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2008/10/21

Conseils de bon sens pour passer la crise en France

Mon entourage m'interroge de plus en plus fréquemment sur la conduite à adopter. Faut-il céder à la panique ? La situation est-elle si grave ? Que faire pour protéger sa famille ?
Je ne prétends évidemment pas avoir la science infuse ni être un expert infaillible du domaine. Mais je pense qu'on peut, et même qu'on doit en ces temps de doute donner des conseils de bon sens, sans prétention.
Tout d'abord, il faut relativiser. Si la situation économique mondiale est vraiment très mal en point, il faut avoir conscience que la France bénéficie de boucliers efficaces :
  • elle appartient à la zone euro, dont la monnaie est en passe de devenir celle de référence mondiale, au détriment du dollar ou de la livre sterling : notre monnaie est solide
  • la France possède un exceptionnel système de retraite par répartition (malgré ceux qui le critique), qui va incessamment faire la preuve de sa robustesse et protéger efficacement toute une partie de la population
  • nous bénéficions d'une bonne stabilité du régime politique, à la fois en France et dans l’UE
  • notre principal partenaire commercial, l'Allemagne, bénéficie également de ces avantages
  • le récent plan européen d’aide aux banques de la zone Euro va dans le bon sens
Ensuite la France est moins exposée que d'autres pays :
  • la France ne possède que très peu de titres de dettes du Trésor US, au contraire du Royaume-Uni, de la Chine et surtout du Japon
  • nos banques sont relativement moins impactées par la crise financière que celles des USA et du Royaume Unis, surtout les banques de périmètre national
  • la crise immobilière en France n'atteint pas les proportions que l'on connait en Espagne par exemple
Je ne veux pas dire que la crise économique n'aura aucun impact chez nous, mais bien que cet impact sera amoindri. Nous serons certainement parmi les pays qui s'en sortiront le mieux. Des réformes de notre société seront néanmoins nécessaires, certaines sont déjà engagées (nouveau Bretton Woods).
Il faut aussi avoir conscience que les secousses économiques internationales ne sont pas encore terminées. Mais céder à la panique et prendre des décisions sans analyse c'est être certain de commettre une erreur.
Partant de la, il me parait de bon sens, si votre situation le permet :
  • d'éviter de placer vos économies en Bourse si vous ne passez pas des ordres “intraday”
  • de privilégier les placements liquides
  • de répartir vos économies dans 2 banques françaises. Quand ca tangue, on est plus stable sur 2 pieds.
  • d'attendre avant d'acheter à crédit un bien immobilier
  • de surveiller à la loupe votre taux d'endettement
  • de parler de vos problèmes financiers; de nos jours on peut trouver des conseils et du support efficaces sur les forums comme bulle-immobilière.org. Internet offre des outils d’intelligence collective remarquables, y compris pour trouver des solutions aux problèmes du quotidien.
et surtout : de réfléchir par vous-même, d'analyser régulièrement la situation pour pouvoir éventuellement agir rapidement le moment venu. C’est le meilleur conseil qu’on puisse vous donner.
J’ajoute enfin : la situation d’autres pays est nettement plus compliquée. Ce serait une erreur de ne regarder que notre situation personnelle dans notre pays et d’oublier ou d’ignorer les évènements qui vont se dérouler ailleurs. Tout comme notre solidarité ne doit pas s’arrêter à la porte de notre maison, elle ne doit pas non plus s’arrêter à nos frontières.

2008/10/16

Guerre financière : Offensive de l’Europe

image Un des signes évidents de la dimension historique de la crise actuelle est la reconfiguration accélérée des alliances géo-stratégiques, que nous avons commencé à évoquer.
La semaine dernière l’Islande s’est tournée vers la Russie, désormais premier producteur mondial de pétrole brut devant l’Arabie Saoudite;
Puis l’Angleterre a nationalisé ses principales banques, agissant de manière opposée au Plan Paulson des USA, et contrariant des décennies de politique d’acquiescement à Washington.
24 heures plus tard c’est toute l’Europe qui prenait ce chemin des politiques de nationalisations préventives. Même la Suisse est maintenant passé à l’acte avec le plan gouvernemental de sauvegarde forcée de UBS, au grand dam des patrons de ces banques.
Et aujourd’hui c’est l’annonce attendue de l’Europe unie de s’engager vers Bretton Woods III avant la fin de l’année 2008 (!), mettant ainsi un terme effectif à toute allégeance envers la domination financière unilatérale des Etats-Unis. Même l’Italie de Berlusconi se joint au mouvement, ce qui est encore un signe d’isolement politique et diplomatique actuel des Etats-Unis.
Je parle bien de Bretton Woods 3 et non pas la politique financière internationale dite Bretton Woods 2 et qui existe déjà de manière informelle depuis 1995.
Les déclarations européennes n’y vont pas par 4 chemins, notamment sur les paradis fiscaux:
Treatment of tax havens such as the Cayman Islands and Monaco may be overhauled as part of any new global financial framework, Sarkozy said.
``It will be part of discussions Saturday in Washington,'' the French leader said. ``Will we continue to work with tax havens? It's a valid question. We've passed into a new era. It's a question we'll put on the table and immediately.''
Il ne s’agit rien de moins que de mettre sous un contrôle effectif national et régional les 30 plus grands banques du monde. Goldman Sachs, la chasse gardée de Paulson, ayant récemment acquise le status d’établissement bancaire, devrait normalement faire partie de la liste.
Cette demande de contrôle renforcée contraste avec l’attitude de AiG qui cherche à diminuer les volontés régulatrices sur le marché des crédits hypothécaires.
Le rendez-vous du 18 octobre entre messieurs Bush, Sarkozy (président du conseil européen pour 6 mois) et Barosso (président de la Commission Européenne) sera bien interessant à suivre.

2008/10/06

L’Europe face à la crise financière

Ce week-end a été l’occasion d’une mise en évidence des disparités des réactions en Europe face à la crise financière et économique qui frappe désormais notre continent de manière évidente, comme en témoigne le crack de ce lundi mais surtout l’évolution depuis 15 jours de la parité euro-dollar :

La réaction des gouvernements en Europe est d’abord partie de la périphérie, hors de la zone Euro :


2008/09/29

L'Europe prépare la "refondation du système financier international"


Suite à son discours à l'ONU, Nicolas Sarkozy a annoncé il y a quelques heures que l'Europe se mettait à plancher sérieusement sur le système financier "dans les prochains jours".

Sont fermement invités à la séance de travail préparatoire, avant de rencontrer les autres pôles du système financier international :
  • les 4 pays Européens du G8 (France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni),
  • José Manuel Barroso (président de UE),
  • Jean-Claude Juncker (président de l'Eurogroupe) ,
  • Jean-Claude Trichet (président de la BCE),
  • et Nicolas Sarkozy (représentant la France et président du Conseil de l'Europe)
Mr Sarkozy a annoncé une initiative pour une régulation financière largement renforcée :
"Reconstruisons ensemble un capitalisme régulier et régulé où des pans entiers de l'activité financière ne sont pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques font leur métier. Le métier des banques, c'est de financer le développement économique plutôt que la spéculation"
Sans arriver à une extrémité d'une économie entièrement dirigiste, les meilleurs économistes du monde, tel Stiglitz, s'accordent depuis de nombreuses années sur la nécessité impérative de l'intervention du régulateur pour la bonne santé des marchés.

A signaler que les prix Nobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen avaient été embauchés par le président français en janvier dernier pour proposer une meilleure définition que le PIB de la richesse produite par un pays. Les mauvaises perspectives présentes et à venir sur le PIB de la plupart des pays vont sans doute accélérer pour l'ensemble de la société le changement de référentiel, qui saura promouvoir d'autres valeurs fédératrices utiles en temps de crise. Nous ne pouvons plus soutenir un modèle de croissance basé sur une définition purement productiviste, en écartant la richesse sociale. Le modèle du court-terme purement comptable est acculé aujourd'hui à la faillite de manière éclatante.

C'est une chance unique pour la sphère politique de recouvrer une nouvelle légitimité, tous horizons confondus, si elle sait se saisir de l'occasion pour se remettre en question avec un réel projet et une vision politique, en prenant rapidement ses distances avec les milieux financiers. Mr Sarkozy semble l'avoir bien compris depuis quelques jours. Sa position est bien plus confortable que celle de Mr Obama qui ne peut pas prendre des postures aussi fermes tant qu'il n'est pas élu, et qui devra gérer la tentation militaire dans un pays économiquement à genoux.