2013/06/25

The Imperium Curse

This text is strongly based on "The Finance Curse" article, published by Tax Justice Network. The original article shows that countries hosting oversized financial services can suffer big damages on their economic growth and development like oil-rich nations (the well-known resource curse), and often for similar reasons.
Our goal here is to illustrate another similar fate for countries relying upon imperialist ideology.

The most relevant part is the way citizens in UK have organized themselves into lobbying groups for better understanding the underlying problems around tax evasion, oversized financial services in their own country, and have sustained since years the debate on deep political reforms (in UK and elsewhere), with more and more success. 
It is my hope that U.S. citizens will continue to organize themselves into lobbying groups for understanding the underlying problem around the real current state of civil liberties, oversized military and intelligence services in their own country, and will be able to grow successfully the debate on deep political reforms. 

This counter-revolution in ideas will not save everybody but it could save the most, and that's why the quicker is the better.

The Imperium Curse

A "resource curse" affects certain mineral- and oil-rich nations damaging their economic growth and development. Many countries receiving large windfalls from their mineral resources fail to harness them for national development - and it can be even worse than that: many countries seem to be 'cursed' by their minerals in the form of higher poverty, more conflict, greater corruption, steeper inequality, greater authoritarianism and slower economic growth than their resource-poor peers.
The Finance Curse, a May 2013 e-book by Nicholas Shaxson, author of Treasure Islands, and John Christensen, Director of the Tax Justice Network, shows that countries hosting oversized financial services can suffer similar fates, and often for similar reasons. 
We have discussed in this text that an "Imperium Curse" is also existing for the U.S., and shown that a country hosting oversized military and intelligence services is suffering similar fates, and for similar reasons. 
Our work, complementing a number of other studies, argues that oversized military and intelligence sectors harm their host countries by, among other things:
  • weakening long term growth and social development;
  • acting like cuckoos crowding out productive, sustainable industrial sectors;
  • exaggerating and routinely overstating their social contribution to gain distorting government subsidies (a.k.a. military Keynesianism), lax democratic regulation and influence crucial political decisions;
  • playing a key role in creating a “spider's web” of (para-)military groups and secret prisons;
  • capturing whole political systems, leading to authoritarianism; and
  • generating and extracting unproductive and harmful economic ‘rents’ (the business sector collusion with powers known as a typical figure of fascism).
Every economy needs its defense forces, and for decades (neo-)conservative ideology generally held that bigger is better. But since the recent global war to terror emerged new research from Pr. Chalmers Johnson, Pr. Peter Scott Dale, Dr. Paul Craig Roberts or leaks from Bradley Manning, Edward Snowden and many others, has shown that defense sector development is healthy only up to a point, after which it starts to turn bad and harm growth and democracy.
The Imperium Curse is summarised in the term "Country Capture" which involves both the political capture of military-dependent economies by military and intelligence services interests, plus the economic capture of whole economies as the defense sector crowds out other sectors. The studies shows not only that the gross 'contribution' of military and intelligence services that is widely reported in media articles (i.e. the 'national security' argument) is usually much smaller than advertised: but once the range of harms flowing from having oversized military and intelligence sectors is taken into account, the net 'contribution' is strongly negative.

#PRISM: voir avant, voir après

 J'ai eu le plaisir d'animer une session jeudi 20 à 13h lors de la dernière conférence Pas Sage en Seine 2013 (PSES2013), à propos de l'affaire #PRISM.

"Anticiper #PRISM et anticiper la suite de l'histoire : Le geste politique d'Edward Snowden avait été correctement anticipé dans un contexte de montée en puissance de l'hacktivisme aux U.S. Nous discuterons de l'utilisation de la méthode de l'anticipation politique pour cette analyse, et ce qu'elle nous apprend pour la suite de la transformation socio-politique en cours aux U.S."

Vous pouvez retrouver son enregistrement vidéo ici, et le support que j'ai utilisé ici. Il est diffusé sous CC BY SA. (Le micro ne fonctionnait pas toujours très bien, désolé pour la qualité du son.)

Un point important que l'on n'a pas abordé lors de cette session: l'implication du GCHQ et l'impact de cette information sur la politique intérieure du Royaume-Uni et sa relation avec l'Union Européenne.

2013/06/20

Yves Cochet et la conscience sociale

L'Institut Momentum est depuis 2011 un groupe de réflexion sur la décroissance, dans un contexte de crise écologique globale. Yves Cochet en est l'un des acteurs les plus connus. 

Le 28 septembre dernier, il a animé un séminaire où l'on trouve ceci (pdf p9) :

"La totalité des rapports sociaux entre humains est fondée sur une interaction cognitive (l'interaction spéculaire) qui émerge nécessairement lorsque des individus se rencontrent et qui constitue simultanément leur être-au-monde par une boucle incessante entre l'individu et son environnement. L'être humain est tout à la fois modelé par le monde qui lui préexiste et modélisateur du monde par les actions qu'il entreprend. Certes, comme chez Girard, cette boucle est alimentée par l'imitation mais, dans la spécularité, cette imitation est aussi bien imitation du même qu'imitation de la différence, mimésis duplicative et mimésis différentielle. La spécularité concerne les entrecroisements des représentations du monde que chacun élabore progressivement dans l'intersubjectivité avec autrui et avec les tiers. L'enfant (et l'adulte !), doté de cette faculté de modéliser le monde, apprend aussi bien à imiter les autres qu'à s'en distinguer. Il possède ainsi un ensemble de représentations du monde, notamment une représentation de lui-même aux yeux des autres (les autres sont nos miroirs, ce qu'indique le qualificatif "spéculaire"). Au sein d'une communauté humaine, chacun étant placé dans la même position que les autres, la mimésis duplicative tend à rapprocher les représentations du monde des uns et des autres, en particulier la représentation que les autres ont de ma représentation du monde, de telle sorte que les réactions des autres à mes gestes ne soient pas imprévisibles, voire dangereuses. La mimésis duplicative tend à unifier ainsi la communauté autour de valeurs, de principes et de comportements communs. Dans le même temps, la mimésis différentielle (le principe de distinction, eut dit Pierre Bourdieu) garantit la diversité sans laquelle l'indifférenciation contagieuse créerait un chaos social de purs rivaux, une violence générale dans la communauté, « la guerre de tous contre tous » écrivait Thomas Hobbes. (Y. Cochet in Entropia 13, 2012) Une des modalités de l’interaction spéculaire est la contagion par la mimésis duplicative, c’est-à-dire l’imitation mutuelle massive au sein d’un groupe." 

Cette interaction cognitive est une des composantes essentielles de ce que j'appelle la conscience sociale

La suite du séminaire traite de l'effondrement systémique mondial. Si les relations schématisées sont intéressantes à explorer, je ne suis pas en accord avec tous les points expliqués, pour deux points essentiels et incontournables:
  • 1) le système monde ne se modélise pas de manière homogène, il faut impérativement rajouter une dimension géospatiale. Les premières conséquences de la crise apparue en 2007 ont bien mis en évidence la dislocation géopolitique mondiale, mouvement à contre pied de la globalisation.
  • 2)  il faudrait très fortement nuancer l'hypothèse "Au sein d'une communauté humaine, chacun étant placé dans la même position que les autres". A la dimension géospatiale je propose de rajouter une dimension d'"empreinte sociale". Cette empreinte est le fruit des nécessaires rapports humains que nous devons tisser et entretenir. C'est une mesure du tissu collectif. Il a peu de choses à voir avec la densité de population, mais davantage avec la densité des rapports humains pour entretenir le collectif et notre rôle dans ce collectif. Cette empreinte sociale est le facteur clé qui détermine si un collectif trouve une solution à sa survie. Pensez à une catastrophe qui se produirait dans une région habitée par les touaregs nomades, et une catastrophe, touchant au départ le même pourcentage de la population, cette fois à Los Angeles par exemple. Où se trouve l'empreinte sociale la plus forte ?
Cette empreinte sociale est aussi un produit lentement accumulé par la culture d'un peuple. C'est pourquoi les peuples anciens méritent toute notre attention, en plus de notre respect.
C'est aussi la raison pour laquelle l'anticipation concernant la zone euro est défaillante dans le cas de Paul Jorion (reprise par Y. Cochet dans ce séminaire). Il ne peut y avoir ici de bonne anticipation sans la dimension politique.

2013/06/18

Le marché des Bons du Trésor US, 2013 Q1

La dernière mise à jour le 14 juin des montants des investissements dans les Bons du Trésor US a apporté son lot de petites surprises. Ce marché est rapidement devenu depuis 1971 le point pivotal du système financier international, c'est pourquoi nous le suivons de très près pour vérifier la qualité de nos anticipations politiques.


Commençons par les obligations (US Treasury securities ou UST) détenues par les investisseurs étrangers à fin avril. On remarque tout de suite que entre mars et avril :
  • le montant total des Bons du Trésor US détenu par des institutions officielles étrangères, typiquement les banques centrales, dans le monde a baissé (For. Official passe à 4062.2 et précédemment 4090.7 milliards de dollar). Il faut remonter à 2006 pour constater un tel évènement :
Source: Bianco Research
  • les investisseurs dans les 38 pays (ou groupe de pays) possédant le plus d'UST ont tous réduit leur exposition aux Bons du Trésor US (somme des investisseurs privés comme les hedge funds, et des investisseurs officiels), à l'exception des pays suivants: exportateurs de pétrole hors Russie; UK; Irlande; France; Turquie; Australie; et dans une mesure beaucoup plus faible: Colombie; Afrique du Sud. Les medias chinois en parle. On voit ici nettement la sphère d'influence anglo-américaine et les effets de la guerre monétaire sur l'Australie, mais que fait donc la France dans ce lot? 
  • inévitablement, le montant total des Bons du Trésor US détenu par les investisseurs étrangers dans le monde a baissé (Grand Total passe à 5670.8 et précédemment 5740.4 milliards de dollar)
Certains "analystes" ont expliqué ces mouvements de vente par le fait que les taux des Bons du Trésor avaient grimpé. Or regardons ci-dessous ce qu'il en est: les dates ne concordent pas, les taux ont monté à partir du 30 Avril seulement.
Evolution du taux de l'obligation à 10 ans entre 2012-12-14 et 2013-06-14

Evolution du taux de l'obligation à 10 ans avec mise à jour quotidienne sur un an glissant

Mais au fait qui donc a acquis ce qui a été vendu ? Forcément les investisseurs domestiques US. Notamment la Fed :
Mise à jour hebdomadaire

Les données FoF sont publiées trimestriellement, donc il va falloir attendre le Rapport Q2 pour avoir plus de détail. Le Q1 vient juste d'être publié. A ce sujet, on remarque autre chose d'intéressant sur la détention des UST:

Source: Flow of Funds Report 2013 Q1, table L.209

Regardez la ligne 39. Brokers and Dealers: les plus grosses banques du marché primaire des UST ont tranquillement écoulé 18% de tous leurs avoirs en UST au premier trimestre... avant la moindre remontée des taux longs, donc avant la baisse du prix des UST. Belle opération... pour eux! Pour l'explication de ce que ca pourrait bien cacher, (re)lisez d'abord l'épisode précédent: Operation Deceit.

Il faut bien comprendre que des taux d'intérêt des UST qui ne seraient pas manipulés "contrôlés" grimperaient en flèche, ce qui signerait l'arrêt cardiaque de l'économie financière US. La perspective de ne plus pouvoir assurer le service de leur dette publique ou le renouvellement du financement de leur dette (risque lié au "rolling" des UST court terme) les oblige à un seul chemin: le contrôle toujours plus marqué sur les taux longs. Ce contrôle permet aussi par leur baisse régulière d'assurer des plus-values régulières aux investisseurs, et donc de retenir les derniers acheteurs encore sur ce marché (à part la Fed).

Dernière innovation à attendre en la matière: les Bons du Trésor à taux variable (Treasury Floatting-Rate Notes ou FRN). L'objectif la aussi est d'échanger les UST à taux fixe encore dans les mains des investisseurs par des UST à taux variable. On sent là une gestion tout à fait saine du risque systémique. Ou comment élever des termites dans la poutre du faîte de votre toît.
Les prochaines interviews des gestionnaires de fonds à ce sujet: "Une excellente opération on vous dit. Mais oui, sans risque (pour moi), pensez-donc. Il n'y a que des avantages. Tenez on a même pensé à protéger votre taux si le taux de référence 13-week UST devenait négatif."