2008/11/16

Un G20 décevant qui ne s'attaque à aucun problème de fond

Hélas, les simples déclarations d'intention du communiqué final du G20 du 15 Novembre ne sont pas à la hauteur de la dimension du problème posé par les paradis fiscaux, qui sont l'objet de mon billet précédent. Espérons que le prochain sommet prévu en Avril 2009 à Londres sera plus efficace...

On remarque aussi dans ce communiqué que c'est l'IOSCO qui doit en pratique contrôler les agences de notation :

The international organization of securities regulators should review credit rating agencies' adoption of the standards and mechanisms for monitoring compliance.

Pourtant l'IOSCO serait sans doute aussi à même de mieux contrôler en pratique les transactions vers des places financières offshores, puisqu'elle a émis des PRINCIPES RELATIFS À LA COMPENSATION ET AU RÈGLEMENT, dont on retiendra notamment le Principe 30 :

Les systèmes de compensation et de règlement des transactions doivent
faire l’objet d’une surveillance ; ils doivent être conçus de manière à
être équitables et efficaces, d’une part, et à réduire les risques
systémiques, d’autres part.
Ces principes servent bien à évaluer des juridictions, même si cette dernière peut seulement être encouragée à décrire comment son système prend en compte [...] les dispositions relatives aux appels de marge croisés, les dispositions en termes de liens, la compensation des produits sur le marché de gré à gré, la compensation transnationale, etc.
Si un système de compensation de produits dérivés est distinct du système de négociation, par exemple, des dispositions doivent être prévues pour une transmission rapide à la compensation et un contrôle de la tarification du règlement.


Les paradis fiscaux au cœur de la crise financière

Voici une synthèse éclairante par NovEthic des griefs reprochés aux paradis fiscaux.


Puisqu'on mesure mieux l'importance d'un sujet par des chiffres, cet article nous en procure à foison :
  • ils sont les 2ème détenteurs d’obligations d’état américaines
  • A elles seules, les îles Caïman occupent la 5ème place financière mondiale avec 80% des fonds d’investissement du monde, gérant plus de 1000 milliards de dollars d’actifs. Le même rang que celui occupé par la France…
  • ils abriteraient aujourd’hui 11 000 milliards de dollars d’actifs (5 fois le PNB de la France)) et 2,5 millions de sociétés écrans, échappant à la finance internationale légale
  • la moitié sont situés en Europe (Londres, Suisse, Luxembourg, Monaco, Lichtenstein, Andorre, Jersey...)
  • 4000 banques y « résident », tout comme les 2/3 des hedge funds (fonds spéculatifs)
  • « 50% des flux financiers transitent à un moment ou à un autre dans ces zones de non droits, détenues par des acteurs financiers en dehors de toute règle, poursuit Daniel Lebègue. Pas de banque centrale, pas de commission bancaire de surveillance, pas de contrôle. Personne ne sait quels sont ces actifs, où ils sont investis et quels sont les risques qui sont pris ».
  • Cette spéculation ne correspond pas aux besoins de l’économie réelle. Des milliards d’euros (2000 milliards aux Etats-Unis) sont confisqués par ces fonds qui jouent sur le court terme et qui, dans la débâcle actuelle, vendent à fonds perdus… Privés de tout moyen d’action et de contrôle, les Etats sont également privés de ressources fiscales indispensables au fonctionnement des entreprises et des services publics. Cette évasion s’élève selon les estimations entre 100 et 150 milliards de dollars pour les seuls Etats-Unis.
  • Directement visées, les multinationales représenteraient 500 milliards de fuite de capitaux.
    L’une des pratiques courantes des entreprises réside dans la manipulation des « prix de transfert » : les multinationales revendent leurs produits à une filiale logée dans un centre off shore, sans profit, qui les revend ensuite dans le monde sans avoir à payer de taxes ni d’impôts. Ce procédé, qui permet de déplacer ses profits dans une zone détaxée, concerne selon l’OCDE 50% du commerce international.
Tous ces procédés ne servent en définitive qu'à détourner l'argent des Etats, donc à affaiblir les démocraties. C'est un prélèvement sur la vie de milliards de personnes aux seuls bénéfices d'une "élite" de riches spéculateurs et de CEO / PDG peu scrupuleux (cf les affaires Enron, Worldcom...), ainsi que dans une moindre mesure des affairistes, intermédiaires et traders qui s'occupent de ces opérations.
L'utilisation des paradis fiscaux est une composante de l'effilochage de la démocratie qui est un processus corrosif pour le maintien de nos Etats. Wendy Brown, dont on peut lire le récent Les Habits Neufs de la Politique Mondiale, utilise le terme de processus de dé-démocratisation.

Quelques sites à visiter régulièrement sur le sujet du blanchiment d'argent ou de l'évasion fiscale, désormais beaucoup plus visibles depuis que MM Sarkozy et Obama rivalisent de déclarations tonitruantes à leur encontre :
Update 29/02/2012 :


2008/11/14

Le Cloud Computing et le SaaS font la Une de l'économie


The Economist publie un très intéressant dossier entièrement dédié au sujet du cloud computing et du SaaS pour l'entreprise :
Bon je ne sers plus à rien alors maintenant que la presse économique part dans les nuages ?
Mais non rassurez vous, je vous concocte quelques billets particulièrement savoureux et totalement introuvables ailleurs ;) Le travail d'agitateur des consciences n'a jamais de fin.

Restez éveillés !


2008/11/10

Dilbert minute comic strip : le corporatisme mussolinien

Je suis fan de Dilbert (ca ne vous étonnera pas) ;)
Devinez ce que son PDG annonce lors de sa conférence de presse du 8/11/2008 ?



Par une coïncidence décidément inattendue, AIG vient de prendre 40 milliards de plus aux contribuables... Mark Thoma appelle cela le corporatisme mussolinien.

2008/11/01

Prises de conscience

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Voici 2 exemples de prise de conscience.

Le premier, signé Paul Jorion, est lié à l’économie actuelle, et je l’appelle “L’Europe de l’Est s’éveille à la crise”.

Le deuxième est consacré au marché immobilier actuel. Je ne peux m’empêcher d’avoir quelques doutes sur la véracité pleine et entière du témoignage, mais la n’est pas la question. C’est la démarche décrite et le délai de la prise de conscience qui sont intéressants : “Il m’a fallu trois semaines –trois pleines semaines- pour réaliser pleinement la portée de vos réflexions sur l’achat immobilier” (scrollez tout en bas de la page).

Une prise de conscience, c’est comme un changement d’orbite : ça requiert du temps, une impulsion initiale, de l’énergie entretenue, et l’état d’arrivée est sensiblement différent de l’initial.
Dave Droar résume très bien l’origine de cet état pensé de conscience, par opposition à un état passif :
This is an inevitable consequence of consciousness. A being with a mind, conscious of itself and its existence, experiencing a reality, needs to organise the data that it receives from its senses. Simply observing and recording does not allow for consciousness. It is what we do with that information that allows us to think. In order to process and store the vast amount of information received, the human brain attempts to identify patterns in the data; looking for the patterns behind what is experienced. This is asking questions of the sensory information, and requires reasoning. By definition a conscious mind seeks to know. Knowing something requires more than just data, but intelligence or reasoning applied to that data. To attempt to obtain knowledge we must therefore question the data our mind receives; thus, consciousness questions.