2012/08/01

Les devoirs de vacances de la zone Euro

 Le concept de "brouillard de guerre" s'est décliné en géostratégie "soft power" par la guerre de l'information ou infowar depuis 50 ans. Malgré les déclarations  depuis fin 2009 dans les médias sur la crise de l'euro, la guerre monétaire contre l'Euro (car ca en est bien une) se joue principalement en coulisses, dans les espaces spécialisés que l'on nomme rapidement "marchés" pour moins les distinguer.

Voici de nouveaux éléments pour mieux illustrer cette guerre :


En 6 mois, les hedge funds US ont retiré leurs placements en France et Allemagne (DEU) pour les placer au Canada et au Japon. La rapidité de ce retrait, qu'aucune raison strictement économique n'imposait, devait entrainer un assèchement des capacités de financement en France, et de la une récession. 

Six mois après ce sont les taux interbancaires de la zone Euro qui sont érodés, par des recherches de liquidités à toujours plus court terme par les banques. 

Prochains éléments à surveiller dans les mois à venir : 

1) l'évolution trimestrielle des prêts internationaux consolidés des banques françaises (créances consolidées), avec ventilation par pays sur lequel repose le risque final. 
La proportion des origines des risques est la suivante, pour fin décembre 2011 (source Banque de France, T4 2011, date de dernière publication : 25/04/2012) :

  • total des encours en risque ultime ; Créances sur l'étranger des banques à capitaux français : 2729033 M$
  • dont zone euro : 44,4%
  • paradis fiscaux : 2,1%
  • UK+US+paradis : 29,4%
  • BRICS : 4,9%

2) l'évolution trimestrielle des engagements passifs (Encours de prêts ou de dépôts) des banques françaises ventilés par pays : fin décembre 2011, ce montant pour les Etats-Unis avait en 6 mois diminué de 55% pour retomber au niveau de septembre 2004 ! A la fin de l'année dernière, les engagements vis à vis de US et UK représentaient encore 41% du total.
(source Banque de France, T4 2011, date de dernière publication : 25/04/2012).

Ces tendances peuvent se retrouver parmi tous les pays de la zone euro qui ont été attaqués depuis fin 2009. 

Notre anticipation est que l'imbrication financière réciproque entre US+UK et la zone euro va aller en diminuant rapidement, ce qui va rendre les attaques des "marchés" (...) sur la zone euro progressivement  moins efficaces. Le plus dur a déjà été fait depuis fin 2009, et la prise de conscience collective de la nécessité  politique absolue d'une intégration accélérée de la zone euro. Maintenant nous avons une bonne feuille de route depuis fin le sommet européen de fin juin 2012 (même si il reste encore à y développer le volet social et démocratique). Je vous en parlerai à la rentrée.

Bons devoirs de vacances !

2012/07/13

Where is the budget, there is the power

 There is a long and broad debate in the U.S. about the military spending, and specially this year because of the "Fiscal Cliff". But there is so little debate about the U.S. national security concept, and how it transforms a whole society. This is yet the true nature of things behind such a choice of governments. We have wrote a compilation of texts on this historical perspective.

The growth over time of the Defense budget (FDEFX graph below) is indeed astonishing :

Yes, but the overall federal budget has increased a lot in the same time :


So, let's calculate the percentage of Defense spending over the federal net outlays, and it's history :


Please note the bottom line is 20%, not 0%. This casts a new light on the Korean and Cold Wars.
We must also look with attention to the spending included and not included into FDEFX. And add some defense budget effort taken on Discretionary Budget after votes of the Congress (around 20% of this budget nowadays). We could then be around 30% of the overall budget nowadays.

Most of the time you will find military spendings only used as percentages of GDP, but this blurs the current absolute heavy weight of the U.S. :


I think the part of military spending in the overall budget is much more representative of the real powers in the country. When the federal government is seeking to cut some budgets to reduce expenditures, the real powers behind the scenes appear in direct light, like another political party. Deficit reduction and the automatic cuts scheduled to take effect in January 2013 are viewed as likely to figure in the autumn 2012 US presidential election, but the Congress can attempt at any time to cancel the $1.2 trillion sequester. The real strength of US democracy will effectively be challenged during these times, and the true powers of US deep state could emerge for everyone.

But wait : this Defense budget is financed mostly by debt emission, and at a large extent with US Treasury. Surely the FED is since few years the biggest holder of US Treasury, but many countries also hold them. Their citizens could insist on selling their assets in US Treasury, or even stop buy them and buy instead more... euro-denominated assets for instance.

Update 10/23 :
As anticipated, true powers of US have emerged clearly now for everyone : few hours ago, Obama and Romney have agreed to not cut Defense budget, or even to increase it. New law will be passed before Jan, 2 to modify 2011 Budget Control Act and currently planned military sequester.
Both candidates agree on this very fundamental topic. Because of this, remaining parts of the debate, and thus democracy in the US, is just a farce.

Update 12/3 :
[Add links into the introductory paragraph, and graphics below from our U.S. Debt's dashboard ]

  • U.S. Defense spending history (% GDP), using chained (2003) dollars, from 1910 to 2007 :

  • U.S. Defense spending history (% GDP), 1792-2015 :
A budget reflecting the never-ending war since 1940

  • Percentage of defense spending over the federal expenditures, history from 1946 :
% of defense spending : green line; right hand scale; quaterly updated

2012/07/12

How good are economists at forecasting the future ?


CBO economists certainly deserve a special award :

(clic to enlarge)

Source : US Treasury

You may also read "How good are economists at forecasting CPI ?" (Reuters, 2009/06)





2012/07/11

Les barbares financiers


Les financiers aiment se représenter en classe sociale très supérieure, une jet set bien au dessus des autres mortels. On leur invente des termes qui les isolent socialement, pour mieux les démarquer : on les appelle les working rich.

Pourtant les autres gens leur trouvaient bien des défauts, et notamment sur leur déficience morale. Des comparaisons cliniques avec les profils de psychopathes patentés ont déjà été dressées, sans compter que certains économistes comme Roubini commencent à évoquer la nécessité d'en lyncher un.

En plein scandale du Libor, connu des spécialistes depuis au moins 10 ans et qui ne sort qu'aujourd'hui aux yeux du grand public (donc encore un signe que la crise est un dévoilement, une chute du monde d'avant), voici publiée une nouvelle approche de ces déviants sociaux, qui présente l'intérêt d'être statistique et par auto-évaluation des concernés. On apprend ainsi que :
  • 24% des dirigeants de Wall Street et de la Bourse de Londres estiment que des conduites malhonnêtes ou illégales sont nécessaires pour réussir dans le monde de la finance (22% aux US, 25% au UK),
  • 16 % d'entre eux ont admis qu'ils n'hésiteraient pas à commettre un délit boursier, tel que le délit d'initié s'ils pouvaient s'en tirer sans poursuites,
  • 39 % des cadres interrogés estiment que leurs concurrents ont déjà pratiqué des activités illégales ou malhonnêtes (40% aux US, 36% au UK),
  • 30 % d'entre eux affirment que leurs salaires ou leurs bonus les poussent à enfreindre le code de déontologie (28% aux US, 32% au UK), et 23% affirment que d'autres pressions s'exercent pour qu'ils le fassent (19% aux US, 26% au UK),
  • 41% des interrogés seulement affirment qu'il est tout à fait certain que leur staff n'a pas eu besoin d'employer des pratiques non éthiques ou illégales pour gagner (43% aux US, 39% au UK),
  • Seulement 55% des interrogés affirment qu'ils ne commetraient pas d'activités illégales ou non-éthiques pour gagner 10 millions de $, 
  • 30% seulement des interrogés estiment que la repression des crimes financiers par la SEC/SFO est efficace (26% aux US, 34% au UK),
  • 14% des interrogés affirment qu'ils subiraient des répercussions négatives de la part de leur employeur si ils dénonçaient formellement un cas de violation de la loi ou de l'éthique; seulement 35% estiment certain que leur employeur ne le ferait pas.
Il ne s'agit pas de s'effaroucher devant ces chiffres, mais bien de comprendre que cette industrie est tellement gangrénée par les déficiences morales qu'il est impossible qu'elle reprenne d'elle même le droit chemin et abandonne ses mauvaises pratiques. Toute transformation sociale efficace dans ce groupe ne pourra venir que d'une pression accrue de l'extérieur, qui passe tout d'abord par un remplacement complet et rapide de tous les cercles dirigeants, dans tout cet écosystème. Inutile de dire que nous en sommes encore très loin. La conclusion sur laquelle nous devons donc nous appuyer pour anticiper les évènements à venir c'est que ces pratiques vont perdurer et encore davantage se renforcer, car elles s'apparentent à de la prédation nuisible. A la différence d'un parasite, un nuisible ne s'arrête jamais de lui même de dévorer. Il est insatiable.  Mais il n'est fort que parce que son hôte le laisse faire. Le système social évolue donc par à-coup brusques, et non pas par régulation continue et progressive. 
Au delà d'actions individuelles sporadiques, la première étape sociale à surveiller est la montée en puissance de la notion de crime financier dans le droit, et des retorsions effectivement entreprises. La deuxième étape est l'appui sur ce droit pour établir des barrières géographiques sur les flux financiers (ce qui est techniquement très aisé à réaliser), et sur l'éjection de certaines entreprises au delà de ces frontières, par décret. Socialement, le banissement est une solution bien plus efficace que le lynchage. Une forme plus temporaire est l'ostracisme, qui est lui aussi un mécanisme d'auto-défense populaire, un vote de défiance politique.

Sources de l'étude
Tricher est nécessaire selon 24 % des cadres de Wall Street et de la City, Le Monde, 07/2012

2012/06/29

How long does it take to build federalism ?


 A brief reminder about U.S. history  teachs us building federalism took 14 years, with a military war as a booster for this process :

Tensions between American colonials and the British during the revolutionary period : 1760s and early 1770s.

American Revolutionary War : 1775 to 1781. 
  • The Continental Congress established a Continental Army under the command of George Washington : June 14, 1775
  • The Congress adopted the Declaration of Independence : July 4, 1776.
  • After the British defeat by American forces assisted by the French and Spanish, Great Britain recognized the independence of the United States: 1781

The Articles of Confederation established a weak confederal government that operated from 1777 until 1789.

Those wishing to establish a strong federal government with powers of taxation organized a constitutional convention in 1787. 

The United States Constitution was ratified in 1788.

The new republic's first Senate, House of Representatives, and president —George Washington— took office in 1789.

These steps and speed have to be compared with similar current EU federalism process and speed, with currently a monetary war as a booster. This process is the birth of the new Euroland sovereign. Humans are not born in a single minute, and a new sovereign entity is not born in a single year, even taking into account the pregnancy or gestation period.