis par des personnes exerçant une fonction publique, c'est aussi un chef cité par le PNF. Il semblerait que ce soit la légion d'honneur attribuée qui soit ici suspectée. Le propriétaire de la "Revue des deux mondes" a été élevé en 2010 au rang de "Grand Croix" de la Légion d’Honneur sur rapport de François Fillon, alors Premier ministre, deux ans avant d’embaucher son épouse (source). Laissons l'enquête essayer de prouver que M. Fillon est bien coupable de cette influence... 
    • l'article 432-12 et 13 de la prise illégale d'intérêts, le 432-14 des marchés publics ; ce ne sont pas les chefs cités par le PNF
    • l'article 432-15 traite de la soustraction et du détournement de biens. Les questions à poser ici  sont:
      • un député est-il une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ? La jurisprudence à ce propos n'est pas claire (source, partie 1), mais plaçons nous dans le cas positif.
      • M. Fillon a-t-il détruit, détourné ou soustrait des fonds publics ou privés, qui lui a été remis en raison de ses fonctions ou de sa mission ? non, puisque ces fonds lui ont été remis pour qu'il fasse son travail de député, ce qu'il a effectivement fait.
      • sa femme, en tant que subordonnée, a-t-elle détruit, détourné ou soustrait des fonds publics ou privés ? non, pour la même raison: ces fonds ont été remis pour que M. Fillon fasse son travail de député, ce qu'il a effectivement fait.
      • quant à savoir si M. Fillon ou sa femme ont tenté de réaliser ces faits, ça reste à démontrer par la justice si il y a une accusation qui est formulée et un juge qui est saisi (pour ma part je pense que cette tentative serait impossible à démontrer, voir 2 points en dessous sur le rôle du juge). 
    • l'extrait vidéo de l'interview de sa femme au Telegraph est-il un témoignage ayant une valeur juridique: non en aucun cas car un journaliste n'est pas un magistrat ou un officier. La vidéo intégrale n'est plus disponible, mais l'article l'est. On comprend que ses réponses sont d'une grande pudeur toute galloise. Le sujet de l'interview c'est le contraste avec Cécilia Sarkozy. Tout extrait doit obligatoirement s'apprécier dans ce contexte.
  • les faits (et pas leurs interprétations) que les média reprochent à M. Fillon étaient-ils légaux à l'époque où ils se sont produits ? 
    • premier élément: le statut des assistants parlementaires 
    • "il convient de rappeler que le juge financier, pas plus que le juge pénal, n'a compétence pour contrôler l'opportunité des missions confiées au collaborateur de cabinet. L'intervention du juge doit se limiter à un strict contrôle de la légalité." (source)
  • le cas échéant, quel est le délai de prescription ? Une nouvelle loi est-elle en chantier pour faire évoluer ce délai de prescription ?
    • premier élément : l’action pénale contre un emploi supposé fictif est prescrite si un délai de plus de trois ans à compter de la commission des faits est constaté (art. 8 du Code de procédure pénale). source
    • voir également l'émission radio avec Finkielkraut du 6/03 qui reprend la logique de cet article en apportant des informations supplémentaires
  • combien de parlementaires français ont employé un membre de leur famille comme assistant depuis l'époque des faits reprochés à M. Fillon ? De quels bords politiques sont-ils ? Pourquoi ne parle t'on pas d'eux ? Pourquoi ne font-ils pas l'objet d'une enquête au même titre que M. Fillon ?
    • premier élément: 177 députés de tous les partis représentés au Parlement ont employé leur famille comme assistant parlementaire en 2014 (Fillon a arrêté cette pratique en 2013). Voir la liste complète publiée par Médiapart. Début de la liste:

  • sur le montant du salaire d'un assistant parlementaire: quel est le montant du salaire des journalistes qui propagent le sentiment qu'un tel montant serait indécent ? 
  • si vous pensez qu'il faut obligatoirement prouver un travail pour recevoir un salaire, quelle est votre position sur le revenu universel proposé par M. Hamon pour des centaines de milliers de personnes ? 
  • les délais de saisie des diverses instances judiciaires, de l'ouverture de l'enquête préliminaire, de l'instruction sont-ils habituels pour les juridictions concernées ? Si non, pourquoi ?
  • pourquoi cette instruction ou mise en examen ne pouvait pas attendre la fin de l'élection ? Pourquoi personne n'en donne officiellement la raison ? En définitive, qui est attaqué : M. Fillon ou bien l'élection présidentielle, c'est-à-dire le libre choix du peuple ?
  • le secret de l'enquête et de l'instruction est-il respecté ? Si non, pourquoi ne l'est-il pas et pourquoi le ministère qui doit le garantir ne s'en émeut pas ? 
  • le principe de la présomption d’innocence est-il respecté ? Si non, par qui et pourquoi ?
  • M. Fillon est-il un justiciable comme les autres ? Si non, qu'est-ce qui est attaqué au travers de M. Fillon ? 
  • la couverture médiatique de l'affaire est-elle équilibrée, à la fois à charge et à décharge ? Si non, pourquoi ?
  • quelle est la (dis)proportion de la critique apportée sur le fond du programme de M. Fillon, plutôt que sur cette affaire ? Pourquoi cette disproportion ? 
  • Dernière question: si cette instruction se termine par un non-lieu, comme il est extrêmement probable, qui aura été la première victime du Fillon bashing : M. Fillon ou bien l'élection présidentielle, c'est-à-dire la libre décision du peuple ? 
Je demande aux journalistes de faire le travail que les citoyens attendent d'eux, et aux citoyens de faire leur devoir.

En matière de médias et d'élection, je reconnais que ce sont les américains qui en parlent le mieux, comme la journaliste vedette Mika Brzezinski sur MSNBC : "Our Job" Is To "Control Exactly What People Think".


C'est la fabrication du consentement décrite par Herman et Chomsky en 1988, dont les concepts ont évolué depuis pour donner la doctrine de la guerre réseaucentrique. C'est le simulacre de liberté montré au peuple méprisé par ses élites. Une illusion de démocratie. Et comme à chaque fois, les partisans de cette dictature de la pensée s'auto-justifient en prétendant agir dans l'intérêt du peuple.



2016/10/08

Le cœur du débat de l’élection présidentielle

La décomposition de notre pays vous indigne, l'impunité de nos dirigeants vous choque, le manque de vision vous inquiète, la remise en question de l’avenir de vos enfants vous trouble ?

Il y a de quoi. La France, avec tout l’Occident, est confrontée à une crise de civilisation.[1]


Identifier la cause visible de cette crise en France


Depuis plus de 40 ans, les dirigeants de notre pays en ont abandonné le gouvernail. Nous avons perdu notre souveraineté monétaire dans un monde livré à la dictature du court terme financier. Nous nous sommes donc soumis à un système criminogène qui enrichit les plus riches, matraque les classes moyennes et anéantit les plus pauvres. [2]

L’Histoire montre que le système des banques centrales et le dévoiement de la finance internationale a grandi aux dépens des peuples, y compris dans leurs propres pays. C’est un parasitisme. [8]
L’Histoire montre aussi que le nœud historique de ce parasitisme se situe à la City de Londres, qui a ensuite développé une souche importante à Wall Street. [9]


Les conditions de la volonté souveraine


Dans ces conditions, on comprend que la première priorité que l’on doit attendre d’une élection n’est pas d’abord l’expression d’une volonté (fusse-t’elle celle du Président) mais bien celle des conditions pour pouvoir exprimer cette volonté.

Ces conditions sont pour nous les suivantes, puisque la volonté authentique ne peut pas naître sans indépendance dans les actes et dans les pensées :
  • La France doit retrouver l’indépendance de sa politique étrangère. Elle doit donc commencer par sortir de l’OTAN. Aucun allié à trahir, juste une lettre à envoyer comme le fit le général de Gaulle pour annoncer que 12 mois plus tard la France est dans les faits complètement détachée du commandement intégré de l’OTAN ;
  • Les dirigeants de la BCE nous ont trahi. La déflation ronge notre société. [6] La France doit retrouver l’indépendance de sa politique monétaire, pour pouvoir mieux accompagner la nouvelle politique économique.
Voilà sur quel esprit et quelles perspectives chaque parti devrait se prononcer explicitement avant les élections. Sans l’établissement de ce socle préalable qui dépasse tous les clivages traditionnels droite-gauche, tout débat sur la construction de la France et de l’Europe, et sur la croissance reste une vaine illusion.
Mettre ces questions au cœur du débat des élections permet aux électeurs d’effectuer un premier tri électoral et d’amener la décision du « pour qui voter » sur les bonnes bases.

Combler le vide politique, anticiper le second tour de la présidentielle


Dans les démocraties occidentales, la liberté des citoyens c’est surtout celle de se faire duper, et celle des partis d’être instrumentalisé par des procédés dont l’origine leur échappe dans les profondeurs de l’histoire. [3]

C'est le moment de se tourner vers les hommes et les femmes qui ont fait le bon diagnostic et, surtout, qui ont croisé le fer contre ce système inique et se sont forgés le caractère qu'exige la tragédie que nous vivons. Car jamais un projet positif ne pourra sortir de l'intérieur de ce système qui nous opprime.

Les candidats à l’élection présidentielle qui ne sont pas prêts à changer de cap, à retrouver notre souveraineté, deviennent les collaborateurs du désastre. Ils ne peuvent et ne veulent pas voir que, par-delà les Etats-Unis et l’Europe, le monde se détache de l’idéologie du profit immédiat, de la géopolitique impériale et du pillage des ressources.[2]

Voyez comme la profession de foi de Jacques Cheminade pour l’élection présidentielle de 1995 reste encore aujourd’hui d’une pertinence absolument intacte :

Cette élection présidentielle se déroule à un moment tragique de notre histoire, face à un cataclysme financier mondial. Ce devrait être l’occasion de redéfinir le rôle de la France, faisant d’elle une base de grands projets pour rebâtir le monde.
Je suis candidat faute de voir ailleurs cette volonté.
Les autres mentent ou se mentent à eux-mêmes. Je pars au contraire de cette réalité fondamentale : un cancer spéculatif prolifère dans le monde et y détruit le corps de l’économie. Nous sommes au cœur d’une dépression.
La question à se poser – celle que les autres ne posent pas – est la suivante : pouvons-nous mettre en place un système économique viable qui empêchera que se brise la trame sociale, que se désintègre notre système de gouvernement représentatif et qu’un monde en contraction aille à la guerre ?
Ma réponse est oui. À condition que nous fassions trois choses : identifier l’ennemi, nous battre pour une nouvelle donne et faire se lever une résistance. [...]
Au débat sur la « gestion » doit se substituer à nouveau dans notre pays un débat d’idées, un vrai débat sur les fins de la politique. Pour cela, il faut que nous soyons honnêtes avec nous-mêmes et arrêtions de tolérer l’inadmissible, à la fois dans notre politique étrangère et notre politique intérieure. [10]

Et pour ceux qui préfèrent l'abstention, ils choisissent donc de sortir du système politique actuel. Ils devraient aller au bout de leur logique et acheter avec leurs euros des pièces d'or, ou adhérer à un système de monnaie locale (SEL). [3]

Se battre pour une nouvelle donne : les 2 piliers pour vaincre l’occupation financière


1) la réforme du système monétaire international 

Jacques Cheminade prône depuis la fin des années 70 une réforme du système monétaire et financier international. Nous avons nous-mêmes anticipé depuis 2011 cette réforme poussée par les BRICS. [14] Elle a enfin commencé avec la mise en place de l'AIIB, de la NDB, du CRA puis en décembre 2015 avec l'entrée en vigueur de la réforme des quotes-parts au FMI et l’introduction finalisée du Yuan dans le panier du DTS. Ce ne sont que les premiers pas.

Pour ceux qui voit le plus long terme, il est important de comprendre que vouloir sortir de la crise écologique globale [7] va de pair avec une obligatoire refonte du système monétaire international puisque c’est lui la clé de voûte des échanges entre blocs économiques. [4]

Comme mesure d'urgence Jacques Cheminade prône depuis 2000 un Glass-Steagall Act global. [17] Cette séparation des activités de banques consisterait en France à un retour à la loi du 2 décembre 1945 relative à la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques et à l’organisation du crédit. Cette proposition est depuis 2008 reprise par plusieurs experts et politiques.


2) les nouvelles Routes de la Soie

Depuis 1997, les cercles de réflexion autour de Jacques Cheminade ont réussi à pousser au premier plan international l’ambition d’intégration du continent eurasiatique qui remonte à la fin du XVIIème siècle. [15] Aujourd’hui le développement concret de ces routes représentent déjà en Asie un réel projet de civilisation. Leurs extensions vers le Sud-est Asiatique, le Moyen-Orient et l’Europe de l’Ouest terrifient Washington. L’Afrique et les Amériques sont également interconnectés dans ce gigantesque projet mondial de développement gagnant-gagnant.


Éveiller le potentiel de chacun


Jacques Cheminade, avec le parti Solidarité et Progrès, a été le premier en France à porter cette stratégie duale contre l’occupation financière sur la ligne de front politique. Par dessus tout, en posant les questions fondamentales il a été et il reste une source d'inspiration. Voici ce qu’il écrivait pour les campagnes présidentielles de 2007 et 2012 :

Je porte mon projet pour qu’il suscite des ardeurs nouvelles et non en présumant qu’il puisse être infligé et suivi à la lettre. [13] Dans une élection autrement livrée aux mauvaises habitudes de ces quarante dernières années, je m’efforcerai de devenir éclaireur, inspirateur et catalyseur, convaincu qu’il se trouve dans notre pays un potentiel d’exception que ma tâche est d’éveiller. [12]

La France doit retrouver sa dimension mondiale pour jouer un rôle de catalyseur dans ce projet. Autrement, nous ne resterons que le pion d’une Union de faux-monnayeurs, vouée à sa propre destruction. [...]
Les conditions d’un conflit mondial sont en train d’être réunies à partir du Proche et Moyen-Orient dans un monde incapable de se donner les moyens d’un futur. Nous sommes à la croisée des chemins. Voici venus les temps des hommes et des femmes de caractère et de fraternité. C’est notre nature humaine de pouvoir le devenir tous dans la tempête, pourvu que nous regardions la réalité en face. [11]


C’est pourquoi je soutiens la campagne de Jacques Cheminade à l’élection présidentielle de 2017


Comme je l’écrivais l’année dernière : [16]

C'est dans cette libération des nouvelles forces politiques en Europe, enfin affranchis de la tutelle américaine, que sont présents plusieurs scénarios de recomposition dans les années à venir.
  • soit les peuples européens gagnent une indépendance exacerbée et restent divisés : ils se condamnent alors à n'être que de simples satellites lointains des géants asiatiques, sans influence extérieure ; 
  • soit la force issue de leur nouvelle indépendance alliée à une compréhension du sens de l'Histoire les conduit à adhérer à l'Union Eurasiatique, garante de la stabilité sur le continent ; 
  • soit cette indépendance acquise ne sera qu'une mascarade de plus, dans laquelle le maître derrière le rideau sera encore la City -mais cette fois sans l'alliance avec Wall Street- et où la plupart des dirigeants partageront la même chemise brune, pour afficher des velléités de plus en plus agressives vis à vis de l'Union Eurasiatique, rebouclant en pure perte sur la tragédie du XXème siècle.
_____________________

[1] j’ai rédigé une série d’articles sur ce sujet à partir de 2013. Je vous recommande de commencer par celui-ci : http://conscience-sociale.blogspot.fr/2014/02/la-conjecture-de-valery-de-paul-paul.html

[2] éditorial de Jacques Cheminade du 14/09/2016








[10] Profession de foi de Jacques Cheminade pour l’élection présidentielle de 1995. Texte intégral republié dans réf.11, Pp. 355.

[11] Jacques Cheminade, Un monde sans la City ni Wall Street. Un grand chantier pour demain, Ed. l’Harmattan, mars 2012, Pp. 10.


[13] Les optimisations que je voie dans le programme de Jacques Cheminade sont les suivantes. Le développement d'une filière nucléaire au thorium doit être mis en balance avec celui autres filières énergétiques innovantes. [réfs. 4, 5] Le retour au système de crédit des années 60 et à l'ECU ne réprésente qu'une étape vers un système monétaire complet et stable tel que proposé par la New Austrian School of Economics :





2012/04/29

S'immerger dans la campagne présidentielle 2012

 J'ai reçu depuis 15 jours deux demandes en privé qui m'interrogeaient sur le peu d'activité de ce blog face à l'actualité de la campagne, et l'importance de ce moment. La deuxième occurence justifie une réponse publique.
La raison est très simple : l'accélération du temps politique imposait d'utiliser un autre outil de communication. Nous avons voulu bien évidemment inscrire le plus possible nos messages dans cette élection qui est la clé pour la France et l'Europe mais aussi le Monde pour les 10 ans à venir. Nous avons donc choisi de communiquer beaucoup plus fréquemment par l'intermédiaire du micro-blogging Twitter, qui permet d'être pleinement réactif sur les phrases et messages clés, et pointer les articles les plus importants, pour souligner ce qui porte du sens dans l'écume des communiqués. Pendant cette course électorale, Twitter permet aussi de prendre le poul de notre intérêt collectif. 
Certains points nécessitaient d'être expliqués plus longuement, et c'est pourquoi j'ai rédigé quelques billets sur ce blog en complément. Cela ne signifie en rien que nous abandonnons ce blog pour passer exclusivement sur Twitter, vous l'avez compris. Nous utilisons tous les réseaux sociaux en profonde synergie avec ce blog.
Voilà pour la doctrine d'usage.
Je pensais que tous les lecteurs de ce blog suivaient déjà régulièrement Conscience Sociale sur Twitter et Facebook, et mais visiblement un rappel n'était pas inutile. 

2012/04/03

Le devoir du citoyen

 Ce devoir, c'est celui de s'informer, et d'informer. Plus exactement, dans nos sociétés au consentement fabriqué, c'est celui de bien s'informer, et de bien informer. Le citoyen ne doit pas rester un simple réceptacle, ou une courroie mécanique de transmission, il doit exacerber son rôle de relai actif de l'information. Chaque parole politique est aussi un acte de journalisme. 

En voici une illustration ce matin : Le Monde publie un article de Jean-Marc Ferry : "Les candidats face au défi européen".
Sachant l'importance absolument cruciale de ce thème pour la sortie de la crise systémique mondiale, il a attiré toute mon attention. 
Je dois dire que j'ai été immédiatement déçu par la couverture imparfaite du programme européen de François Hollande. Comme il n'est pas possible de commenter sur le site du Monde sans être abonné, j'ai donc immédiatement contacté l'auteur en personne. Le relai actif que j'ai mentionné.
Il m'a répondu aussitôt, et c'est avec son autorisation que je publie ici mon commentaire et sa réponse. Je l'en remercie sincèrement pour cette démonstration de transparence du débat entre citoyens, dans cette campagne aux enjeux historiques.

Monsieur Ferry,

vous écrivez dans votre article du 02/04 : "Sur le fond, il n'y a pas de vision institutionnelle novatrice concernant l'UE. [dans le programme de F. Hollande]"

Je tiens pourtant à porter à votre connaissance le discours suivant de F. Hollande sur l'Europe :

"L’Europe doit être aussi mieux gouvernée. C’est le rôle du Conseil européen, des chefs d’Etat et de gouvernement. C’est le rôle, aussi, des institutions communautaires – que je respecte. L’Europe a avancé quand elle a été capable d’avoir des chefs d’Etat et de gouvernement qui avaient une vision, mais aussi des institutions communautaires qui prenaient l’initiative, qui anticipaient, qui traduisaient, qui engageaient. Et un Parlement européen qui faisait entendre sa voix. Et c’est pourquoi nous devons aller vers une responsabilité encore plus grande de la Commission européenne devant le Parlement européen, et du président de la Commission européenne devant le Parlement européen."

Pensez-vous vraiment qu'il ne s'agit pas là d'une vision institutionnelle très novatrice concernant l'UE ? Et sans équivalent dans les discours des autres candidats ? Et à même de permettre enfin le contrôle de l'Europe par les citoyens au travers de représentants directement élus ?

Je suis disposé à en débattre avec vous, afin que vous puissiez publier un correctif de votre article, au moins pour rétablir cette vérité sur le programme de F. Hollande.

Cordiales salutations,

--Bruno Paul 
Transparence.me - Conscience Sociale - Democratie Agile - Twitter - Facebook - LinkedIn - Viadeo - G+
Et sa réponse :
Cher Bruno Paul,

Je vous remercie pour cette mise au point. Je me suis en effet indexé sur le programme (en ligne) du Parti Socialiste, et je reconnais ne pas avoir intégré ce discours de François Hollande, dont je partage le schéma en ce qui concerne le retour à la méthode communautaire, moyennant une légitimité renforcée du Président de la Commission (voire de l'Union en général), ce qui implique sans doute une réforme profonde de son mode
d'investiture.

Le Monde tenait à ce que j'évoque les programmes. J'ai donc dû en insérer dans mon article un (trop) rapide aperçu. Cependant mon souci principal était plutôt de faire passer l'idée relative à la sortie de crise.

Bien cordialement, JMF

Prof. Jean-Marc Ferry
http://users.skynet.be/sky95042

Chaire de Philosophie de l'Europe
Université de Nantes
jean-marc.ferry@univ-nantes.fr

Université libre de Bruxelles
jferry@ulb.ac.be

Dont acte.

2012/03/26

La synthèse lucide de l'élection présidentielle

Franck Biancheri nous propose sur twitter une perspective particulièrement lucide et synthétique sur l'élection présidentielle, qui mérite d'être largement diffusée : 
"La séquence géopolitique mondiale qui s'ouvre suite à la crise place la France en position clé du fait du rôle de la France dans l'Europe et de l'Europe dans le monde (comme un ressort dans un système de poupées russes). Du fait de la crise, avec l'émergence de l'Euroland, on arrive à un tournant historique.

La politique étrangère et européenne du futur président est donc déterminante au-delà de tout autre enjeu, car c'est à partir de ce front que tout le reste peut se gagner ou se perdre : économie, social, environnement, emploi, sécurité, régulations. La France n'est jamais forte quand elle prétend écraser les faibles. C'est une France réfléchie et impliquée dans la construction de son avenir ses partenaires et voisins, à l'opposé d'une France qui recopie docilement la politique agressive des US. C'est pourquoi cette élection présidentielle est un moment crucial pour que chaque citoyen puisse influer sur notre futur commun. Alors que N. Sarkozy incarne la continuité de sa politique servile (voir la récente parution de "l'Etat blessé"), voyons ce que propose F. Hollande :
  • "L'affirmation de vouloir explorer plus avant les relations avec les autres puissance : BRICS, Amérique Latine 
  • La sortie en douceur du piège "occidentaliste" (USA / UK / IL) dans lequel Sarkozy a enfermé la France 
  • Sa volonté de renégocier ou plutôt d'ajouter un volet croissance au traité Euroland+
  • La priorité affirmée depuis des mois en matière de jeunesse, à la fois en France et dans la dimension européenne 

    F. Hollande apporte donc un réel engagement européen, et une vraie connaissance du projet européen qui remonte loin."
Au contraire, N. Sarkozy ne représente qu'une impasse insurmontable, car selon l'adage issu d'un texte de Einstein : "Aucun problème ne pourra être résolu avec la façon de penser qui l'a généré." 

Les 22 avril et 6 mai 2012, allez voter.

Et en plus, soyez des citoyens conscients et responsables des enjeux cruciaux de notre décennie (lire à ce sujet "Crise mondiale: en route pour le monde d'après - La France, l'Europe et le Monde dans la décennie 2010-2020"), et des solutions incarnées par F. Hollande pour que notre pays tienne enfin son rôle. 
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Mise à jour:
J'ai depuis publié ces autres articles en complément :