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2009/04/18

Bienvenue dans un nouveau monde

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Après un examen scientifique approfondi ordonné par la Cour Suprême en 2007, l'EPA (Agence de Protection de l’Environnement du gouvernement US) a conclu que les gaz à effet de serre contribuaient à la pollution de l'air (merci) mais surtout risquaient de mettre en danger la santé publique.


On peut s’attendre au pays des procès pour tasse de café trop chaude que cette décision ait un impact immédiat sur les gros producteurs de CO2. Il est donc crédible de penser que très bientôt une fourniture de service électronique sera choisie en fonction de son prix mais aussi en fonction de ses émissions de CO2. Dans cette course au moins polluant, et à la réglementation grandissante, le cloud computing industriel a 100 coudées d’avance sur les services d’exploitation des DSI.

Mais on peut aussi souligner que cette décision tombe au moment où les jours de l’industrie automobile privée aux US sont comptés : deadlines le 29 Avril pour Chrysler, et le 29 Mai pour General Motors : soit une reprise et une recapitalisation par une société étrangère, soit banqueroute puis nationalisation.

Les lobbys les plus puissants peuvent ainsi voir leur pouvoir disparaitre en quelques mois, c’est une leçon des temps agités que nous vivons. Les banquiers d’affaire et les PDG des 10 plus grandes banques mondiales devraient s’en inspirer pour montrer plus d’humilité, mais comme les dinosaures ils sont incapables de s’adapter à un changement qui remet en cause leur domination. Ils ne jugent n’avoir rien à gagner à une refonte du système financier international, et s’arque boutent pour ne rien changer (ce lien traite du G20 de novembre dernier mais s’applique aussi à celui d’Avril 2009). Mais ils n’ont pas compris qu’il ne s’agissait pas simplement d’attendre sur le dos des contribuables que la marée d’une récession passagère reflue : les digues du Mur Dollar sont rompues, et en restant sur place ils continueront à être noyés ou balayés, les uns après les autres. Hélas pour tous les autres habitants de la planète, leur inaction nous cause un énorme préjudice, et met en danger les systèmes sociaux en commençant par les pays économiquement les plus fragiles. Cette dimension d’impact universel, même quand la misère explose dans leur propre pays, n’entre absolument pas dans leur calcul de risque personnel qui se borne à faire payer aux contribuables leur renflouement, sans rien donner de leur pouvoir en échange.

Certains pourraient espérer que le gouvernement ne finisse enfin par entendre davantage les éclats de Mainstreet plutôt que les promesses rassurantes des banquiers de Wall Street. Mais si on s’inspire du timing de l’annonce de l’EPA sur les rejets de CO2, il est probable qu’une annonce comparable du Tresor US officialisant la volonté du gouvernement d’en finir avec les rejets de produits financiers toxiques interviendrait moins d’un mois avant la rupture consommée du système et de l’industrie financière internationale. Peut être encore politiquement à temps (et on peut en douter), mais certainement bien trop tard pour limiter la casse économique et sociale.

Autant il semble naturel de se préparer dès aujourd’hui à un mode de vie moins polluant, autant il doit être naturel de se préparer aussi à un monde économiquement très différent. Avec toutes les conséquences géopolitiques et sociales que cela implique.

2008/11/16

Les paradis fiscaux au cœur de la crise financière

Voici une synthèse éclairante par NovEthic des griefs reprochés aux paradis fiscaux.


Puisqu'on mesure mieux l'importance d'un sujet par des chiffres, cet article nous en procure à foison :
  • ils sont les 2ème détenteurs d’obligations d’état américaines
  • A elles seules, les îles Caïman occupent la 5ème place financière mondiale avec 80% des fonds d’investissement du monde, gérant plus de 1000 milliards de dollars d’actifs. Le même rang que celui occupé par la France…
  • ils abriteraient aujourd’hui 11 000 milliards de dollars d’actifs (5 fois le PNB de la France)) et 2,5 millions de sociétés écrans, échappant à la finance internationale légale
  • la moitié sont situés en Europe (Londres, Suisse, Luxembourg, Monaco, Lichtenstein, Andorre, Jersey...)
  • 4000 banques y « résident », tout comme les 2/3 des hedge funds (fonds spéculatifs)
  • « 50% des flux financiers transitent à un moment ou à un autre dans ces zones de non droits, détenues par des acteurs financiers en dehors de toute règle, poursuit Daniel Lebègue. Pas de banque centrale, pas de commission bancaire de surveillance, pas de contrôle. Personne ne sait quels sont ces actifs, où ils sont investis et quels sont les risques qui sont pris ».
  • Cette spéculation ne correspond pas aux besoins de l’économie réelle. Des milliards d’euros (2000 milliards aux Etats-Unis) sont confisqués par ces fonds qui jouent sur le court terme et qui, dans la débâcle actuelle, vendent à fonds perdus… Privés de tout moyen d’action et de contrôle, les Etats sont également privés de ressources fiscales indispensables au fonctionnement des entreprises et des services publics. Cette évasion s’élève selon les estimations entre 100 et 150 milliards de dollars pour les seuls Etats-Unis.
  • Directement visées, les multinationales représenteraient 500 milliards de fuite de capitaux.
    L’une des pratiques courantes des entreprises réside dans la manipulation des « prix de transfert » : les multinationales revendent leurs produits à une filiale logée dans un centre off shore, sans profit, qui les revend ensuite dans le monde sans avoir à payer de taxes ni d’impôts. Ce procédé, qui permet de déplacer ses profits dans une zone détaxée, concerne selon l’OCDE 50% du commerce international.
Tous ces procédés ne servent en définitive qu'à détourner l'argent des Etats, donc à affaiblir les démocraties. C'est un prélèvement sur la vie de milliards de personnes aux seuls bénéfices d'une "élite" de riches spéculateurs et de CEO / PDG peu scrupuleux (cf les affaires Enron, Worldcom...), ainsi que dans une moindre mesure des affairistes, intermédiaires et traders qui s'occupent de ces opérations.
L'utilisation des paradis fiscaux est une composante de l'effilochage de la démocratie qui est un processus corrosif pour le maintien de nos Etats. Wendy Brown, dont on peut lire le récent Les Habits Neufs de la Politique Mondiale, utilise le terme de processus de dé-démocratisation.

Quelques sites à visiter régulièrement sur le sujet du blanchiment d'argent ou de l'évasion fiscale, désormais beaucoup plus visibles depuis que MM Sarkozy et Obama rivalisent de déclarations tonitruantes à leur encontre :
Update 29/02/2012 :


2008/11/10

Dilbert minute comic strip : le corporatisme mussolinien

Je suis fan de Dilbert (ca ne vous étonnera pas) ;)
Devinez ce que son PDG annonce lors de sa conférence de presse du 8/11/2008 ?



Par une coïncidence décidément inattendue, AIG vient de prendre 40 milliards de plus aux contribuables... Mark Thoma appelle cela le corporatisme mussolinien.

2008/10/16

Guerre financière : Offensive de l’Europe

image Un des signes évidents de la dimension historique de la crise actuelle est la reconfiguration accélérée des alliances géo-stratégiques, que nous avons commencé à évoquer.
La semaine dernière l’Islande s’est tournée vers la Russie, désormais premier producteur mondial de pétrole brut devant l’Arabie Saoudite;
Puis l’Angleterre a nationalisé ses principales banques, agissant de manière opposée au Plan Paulson des USA, et contrariant des décennies de politique d’acquiescement à Washington.
24 heures plus tard c’est toute l’Europe qui prenait ce chemin des politiques de nationalisations préventives. Même la Suisse est maintenant passé à l’acte avec le plan gouvernemental de sauvegarde forcée de UBS, au grand dam des patrons de ces banques.
Et aujourd’hui c’est l’annonce attendue de l’Europe unie de s’engager vers Bretton Woods III avant la fin de l’année 2008 (!), mettant ainsi un terme effectif à toute allégeance envers la domination financière unilatérale des Etats-Unis. Même l’Italie de Berlusconi se joint au mouvement, ce qui est encore un signe d’isolement politique et diplomatique actuel des Etats-Unis.
Je parle bien de Bretton Woods 3 et non pas la politique financière internationale dite Bretton Woods 2 et qui existe déjà de manière informelle depuis 1995.
Les déclarations européennes n’y vont pas par 4 chemins, notamment sur les paradis fiscaux:
Treatment of tax havens such as the Cayman Islands and Monaco may be overhauled as part of any new global financial framework, Sarkozy said.
``It will be part of discussions Saturday in Washington,'' the French leader said. ``Will we continue to work with tax havens? It's a valid question. We've passed into a new era. It's a question we'll put on the table and immediately.''
Il ne s’agit rien de moins que de mettre sous un contrôle effectif national et régional les 30 plus grands banques du monde. Goldman Sachs, la chasse gardée de Paulson, ayant récemment acquise le status d’établissement bancaire, devrait normalement faire partie de la liste.
Cette demande de contrôle renforcée contraste avec l’attitude de AiG qui cherche à diminuer les volontés régulatrices sur le marché des crédits hypothécaires.
Le rendez-vous du 18 octobre entre messieurs Bush, Sarkozy (président du conseil européen pour 6 mois) et Barosso (président de la Commission Européenne) sera bien interessant à suivre.

2008/10/15

bourses et devises : petit bilan sur 3 mois

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Le Wall Street Journal nous propose une belle carte pour comparer les évolutions des marchés et des devises de certains pays au cours des 3 derniers mois. A voir vite, la carte risque de ne pas être à jour très longtemps à propos des codes couleurs.
Je suis régulièrement les index boursiers d’autres pays (Maghreb, Israel, Luxembourg…). J’en profiterai pour vous ajouter quelques screenshots complémentaires ce soir lors d’une mise à jour de ce billet.
Mise à jour :
Irlande :
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Luxembourg :
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Suisse :
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Belgique :
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Hollande :
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Danemark :
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Malaisie :
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Singapour :
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Hong-Kong :
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Taïwan (sur 1 an) :
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Maroc :
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Egypte :
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Tunisie :
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Israël :
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2008/10/14

La guerre financière entre l’Europe et les USA

Pourquoi le plan Paulson ne faisait aucune mention précise des banques à qui le Trésor achèterait les titres dépréciés ?
Pourquoi, alors que le Congrès a été tellement pressé de rendre une décision, l’utilisation précise de ces fonds n’avait toujours pas été communiquée, malgré la descente aux enfers de la semaine dernière ?
Pourquoi l’Europe vient d’adopter un plan très différent du plan Paulson, où les états investissent dans les banques mais ne rachètent que très peu leurs titres dépréciés ?
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Pourquoi dans la foulée de l’annonce européenne le Trésor US utilise enfin une bonne partie des fonds (250 des 700 milliards), mais justement pas pour simplement racheter des titres douteux ?
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Un élément de réponse avec un extrait de cet article :
Europe 'forced our hand'
The Treasury's plan would help the United States catch up to Europe in what has become a footrace between countries to reassure investors that their banks will not default, or that other countries will not one-up their rescue plans and, in so doing, siphon off bank deposits or investment capital.
"The Europeans not only provided a blueprint, but forced our hand," said Kenneth Rogoff, a professor of economics at Harvard and an adviser to John McCain, the Republican presidential candidate. "We're trying to prevent wholesale carnage in the financial system."
On pourra également lire celui-ci, beaucoup plus incisif sur le rôle de “Paulson et ses copains”, dont Georges Ugieux avait fait quelques allusions à demi-mot.
En définitive, avec l’euphorie des bourses depuis hiers, est-ce que la situation du crédit interbancaire s’est améliorée ?
S&P 500 Financial Index : un peu mieux mais ca demande confirmation !image
Indice de volatilité : bonne orientation mais encore très loin de la normale
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idem pour le JPM G7
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par contre ca n’est pas la même histoire pour le TED Spread : un “haut plateau permanent” ?
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USD swap OIS 3 mois…
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… et Libor USD 3 mois
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La différence entre le Libor et le swap OIS stagne également, à une valeur stratosphérique.
Reste le spread CP A2/P2 – AA, mais la Reserve Fédérale n’a pas encore mis à jour les données pour la journée du 13…
En conclusion, je dirai qu’on a plutôt affaire depuis hier à un rebond technique des bourses, et que beaucoup de choses doivent encore se jouer en coulisses.
Mise à jour :
Mish et Roubini ont annoncé quelques heurs après eux aussi la fin du rally (hausse technique des bourses).
Mise à jour 2 :
La Fed a MAJ les données du spread Discount Rate : il n'y a pas de valeurs données pour la journée du 13/10 dans les archives (pourquoi donc ?), et pour le 14 on a toujours des valeurs à 30 jours extrêmement élevées :

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2008/10/12

La transparence des marchés financiers

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Christian Fauré réagit à une question posée à Georges Ugieux sur la mise à disposition publiques des transactions boursières. Cette proposition de mettre en oeuvre une ouverture des données des marchés financiers pourrait-elle résoudre la crise actuelle, au moins faire qu’elle ne se produise plus ? 

Trois points sont importants à considérer, au-delà de la faisabilité technique qui est certainement le point le plus facile de l’affaire :
  • la connexion immédiate avec le domaine du politique, comme le disent d’emblée Christian et également Ugieux
  • le fonctionnement des marchés qui repose intrinsèquement sur une asymétrie d’informations entre les acteurs, comme le dit en commentaire Aleph187b
  • le fait que la crise financière s'est maintenant doublée d'une crise monétaire aux implications encore plus exacerbées dans la vie des habitants (regardez ce qui se passe en Islande)
Pour commencer soulignons que l’asymétrie pourrait perdurer dans les marchés intradays si les données sont publiées et entièrement analysées quotidiennement. De plus certains marchés de gré à gré (par exemple les règlements-livraisons de valeurs mobilières) ne font pas du tout l'objet d'un marché coté et auraient pourtant tout intérêt à être bien mieux publiquement contrôlés qu'ils ne le sont aujourd'hui.
Concernant l'asymétrie d'informations, elle a été démontrée par les travaux de J. Stiglitz depuis près de 20 ans, mais qui sont toujours ignorés par les tenants de l'ancienne théorie du marché “pur et parfait” et de sa main invisible qui dirige le marché.

Cette fameuse main d’Adam Smith m’a toujours fait sourire car finalement elle existe bel et bien, mais elle n’est pas du tout invisible : elle est simplement occultée. Ecoutez par exemple la fin du témoignage de Georges Ugieux, ancien directeur de la bourse de New York, si vous voulez vous en convaincre sur un exemple très actuel. On est bien loin du conspirationisme ou théorie du complot dont la simple évocation est prompte à discréditer son auteur. C’est bien ici la connexion avec certains hommes politiques dont il s’agit, à ne pas confondre avec le domaine politique que soulignait Christian. On pourra aussi relire à ce propos mon billet récent à propos des marchés financiers et poursuivre par les ouvrages de Stiglitz qui détaillent fort bien les ressorts à l’oeuvre dans le scandale Enron.

Georges Ugieux parle également d’idéologie (ici des Républicains), mais les faits des dernières semaines montrent bien que pour ces dirigeants il ne s’agit que d’un apparat de bonimenteur dont on se défait dès que l’appât du gain personnel (terme encore employé par Ugieux) inspire une autre orientation. J’évoque par là la vague sans précédent des nationalisations aux US et des limitations imposées aux marchés, qui ne sont d’ailleurs certainement pas terminées.

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  Cette prise de conscience se diffuse de plus en plus largement dans notre société. Encore une fois les faits, signaux d’alertes et les dangers étaient pourtant largement disponibles depuis longtemps. Georges Ugieux parle ainsi de la prise de conscience que les marchés financiers ne peuvent pas s’auto-réguler. Stiglitz l’avait déjà démontré en détail depuis 10 ans, à partir de l’analyse de la dérèglementation des marchés de l’énergie par exemple. Mais sa voix et celles de nombreux autres, si elles ont été entendues, n’ont pas pu être comprises par notre société qui préfère les (dé)considérer comme des Cassandre, puis les oublier, ou du moins les tenir à un niveau sonore suffisamment faible pour ne pas avoir à se remettre en question. On ne se rappelle d’eux qu’au moment du désastre collectif.

Tout se passe comme si une société humaine n’aimait pas avoir à se transformer par un acte de volonté propre et par anticipation : elle préfère y être précipitée. C’est la diffusion, la maturation de ce type de connaissance dans la conscience sociale qui en filigrane m’intéresse particulièrement dans ce blog, car elles mettent en évidence les freins que l’on s’impose ou que l’on accepte.

2008/10/06

L’Europe face à la crise financière

Ce week-end a été l’occasion d’une mise en évidence des disparités des réactions en Europe face à la crise financière et économique qui frappe désormais notre continent de manière évidente, comme en témoigne le crack de ce lundi mais surtout l’évolution depuis 15 jours de la parité euro-dollar :

La réaction des gouvernements en Europe est d’abord partie de la périphérie, hors de la zone Euro :


La preuve à charge contre les marchés des produits dérivés

Je viens de retrouver un document rédigé en 2003 au titre évocateur : "Securitization post -Enron". Bien que le contenu soit complexe à déchiffrer, il me parait important de comprendre que les questions de droit, de fair-use en matière de marchés des produits dérivés, ont fait l'objet d'un important débat notamment à la suite des manipulations financières lors du scandale Enron.
Cette affaire avait marqué les esprits certes par la taille de la faillite, mais certainement aussi par le fait que des milliers d'Américains y avaient perdu leur retraite. A l'heure où plusieurs fonds de pension (financant les retraites par capitalisation) donnent des signes inquiétants de faiblesse, je vous livre la conclusion de l'auteur du document :
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La preuve à charge que vous reclamiez, Mr Scharcz, pour pouvoir chercher à limiter ou restreindre les marchés des produits dérivés vient de vous exploser à la figure. Dommage que nous en fassions tous les frais.
Dans l’affaire Enron tout comme dans l'utilisation des instruments dits “Special Purpose Vehicles” (SPV) utilisés dans les marchés dérivés, on retrouve encore les jurisdictions de complaisance que sont les paradis fiscaux.
Une autre clé pour comprendre et régler cette crise se trouve dans les règles comptables pour les produits dérivés, FASB 157 et IAS 39 en particulier. Le plan Paulson 2 l'a bien compris en favorisant la mise en oeuvre de la fair-value. sans attendre l'aval de l'IASB, régulateur comptable.

2008/10/03

Le Plan Paulson 2 accepté !

La nouvelle est tombée il y a quelques minutes... maintenant commence le plus dur : se servir de ce plan pour restaurer la confiance auprès des marchés financiers. Et la maintenir.

Source : Forbes

2008/09/26

La bulle des CDS se dégonfle


Voilà un article d'aujourd'hui de l'AGEFI qui vient à point pour apporter de l'eau à mon article précédent : "Le marché des dérivés de crédit se rétrécit pour la première fois".

On y apprend notamment que le montant des CDS a culminé à 62 045 milliards de $ fin 2007, et qu'il a chuté de 12% au premier semestre 2008.

Les autorités réclament rapidement plus de régulation sur ce marché, c'est bien de se rendre compte qu'un marché non régulé ne peut pas exister longtemps, mais c'est un peu tard pour prendre ces mesures. La désintégration du marché des produits "sécurisés" sur la dette s'est étendue à l'étage supérieur du marché des CDS, et l'annonce dans divers pays des récessions du PIB, les débuts de hausse du chomage, montrent que l'impact atteint déjà aussi l'économie réelle.


2008/09/25

La finance aux pieds d'argile (Dérives économiques Partie II)

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La finance était, uniquement par les volumes brassés, un géant. 

Mais un géant aux pieds d’argile, comme le montre l’image ci-dessous :



L'étage jaune correspond aux liquidités de l'économie réelle, tangible, basée sur des produits physiques et matériels ou des prestations intellectuelles : ce sont des billets et des pièces.
L'étage violet est constitué des liquidités associées aux comptes chèques, cartes de crédit, cartes prépayées...

L’étage vert correspond notamment aux fameux CDO qui repackageaient les prêts hypothécaires Subprimes.
Les liquidités de l’étage rouge est constitué des CDS (Credit Default Swaps), futures et options. Les CDS, bien que représentant une petite partie de cet ensemble, ont grandi à une vitesse exponentielle, jusqu’à dépasser 50 000 milliards de $ !


2 raisons à cette croissance démesurée :
  • Banking regulations and the lack of funding requirements for CDS: Banks are required by law to hold a certain amount of capital for loans they make - about 8 cents for every dollar in principle, but there are a number of loopholes that allow it to be less for certain types of loans. But there are very limited capital requirements for CDS, so banks and other CDS market participants can take on much more credit exposure through CDS than they could directly.
  • A loan must be funded: If you lend someone some money, you have to borrow it or use your own capital. However, if you take on the exact same risk through a CDS transaction, there is no need to put up any money, provided your counterparty will accept your credit risk.
For both these reasons, hedge funds have been large participants in the CDS market, because through credit default swaps the funds can take on much more risk (and receive much more in premiums) than their modest cash reserves would normally permit.
L’appât du gain immédiat et la rapacité a entraîné une prise de risque collective du secteur financier. Tant que je te fais confiance, ca va bien pour nous deux :


Mais les défauts de remboursements des prêts, dans l’économie réelle aux pieds du géant, a anéanti l’étage vert, et la détérioration actuelle des réserves des banques menace maintenant dangereusement l'équilibre mondial de l’étage rouge. Son poids économique est tel qu’on parle de risque systémique (y compris les plus hautes autorités), car son écroulement peut emporter le système bancaire dans son ensemble.

Les banques d’investissement indépendantes ont disparues avec l’étage vert, les prochaines victimes se compteront dans les rangs des hedges funds, puis des banques commerciales. Tout l’enjeu des financiers est maintenant de placer très rapidement des étais pour éviter que les défauts de paiement et de contrepartie de risques provoqué par les faillites en série n’emporte la plupart des établissements en cascade. Chaque banque qui tombe laisse plus de poids à porter aux autres, ainsi qu’en bout de chaîne aux investisseurs particuliers.

Sources :

2008/09/23

Le Conseil Européen demande devant l’ONU des sanctions contre le désastre financier

Nicolas Sarkozy prononcera un discours aujourd’hui à l’ONU, en tant que président en exercice et représentant du Conseil Européen.
“Il faut pouvoir expliquer qui est responsable du désastre et que ceux qui sont responsables soient sanctionnés et rendent des comptes”.

Source : Challenges.fr

2008/09/22

l’URSS a gagné la guerre froide

…et elle étend désormais son modèle économique à tous les pays de l’Ouest. Il est donc maintenant interdit de vendre à découvert les actions de nos camarades financiers.
En tout cas, si vous aviez des interrogations sur les actions à acheter-acheter-acheter toujours parce que la divine main invisible du marché pur et parfait les rend infaillible, on vous simplifie le choix.

2008/09/20

La finance en coma dépassé

Depuis le 15 Septembre, l’un des principaux thermomètres de la santé financière mondiale crève tous les plafonds historiques d’alerte.
Il s’agit de la différence entre les taux d’intérêts du papier commercial US adossé aux assets les plus risqués (dits “"A2/P2 non financiers”, ce sont les obligations émises par des entreprises notées entre A3/A- et Baa2/BBB) et celui adossé aux assets les plus solides (AA non financiers).
Cette différence (spread) est l’image de la confiance que les marchés financiers accordent aux fameux CDS, CDO etc. Habituellement très stable et à des niveaux faibles, cette différence a connu des soubresauts historiques depuis debut 2007. Toutes les grandes annonces des banques centrales depuis le debut de la crise ont été diffusées au moment où cet indicateur accusait une fièvre soudaine, tout comme on augmenterait les doses d’antibiotiques pour traiter une septicémie. Les marchés ont été à chaque fois inondés de nouvelles liquidités pour éviter que le niveau de méfiance trop fort ne bloque tous les emprunts entre banques (crédit crunch).
Le graphe suivant parle de lui-même, la température n’est jamais redescendue complètement, et la gangrène continuait à répandre son infection. Aujourd’hui la finance US est en coma dépassé :


Malgré les mesures annoncées jeudi par la FED et la BCE (voir l'article de l'AGEFI), la journée de vendredi 19/09 a vu continuer la progression spectaculaire de cet indice.

D’autres indicateurs similaires, ici le TED spread, présente la même alerte. Il mesure la différence entre le taux Libor 3 mois et celui des bons du Trésor de même échéance. Il avait dépassé les 200 points de base au plus fort des tensions de liquidité, fin 2007 :

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Historique des valeurs sur une période glissante :




Sources :
http://www.agefi.fr/articles/article.aspx?id=1051293
http://www.federalreserve.gov/releases/cp/  [La FED ne publie plus depuis fin 2010 sur cette page de graphique représentant l'historique des données pour le CP, il faut telecharger les historiques pour reconstruire soi-même les courbes ; encore une fois, quand un indicateur est pertinent, on le diffuse le moins possible :(
Le système FRED diffuse le graphique de l'historique des taux du CP "AA non financial", mais pas celui pour la catégorie A2/P2 ni le spread qui nous interesse ;
Shadowstats ne diffuse que les graphiques des stocks, pas ceux des taux]
http://www.bloomberg.com/quote/!TEDSP:IND#
http://www.crystalbull.com/stock-market-timing/TED-Spread-chart/
http://www.wikinvest.com/rate/TED_Spread


Mise à jour le 22/09 : 
Trader's Narrative nous fait part d'un autre indicateur en péril : le taux des bons du Trésor US à 90 jours, illustré ci-dessous ou sur Yahoo Finance)


Historique de ses valeurs sur 2 ans glissants :