2011/11/02

ESB : Quand Wall Street et la City veulent ruiner la renaissance européenne

 Ils (1) s'invitent dans les pages du Cercle des Echos et déclarent à notre place que "les peuples européens ne veulent pas d'un contrôle étroit des budgets nationaux", et les nouveaux ESB (2) qu'on veut vous imposer 

Tout d'abord, il y a une confusion volontaire entre "les peuples de l'Europe", les peuples de l'Euroland, et les lobbies bancaires de la City et de Wall Street. Que la City ne veuillent à aucun prix des Eurobonds, cela se comprend ; que le peuple anglais ne le veuille pas, ça demande à être prouvé ; et dire que les peuples de l'Euroland ne le veulent pas est un propos qui relève de la manipulation de masse. 

Quant aux ESB, ils ont une forte odeur de montage de subprimes rance, vous ne trouvez pas ? C'est encore un merveilleux moyen pour contourner la BCE par une nouvelle agence à créer (à Londres, puisque c'est un produit financier, on l'accueillera avec plaisir !), pour titriser de la dette et reproduire ici l'armageddon financier qui a eu lieu aux US, et SURTOUT éviter une fédération accélérée de l'Euroland (3) qui lui permettrait de sortir par le haut de cette crise, en utilisant les processus de démocratisation.
Ca c'est un vrai plan, dites donc messieurs. Vous savez qu'on a d'autres idées très précises sur "comment faire vraiment de l'euro une monnaie mondiale" sans avoir recours à vos services pas intéressés du tout ? Vous devriez aller proposer vos idées aux Chinois qui sont aussi en train de faire du yuan une monnaie mondiale dès 2015.

Quant à votre proposition de services pour l'Euroland, merci de ne pas nous téléphoner de nouveau, on vous appelera.

(1) le collectif "euro-nomics" rédigeant cet article est formé par 8 personnes nées ou ayant fait leurs études supérieures aux US et UK, ainsi que toute ou partie de leur carriere, et une neuvième qui est un professeur français à HEC. Malgré cela ils se réclament tous comme étant des européens, et bien peu vivent actuellement dans l'Euroland.

(2) ou "Euro Safe Bonds" : quand un financier vous déclare qu'un produit financier complexe est très sûr, et d'ailleurs que son nom le prouve, c'est le moment de lui tourner le dos.

(3) pour être attaquée de manière aussi véhémente et brouillonne, ce qui démontre leur panique, c'est que cette fédération doit être vraiment une initiative efficace.

2011/11/01

Google Reader's survival kit

Google has revamped his RSS Reader today.
The most disturbing choice, apart from the awful new low constrast grayed unique look & feel, is the immediate interruption of Reader sharing service, now fused with Google Plus... but this one does not even offer a RSS output ! Is it a dead end for automatic sharing ?
And your Google Reader's shared items list has disappeared :(

Here is some tricks to let you share again with :
  • clik on +1 at the bottom of an article in GReader, or use "share on Google+" button if you are using SGplus extension
  • Click into the comment zone then Share button : this link is shared into your G+ Stream
  • convert your Google+ Stream into a RSS feed : use Yahoo's Dapper for that, and choose the RSS feed export format. Use your own stream URL (https://plus.google.com/your_id/posts), select successively the 2 correct zones in the shown page to record the title and then the text content of your new feed. You will group them together in a subsequent step. The whole procedure is somewhat long but the result is ok.
  • be sure to click on  "update service" blue button located in the right at the last step; 
  • copy the resulting (very long) RSS link displayed with the small RSS icon at the right bottom 
  • in Google Reader, use the subscribe button and paste your URL, click ok.
  • an empty item list could be displayed ; don't take care and look for the name of your RSS at the end of the RSS list (left panel). Click on it : the correct item list of your shared feed should be displayed !
About the RSS feed associated with your labels, now they can only be found with a clic on the small arrow near the label (left panel), then "view details and statistics".

Ouf !

2011/10/27

Les 2 prix du pétrole

 La dislocation du monde depuis le début de la crise vaut aussi pour le prix du pétrole. Il est néanmoins frappant de constater à quel point, ainsi que de voir que personne n'en parle, ou alors en terme de simple "anomalie transitoire". La FTC ne semble enquêter que sur les fluctuations de prix et la suspicion de leur manipulation, et moins sur les écarts entre index.

Commençons par regarder les 2 index principaux de ce marché du pétrole, depuis 1 an glissant: à ma gauche le WTI Crude, et à ma droite le Brent Crude.


Alors que l'historique de ces index montre habituellement un écart d'environ 1%, depuis fin février 2011 le WTI a dérivé en quelques semaines pour se situer 20 à 25% moins cher que le Brent. Alors que le Brent persiste depuis cette date au-dessus du palier de 100$, le cours du WTI cherche à s'en éloigner. C'est un comportement extraordinaire pour deux matières premières aussi similaires (et ceci même si l'on compare des bruts avec des densités API équivalentes), si on croit aux vertus des marchés "purs et parfaits" !
Outre l'écart des prix de ces index, c'est bien aussi la durée de persistance de cet écart qui doit être expliquée - si vraie explication il y a, c'est à dire si elle est communicable en toute transparence. Vu le silence assourdissant des spécialistes en place qui se bornent à dire que "le WTI a perdu son statut d'index de référence", nous pensons au contraire que c'est une affaire d'opacité, d'occultation, et qu'il ne faut pas attendre d'explication que l'on ne soit pas allé chercher soi-même.
Cherchons des similitudes: à quoi raccrocher l'index WTI? Aux USA, d'après la définition donnée par Wikipedia. On peut alors s'intéresser aux autres index des bourses au pétrole dans le monde
(note: cette page de l'EIA a ensuite été modifiée en 2012 et ne fait plus apparaître les informations, mais on peut trouver une archive. La nouvelle page (également ici) ne fait désormais apparaître qu'une petite "sélection" de bruts. Remarquons aussi que de nombreux prix, même si ils datent d'une année, sont "Withheld to avoid disclosure of individual company data". On appréciera ici la transparence du marché du pétrole, qui est pourtant une caractéristique essentielle au concept de marché).

Et on remarque immédiatement que :
  • la plupart des index évoluent avec une faible différence entre eux, sur toute la durée de l'historique, y compris par rapport à la moyenne de l'index composite de l'OPEC. Les variations plus importantes, dues à des ruptures logistiques, ne durent pas.
  • les seuls index présentant un autre comportement sont ceux du Canada, et du Mexique
  • et ces derniers présentent cet écart exactement depuis juillet 2008, date du plus haut sommet des prix du pétrole, avec une tendance nettement accélérée depuis fin février 2011 :


note: Ces images ont ensuite été retirées du site web de l'EIA en 2012. Je les remplace par les copies suivantes, mais qui ne présentent l'historique que jusqu'à fin 2008. Cliquez sur le lien pour voir l'historique complet de chaque index. ]

Mexico Maya Spot Price FOB (full history with monthly data)



Canadian Par Spot Price FOB (history of Lloydmonster prices with monthly data)
(cliquez pour agrandir)

Ces 3 index représentent une partie très importante (28%) de l'approvisionnement en pétrole brut des USA. Le Canada est le premier fournisseur de pétrole des USA en volume, et le Mexique le 3ème. A cette part il faut rajouter la production locale des USA, au prix du WTI, équivalente à 60% des importations de pétrole brut. La facture pétrolière des USA est donc d'au moins 20% plus faible que s'ils se fournissaient au prix normal du spot, comme les autres pays. Pour un cours moyen à 100$ le baril cela représente une économie d'environ 107 milliards USD par an en ne comptant que le pétrole brut, au détriment en partie des revenus du Canada et du Mexique. Ces distorsions du marché permettent d'amoindrir les hausses du prix à la pompe, et une inflation qui reste galopante dans un pays aussi consommateur :

 (cliquez pour agrandir)

On peut donc bien définir deux zones géographiques qui partagent le monde, chacune avec un prix du pétrole sensiblement différent. L'Amérique du Nord d'un côté avec un prix artificiellement bas, et de l'autre côté le reste du monde avec un prix sensiblement plus élevé. Et on comprend que, apparue lors du franchissement de la barre symbolique des 3$ le gallon, "l'anomalie" du WTI ne va pas disparaître puisqu'il s'agit de maintenir par ce biais gigantesque le prix à la pompe le plus bas possible. Ceci expliqué, vous pourrez regarder les jolies explications de l'EIA d'un autre oeil.
(Note: depuis ce billet, l'EIA - qui consulte Conscience Sociale - diffuse des informations complémentaires tous les deux mois sur les prix)

Mise à jour 6/1/2013 :
ajouts des notes, MAJ des liens et images

Mise à jour 28/6/2013 :
suivi du spread BRENT-WTI au quotidien (en %, échelle de droite; échelle de gauche: prix du WTI) :



2011/10/17

Qui vend en masse des Bons du Trésor US ?

 A la suite de notre article sur l'Operation Twist Redux de la Fed, nous continuons à nous intéresser au marché des bons du Trésor US. Au delà de la valeur nominale de ces bons, il est désormais plus intéressant de suivre qui les détient, et qui les vend. Voici deux index à suivre très attentivement dans les semaines et mois à venir, qui mesurent le volume des Bons détenus par des investisseurs étrangers :

Depuis la semaine du 24 Août cet index est en chute libre, ce qui représente une baisse d'une ampleur encore jamais observée auparavant, comme en témoigne ces graphiques (cliquez pour mieux voir):

Historique de l'index sur 3 mois : 
baisse de 2.8% de sa valeur entre le 24 Août et le 17 octobre

Historique de l'index sur 1 an glissant
 (mise à jour de l'image toutes les semaines)

Historique de l'index sur 5 ans, jusqu'au 17 octobre 2011. 
Le point d'inflexion marque la faillite de Lehman Brothers le 15/09/2008.

Historique depuis 1989 (plage maximum disponible auprès de la Fed pour cette statistique), en milliards de USD

Historique depuis 1989 exprimé en milliards de USD de variation hebdomadaire

  • Par ailleurs la même baisse se retrouve dans l'index "US Marketable Securities Held in Custody for Foreign Official & Intl Accounts" (FARBTOTL:IND ou directement sur le site de la Fed), depuis exactement la même date du 24 Août :
Historique de l'index sur 1 an glissant 
(mise à jour de l'image toutes les semaines)

Historique maximum disponible auprès de la Fed pour cette statistique

Historique exprimé en milliards de USD de variation hebdomadaire

En parrallèle, on peut observer un accroissement très rapide de la valeur "(d) securities lent and on repo, Section IV" publiée par la Fed dans ses bilans hebdomadaires : U.S. International Reserve Position. On sait donc qui achète, mais qui vend ? Pour en être certain il va falloir un peu de patience et attendre la mise à jour de cet historique mensuel de la Fed : MAJOR FOREIGN HOLDERS OF TREASURY SECURITIES. (historique 1, historique 2)

UPDATE 10/26 : 
Casey Research published today a very similar blog post, with very similar graphics and conclusions : 
Foreigners Losing Confidence in Holding US Treasury and Agency Debt

2011/09/27

Operation Twist Redux revisited

 Fed's last operation Twist Redux is one of those events which cause immediately brutal movements on the markets (over reacting), but can only be analyzed a few days afterwards.
Some bloggers are willing to see an offensive monetary policy behind this operation, targeted towards all others majors currencies at the same time : "risk-off" strategy, reversal of carry trade, capital inflows, commodity deflation, and we can even read "king dollar is back".

Some facts are important to remember :
1) original operation Twist I (aka Operation Nudge, 21 Feb 1961-1965) was a defensive experiment for improving US balance of payments because US had to sell gold at an unsustainable rate.  
3) the Fed’s QE2 programme was comparable in size, at around 4% of total Treasury and agency-backed debt. It allows a 28% stock rally during few months, but without noticeable positive effects on Main Street, unemployment and foreclosures. Inflation was allowed to growth, too.
4) another Twist-like operation was run by the Fed... in 2009. Results are known : Wall Street rally but Main Street problems became bigger and deeper. The crisis became more and more a social one.
5) One of the most noticeable movement this time was gold and silver go down.
But if gold market was down during 2 days in a row, it only reached back to 11 August 2011 price level :

source: goldprice.org (clic to enlarge)

Gold price remains since 1971 a very significant trend. Operation Twist II has not changed this in any way. And you can see since 9/27 gold price is up again.

We may see a rally on Wall Street stocks. But like in 60's and in 2009, Fed's last quantitative easing programme will not produce any change in the real world, either for Main Street (commodities, unemployment, down lifestyle), and for inflation in US. Stay tuned to the gold market to verify this day after day, specially during 2012 election campaign.