2017/05/01

Georges Orwell nous explique Macron


Marie-Hélène Miauton, journaliste suisse au Temps, écrit
"Macron présente un physique lisse au point d’être insipide, parfait mais sans charme ni expressivité. Son regard, même lorsqu’il s’enflamme, est d’une étrange vacuité, au point que le spectateur ressent un malaise indéfinissable. Il y a aussi chez lui cet art bien commercial de ne fâcher personne afin d’élargir son bassin de chalandise. Du coup, comme l’ont remarqué les commentateurs, il est d’accord avec tout le monde au risque de se contredire sans états d’âme."

Il s'agit du malaise qu'on ressent devant le vide de la doublepensée.

Georges Orwell l’a défini ainsi dans son œuvre célèbre ‘1984’ : 
Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « doublepensée » impliquait l’emploi de la doublepensée. (chapitre III)
La doublepensée est le pouvoir de garder à l’esprit simultanément deux croyances contradictoires, et de les accepter toutes deux. Un intellectuel du Parti sait dans quel sens ses souvenirs doivent être modifiés. Il sait, par conséquent, qu’il joue avec la réalité, mais, par l’exercice de la doublepensée, il se persuade que la réalité n’est pas violée. Le processus doit être conscient, autrement il ne pourrait être réalisé avec une précision suffisante, mais il doit aussi être inconscient.
Sinon, il apporterait avec lui une impression de falsification et, partant, de culpabilité. 
La doublepensée se place au cœur même du socialisme Anglo-saxon, puisque l’acte essentiel du Parti est d’employer la duperie consciente, tout en retenant la fermeté d’intention qui va de pair avec l’honnêteté véritable. Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement, oublier tous les faits devenus gênants puis, lorsque c’est nécessaire, les tirer de l’oubli pour seulement le laps de temps utile, nier l’existence d’une réalité objective alors qu’on tient compte de la réalité qu’on nie, tout cela est d’une indispensable nécessité. 
Pour se servir même du mot doublepensée, il est nécessaire d’user de la dualité de la pensée, car employer le mot, c’est admettre que l’on modifie la réalité. Par un nouvel acte de doublepensée, on efface cette connaissance, et ainsi de suite indéfiniment, avec le mensonge toujours en avance d’un bond sur la vérité. 
Enfin, c’est par le moyen de la doublepensée que le Parti a pu […] arrêter le cours de l’Histoire.
Toutes les oligarchies du passé ont perdu le pouvoir, soit parce qu’elles se sont ossifiées, soit parce que leur énergie a diminué. Ou bien elles deviennent stupides et arrogantes, n’arrivent pas à s’adapter aux circonstances nouvelles et sont renversées ; ou elles deviennent libérales et lâches, font des concessions alors qu’elles devraient employer la force, et sont encore renversées. Elles tombent, donc, ou parce qu’elles sont conscientes, ou parce qu’elles sont inconscientes. 
L’œuvre du Parti est d’avoir produit un système mental dans lequel les deux états peuvent coexister. La domination du Parti n’aurait pu être rendue permanente sur aucune autre base intellectuelle. Pour diriger et continuer à diriger, il faut être capable de modifier le sens de la réalité. Le secret de la domination est d’allier la foi en sa propre infaillibilité à l’aptitude à recevoir les leçons du passé. 
Il est à peine besoin de dire que les plus subtils praticiens de la doublepensée sont ceux qui l’inventèrent et qui savent qu’elle est un vaste système de duperie mentale. Dans notre société, ceux qui ont la connaissance la plus complète de ce qui se passe, sont aussi ceux qui sont les plus éloignés de voir le monde tel qu’il est. En général, plus vaste est l’information, plus profonde est l’illusion. Le plus informé est le moins normal. 
Le fait que l’hystérie de guerre croît en intensité au fur et à mesure que l’on monte l’échelle sociale illustre ce qui précède. Ceux dont l’attitude en face de la guerre est la plus proche d’une attitude rationnelle sont les peuples sujets des territoires disputés. Pour ces peuples, la guerre est simplement une continuelle calamité qui, comme une vague de fond, va et vient en les balayant. Il leur est complètement indifférent de savoir de quel côté est le gagnant. Un changement de direction veut simplement dire pour eux le même travail qu’auparavant, pour de nouveaux maîtres qui les traiteront exactement comme les anciens. 
Les travailleurs légèrement plus favorisés que nous appelons les prolétaires ne sont que par intermittences conscients de la guerre. On peut, quand c’est nécessaire, exciter en eux une frénésie de crainte et de haine, mais laissés à eux-mêmes, ils sont capables d’oublier pendant de longues périodes que le pays est en guerre.
C’est dans les rangs du Parti, surtout du Parti intérieur, que l’on trouve le véritable enthousiasme guerrier. Ce sont ceux qui la savent impossible qui croient le plus fermement à la conquête du monde. Cet enchaînement spécial des contraires (savoir et ignorance, cynisme et fanatisme) est un des principaux traits qui distinguent la société océanienne. L’idéologie officielle abonde en contradictions, même quand elles n’ont aucune raison pratique d’exister.

[…] Ce n’est en effet qu’en conciliant des contraires que le pouvoir peut être indéfiniment retenu. L’ancien cycle ne pouvait être brisé d’aucune autre façon. Pour que l’égalité humaine soit à jamais écartée, pour que les grands, comme nous les avons appelés, gardent perpétuellement leurs places, la condition mentale dominante doit être la folie dirigée. (chapitre IX)
Oui, Macron est bien le Tony Blair français, celui qui a entraîné son pays sous des faux prétextes et des mensonges dans une guerre qui allait détruire à nouveau l'Iraq pour produire Daesh.

2017/04/30

Le combat souverainistes contre mondialistes financiers

Odoxa a publié les résultats d’un sondage réalisé les 26 et 27 avril 2017 sur les intentions de report de voix au 2ème tour.

Ces résultats présentent toutefois 2 limitations sérieuses :
  • Odoxa reconnaît que 20 % des répondants affirmant aller voter au 2ème tour sont encore indécis sur leur choix et ne se prononcent pas ; les reports sont donc calculés sur la base des autres répondants;
  • la marge d’erreur présentée correspond à celle d’un sondage par tirage aléatoire. Le sondage a utilisé la méthode des quotas, pour laquelle il n’existe pas de méthode mathématique connue déterminant la marge d’erreur.

Ceci dit, nous avons utilisé ces intentions de report dans notre précédent modèle de calcul de report de voix.
Nous obtenons Macron 56,5% et Marine Le Pen 43,5%, avec une proportion d’abstention+blanc+nul RECORD de 40,3 % (précisons-le à nouveau : avec l’hypothèse que le choix final des 20 % d’indécis ne modifie pas cette répartition).

Ces résultats d’Odoxa ont été obtenus avant l’annonce du support de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen, avant la publication de la vidéo de Jean-Luc Mélenchon annonçant son refus de soutenir l’un des deux candidats et avant le résultat de la consultation lancée auprès du mouvement La France Insoumise qui ne sera connu que le 2 mai.

Il est important de noter que les votes non exprimés au 2ème tour profiteront indirectement à Macron puisqu’il a obtenu plus de voix au premier tour. En effet imaginons que 100 % des électeurs des autres candidats s’abstiennent au 2ème tour : Macron aurait à nouveau plus de voix que Le Pen, et gagnerait.
Nous pensons que la proportion des votes non exprimés sera au final autour de 30 % comme au second tour de la présidentielle de 1969 (plus haut historique) car beaucoup d'électeurs comprendront que malgré leur réticence ils ne peuvent pas de défausser. Cette élection est un moment historique de la France.

En conservant les intentions brutes de reports d’Odoxa (50 % de Fillon vers Macron, et 40 % des reports de Mélenchon vers Macron), nous avons calculé les reports minimum vers Le Pen et vers le vote non exprimé qui sont nécessaires pour arriver à l’équilibre au 2ème tour (50 % pour chaque candidat).
Nous obtenons alors les résultats suivants au 2ème tour :
  • Reports de Fillon vers Le Pen : 33 % (et vers non exprimé : 17%)
  • Reports de Mélenchon vers Le Pen : 60 % (et vers non exprimé : 0%)
  • Total Abstention + blanc + nul : 32,4 %

Les résultats détaillés sont consultables ici. Ils sont compatibles avec ceux du simulateur de BFMTV, mais plus précis que lui.


Observer un tel report des électeurs fillonistes est tout-à-fait possible. Par contre observer 60 % de report de la France Insoumise vers Marine Le Pen est beaucoup moins probable… sans être impossible !

Et même si Macron l'emporte, ce sera sur un score bien moindre que celui de Jacques Chirac en 2002. Car l'enseignement majeur de ce premier tour, c'est que l'esprit de souveraineté de la France s'est une nouvelle fois levé au sein de notre peuple, et rien ne pourra empêcher qu'il se fortifie et s'impose contre ses adversaires, le moment venu. 

Le combat souverainistes contre mondialistes financiers

Nous identifions deux éléments clés du second tour. 
Tout d'abord 30 % des votants de 18 à 25 ans ont voté pour la France Insoumise. C'est de très bon augure pour la vivacité de notre démocratie. Ils sont d’abord attirés par cette espérance de souveraineté, de liberté à reconquérir, plutôt que repoussés par un FN dont ils n’ont aucun souvenir de son fondateur si ce n’est par média interposé. Le PCF de Georges Marchais n’a plus rien à voir avec le PCF de 2017, puisque Robert Hue soutient Macron le néolibéral. De la même façon, le FN des années 70 n’a plus rien à voir avec le FN de 2017.

Ensuite, on a constaté cette semaine que le « front républicain » de 2002 n’a pas résisté à l’Histoire. La scène politique nationale et internationale de 2017 ne peut pas être analysée et jugée par des réflexes mentaux obsolètes. Le faux duel droite vs gauche s’est révélé enfin sous son vrai jour : celui d’un combat souverainistes contre mondialistes financiers. Les seuls fascistes encore présents sont les fascistes financiers qui menacent ouvertement les candidats à l'élection présidentielle :


Interview de Jean Lassalle, candidat officiel à l'élection présidentielle

Dans ce combat, 4 propositions de force sensiblement équivalentes ont émergées au premier tour. La première ligne de défense a été prise. Les masques tombent et les législatives seront l’objet d’une profonde recomposition. Les digues du PS et LR ont cédé, à force d’ignorer les vrais débats. Macron a définitivement assassiné le PS et son programme économique est néolibéral, Reaganien. Les électeurs du PS vont-ils massivement se soumettre et supporter leur assassin politique, ajoutant la honte à la trahison dont ils ont fait l’objet ? 

Interview de l'économiste en chef de la banque d'affaires Chevreux à Paris

 La politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit.
Allocution du général de Gaulle, le 20 mars 1964

2017/04/24

Les reports de voix au 2ème tour de la présidentielle


La campagne du second tour a officiellement commencé à 19h dimanche soir. Officieusement déjà avant cela, le temps de roder quelques discours sur les reports des voix.
Mais pas assez vite.
En effet les résultats d'un premier sondage sur les reports de voix au second tour étaient déjà tombés hier soir à 18h :

sondage @IpsosFrance fait auprès de 2024 pers. après l'annonce des résultats du 1er tour
(source: @mathieugallard 23 avril 2017  18:06)

On remarque tout de suite que bien qu'un fort pourcentage de répondants (de 17 à 29%) ne se soient pas prononcés, l'institut n'hésite pas à l'ignorer dans sa première infographie et à nous gratifier d'un score final qui, si nous avions l'esprit mal tourné, n'aurait pas d'autres buts que celui de voler l'élection du prochain tour.

La prise en compte des résultats définitifs ET complets du ministère de l'Intérieur, publiés ce soir il y a une heure à peine, nous permettent quelques calculs. Non pas pour anticiper le choix des électeurs, mais bien pour éclairer ce choix au travers d'une question simple : combien faut-il de reports de voix pour que Marine Le Pen gagne le deuxième tour ?

Nous avons cherché à réduire le nombre de paramètres à 2 couples. En construisant quelques macros dans Excel, on s'aperçoit vite que les paramètres structurants sont les reports de Mélenchon et de Fillon. Bien sûr ce n'est qu'un modèle simplifié. Chaque voix compte...

Avec nos hypothèses, Marine Le Pen gagne :
- si au moins 70,0 % des électeurs votant Fillon au premier tour se reportent sur elle (et 0,0% votent blanc) ;
- et si au moins 39,23 % des électeurs votant Mélenchon au premier tour se reportent sur elle (et 0,77% votent blanc)

ou toute autre combinaison similaire comme :
- si au moins 40,0 % des électeurs votant Fillon au premier tour se reportent sur elle (et 0,5% votent blanc) ;
et si au moins 73,7 % des électeurs votant Mélenchon au premier tour se reportent sur elle (et 0,3% votent blanc)

Loin d'être un choix entre Charybde et Scylla comme on l'entend trop souvent, ce second tour sera un véritable test de souveraineté pour notre pays, mais qui commence dans l'esprit de chaque électeur. C'est une des questions que nous avions identifié au cœur du débat.

Méthode :
- prise en compte du nombre officiel d'inscrits du premier tour
- même pourcentage de bulletins blancs et nuls qu'au deuxième tour de 2012, c'est à dire avec une très forte augmentation par rapport au premier tour
- même pourcentage  d'abstention qu'au deuxième tour de 2012
- moins de votes exprimés au deuxième tour qu'au premier tour, comme en 2012
- 100 % de report de voix de Macron, Hamon, Poutou, Arthaud vers Macron
- 100 % de report de voix de Le Pen, Dupont-Aignan, Lassalle, Asselineau, Cheminade vers Marine Le Pen

[Un autre article a été publié à la suite de celui-ci : le combat souverainistes contre mondialistes financiers]